Quatre mois après le début de l’intervention française au Mali, le Parlement doit se prononcer, lundi 22 avril, sur la prolongation de l'opération Serval. Si ce vote apparaît comme une formalité - selon la Constitution, lorsque la durée d'une opération extérieure excède quatre mois sa prolongation est soumise à l'autorisation du Parlement -, il permet néanmoins de dresser un bilan de l’intervention française. Pour les rebelles touareg, implantés dans le Nord-Mali et en conflit ouvert avec le gouvernement de Bamako sur la question de l’autonomie de la région, l'aide française est une nécessité - sur le plan diplomatique notamment.
Entretien avec Moussa Ag Assarid, représentant en Europe du Mouvement national de libération de l’Azawad [MNLA].
Quel regard portez-vous sur l'opération militaire française au Mali?
Moussa Ag Assarid : Nous pensons que l’opération Serval a été salutaire. Elle a permis de repousser les djihadistes et, en cela, c’est une bonne chose. L’armée française a fait un travail remarquable.
Cependant, elle a également permis à l’armée malienne, que nous avions chassée du territoire de l’Azawad [Nord-Mali, NDLR] en 2012, de revenir dans le Nord. Or cette armée est déliquescente, elle ne respecte ni les droits de l’Homme ni les conventions internationales humanitaires. Avec l’aide de ses milices, l’armée de Bamako s’est livrée ces derniers mois à des exactions sur le territoire de l’Azawad - exécutions sommaires, tortures, pillages… Les populations à peaux claires (Touareg, Arabes ou Peuls) sont particulièrement ciblées par les soldats maliens. Nous ne nous sentons pas en sécurité.
Qu’attendez-vous de la France aujourd’hui ?
M. A. A. : En ce qui concerne la lutte contre les djihadistes, nous avons besoin de l’aviation française. Au sol, cependant, les étrangers ont assez donné. C’est désormais aux habitants de l'Azawad de lutter contre les terroristes. Mais une telle décision nécessite un accord politique avec Bamako et des garanties internationales. Nous comptons également sur l’aide de la France pour qu’elle prenne des positions claires et nettes par rapport aux exactions des soldats maliens et, sur le plan diplomatique, pour qu’elle fasse en sorte que Bamako accepte d’entamer des négociations avec nous.
Comme l’a dit le patriarche des Touareg iforas, Intalla Ad Attaher : ‘Amis français, vous avez quitté notre territoire en 1960 [lors de la proclamation de l’indépendance de la Fédération du Mali, NDLR] en le laissant dans un état insupportable - absence d’État, corruption, détournement d’aide internationale. Aujourd’hui, cinquante ans plus tard, vous revenez. Cette fois-ci, ne partez pas sans régler le problème de façon définitive pour nous permettre de vivre dignement sur notre territoire’.
Si la tenue d’élections en juillet prochain est confirmée, comme le souhaitent Paris et Bamako, prévoyez-vous de présenter des candidats ou bien de boycotter le scrutin ?
M. A. A. : Au-delà d’un détail pratique lié au climat [entre juin et août, la saison des pluies rend les routes quasiment impraticables au Mali], ces élections n’ont pas lieu d’être car c’est mettre la charrue avant les bœufs. Comment voulez-vous que le MNLA présente des candidats ? Nos électeurs sont en train de mourir sous les balles de l’armée malienne. Sans accord politique entre Bamako et le MNLA, les conditions pour organiser des élections responsables ne seront pas garanties.
Entretien avec Moussa Ag Assarid, représentant en Europe du Mouvement national de libération de l’Azawad [MNLA].
Quel regard portez-vous sur l'opération militaire française au Mali?
Moussa Ag Assarid : Nous pensons que l’opération Serval a été salutaire. Elle a permis de repousser les djihadistes et, en cela, c’est une bonne chose. L’armée française a fait un travail remarquable.
Cependant, elle a également permis à l’armée malienne, que nous avions chassée du territoire de l’Azawad [Nord-Mali, NDLR] en 2012, de revenir dans le Nord. Or cette armée est déliquescente, elle ne respecte ni les droits de l’Homme ni les conventions internationales humanitaires. Avec l’aide de ses milices, l’armée de Bamako s’est livrée ces derniers mois à des exactions sur le territoire de l’Azawad - exécutions sommaires, tortures, pillages… Les populations à peaux claires (Touareg, Arabes ou Peuls) sont particulièrement ciblées par les soldats maliens. Nous ne nous sentons pas en sécurité.
Qu’attendez-vous de la France aujourd’hui ?
M. A. A. : En ce qui concerne la lutte contre les djihadistes, nous avons besoin de l’aviation française. Au sol, cependant, les étrangers ont assez donné. C’est désormais aux habitants de l'Azawad de lutter contre les terroristes. Mais une telle décision nécessite un accord politique avec Bamako et des garanties internationales. Nous comptons également sur l’aide de la France pour qu’elle prenne des positions claires et nettes par rapport aux exactions des soldats maliens et, sur le plan diplomatique, pour qu’elle fasse en sorte que Bamako accepte d’entamer des négociations avec nous.
Comme l’a dit le patriarche des Touareg iforas, Intalla Ad Attaher : ‘Amis français, vous avez quitté notre territoire en 1960 [lors de la proclamation de l’indépendance de la Fédération du Mali, NDLR] en le laissant dans un état insupportable - absence d’État, corruption, détournement d’aide internationale. Aujourd’hui, cinquante ans plus tard, vous revenez. Cette fois-ci, ne partez pas sans régler le problème de façon définitive pour nous permettre de vivre dignement sur notre territoire’.
Si la tenue d’élections en juillet prochain est confirmée, comme le souhaitent Paris et Bamako, prévoyez-vous de présenter des candidats ou bien de boycotter le scrutin ?
M. A. A. : Au-delà d’un détail pratique lié au climat [entre juin et août, la saison des pluies rend les routes quasiment impraticables au Mali], ces élections n’ont pas lieu d’être car c’est mettre la charrue avant les bœufs. Comment voulez-vous que le MNLA présente des candidats ? Nos électeurs sont en train de mourir sous les balles de l’armée malienne. Sans accord politique entre Bamako et le MNLA, les conditions pour organiser des élections responsables ne seront pas garanties.
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