De son côté, le ministre français de la Défense a précisé que le désengagement – qui se poursuivra dans les semaines et les mois qui viennent – sera « progressif, sécurisé et pragmatique ». S'exprimant devant les députés, lors de la séance des questions au gouvernement, Jean-Yves Le Drian a par ailleurs ajouté qu’il subsistera au Mali une force de mille militaires – une force permanente – pour lutter contre le terrorisme.
Opération Serval : bilan humain et matériel
Au total, ce sont 400 jihadistes qui ont été tués, soit un quart des effectifs, selon des informations recueillies par RFI. L’élimination d’un seul chef - Abou Zeïd – a été confirmée. L’armée française assure avoir fait 26 prisonniers, dont 8 mineurs qui ont été remis à l’Unicef. Depuis le début de l’opération Serval, on compte, au total – en incluant les jihadistes capturés par les Maliens – une centaine de prisonniers.
Côté matériel, l’ennemi a perdu une centaine de véhicules. Par ailleurs, dans l’Adrar des Ifoghas, des dizaines d’ateliers de fabrication de bombes artisanales ont été découverts, ainsi que des ceintures d’explosifs assemblées en série. 158 caches ont également été retrouvées ainsi que 90 tonnes de munitions ; 140 mitrailleuses ; 3 missiles portables Sol-air Sam 7 qui ne fonctionnaient plus ; des téléphones portables, des moyens radio, des ordinateurs, une imprimerie et des cartes SIM.
Beaucoup de ce matériel de guerre avait été récupéré dans les casernes de l’armée malienne ; assez peu d’armement provenait de Libye.
La plus grosse opération depuis 50 ans
La saison chaude va rendre les opérations françaises très difficiles. Cet engagement au Mali a été la plus grosse opération militaire nationale menée par l'armée française depuis 50 ans. Pour mener cette guerre contre le terrorisme, l'armée française doit s'adapter.
« Serval pourrait nous obliger à revoir notre manière d’opérer contre les jihadistes », laisse-t-on entendre au sein de l’armée française. « Serval fut une course contre la montre avant la saison chaude. Il a fallu être très mobile, ne pas dormir trois nuits au même endroit et prendre des risques », a ajouté la même source.
« Quand votre ennemi sait se camoufler et est équipé de puissants 4X4 V6 - flambant neufs - cela peut bousculer vos repères. Au final, pour les battre, il faudra peut-être leur ressembler », a confié à RFI une source militaire de haut rang avant d’ajouter : « Nous, nous avions besoin de 20 tonnes d’eau par jour, deux avions cargo (C-130) rien que pour ravitailler nos troupes… Ce n’est pas l’ennemi, mais la logistique qui a dicté notre manœuvre ».
Et cette même source d’assurer que « la force de frappe ne suffit pas ; c’est la capacité à cibler qui est primordiale », avant de conclure : « Au bilan, les drones français sont dépassés ; l’aide de l’armée américaine, après la prise d’otages d’In Amenas, en Algérie, a été déterminante ».
Ce qu’il reste à faire...
Lorsque les soldats français sont partis vers le grand nord du Mali, les objectifs étaient clairs, à savoir, frapper al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans son fief et trouver les otages. Mais au bout de trois mois d’opérations, les otages sont toujours introuvables. Après avoir passé au peigne fin la vallée d’Ametetaï, la vallée de Terz, le cirque du Tigharghar, la région d’Abeïbara ou encore la région du Timétrine – zones sanctuaires des jihadistes – l’armé française n’a pas trouvé de traces des otages français.
« Dans l’Ametetaï, nous avons pris beaucoup de précautions avant d’intervenir, car nous pensions que les otages étaient retenus là bas. Soit ils n’y étaient pas, soit nous sommes arrivés trop tard », a confié une source militaire française à RFI.
« Il ne faut pas penser "Mali" mais il faut penser "Sahel" et au-delà », a poursuivi un général français avant d’ajouter : « À présent, les groupes armés vont opérer à partir des autres pays de la région. Rien qu’en Libye, on compte près de 300 katibas. Nous avons fait parler les boitiers GPS des jihadistes. Résultat : des aller-retour, très fréquents, entre l’Adrar des Ifoghas et le Sud-Ouest de la Libye, en transitant par la passe de Salvador, au nord du Niger. Par ailleurs, les écoutes réalisées au début de l’opération, prouvent que les Chebab de Somalie avaient proposé leur aide à Aqmi », a confié le général français.
La Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma), est aujourd’hui composée de 6 300 soldats, à savoir des militaires de la Cédéao mais aussi des Tchadiens, passés sous la bannière Misma début mars.
La plupart de ces troupes se trouvent au sud du fleuve Niger. Un bataillon togolais est ainsi positionné à Sévaré, un bataillon nigérian à Banamba, au nord de la capitale. Trois compagnies, composées de Guinéens, Sénégalais et Béninois sont, quant à elles, déployées à San. Des Sénégalais - qui se trouvaient à Sévaré - ont été envoyés ces derniers jours à Gao. Les Burkinabés, eux, sont en route pour Tombouctou. Depuis peu, les Nigériens ont aussi pris le relais des Français, à Ménaka où seul un détachement de liaison, tricolore, a été maintenu. Les Nigériens à Gao et les Tchadiens dans l'Adrar des Ifoghas ont été - il faut le souligner - les seuls à avoir affronté, ces derniers mois, les jihadistes, au nord du pays, aux côtés des Français. Les soldats africains n'ont dans tous les cas pas vocation à continuer la chasse aux terroristes. Leur présence a pour objet, avant tout, de sécuriser les villes et interdire les infiltrations vers le sud. La Misma est déjà, en quelque sorte, inscrite dans une opération de maintien de la paix qui sera formalisée quand elle passera sous chapeau onusien. |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire