-
Mots-clés : touaregs, OFRWR, 20130424
par John Irish
PARIS (Reuters) - Les rebelles touaregs maliens du MNLA ont rejeté mercredi les appels lancés par la France pour qu'ils déposent les armes d'ici les élections prévues, en principe, avant la fin juillet, affirmant qu'ils se battraient jusqu'au dernier dans l'hypothèse où l'armée de Bamako pénètre dans des secteurs placés sous leur contrôle.
Mahamadou Djeri Maïga, vice-président du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touarègue), a déclaré que la France, l'ancienne puissance coloniale, se devait moralement d'obliger le gouvernement de Bamako à venir à la table de négociation pour forger un accord garantissant un cadre pour l'autonomie du Nord assorti de garanties internationales.
"A-t-on jamais vu un groupe désarmer avant la tenue de négociations ?", s'est interrogé le principal négociateur touareg devant l'agence Reuters.
Malgré des pressions françaises, rien n'indique à Bamako que des pourparlers soient sur le point de s'engager entre le gouvernement central et les séparatistes du MNLA, composé principalement de Touaregs.
Le pouvoir malien affirme pour sa part vouloir restaurer son autorité sur la région du Nord, désertique et le lieu de tous les trafics.
La venue annoncée du Premier ministre, Django Cissoko, à Kidal, bastion touareg situé dans le Nord-Est, a été reportée sine die en avril.
"Organiser des élections au moment même où l'armée malienne menace d'entrer à Kidal n'est pas réaliste", met en garde Maïga. "C'est une guerre qui est imminente, pas des élections. Si la France permet à l'armée malienne de nous attaquer à Kidal, nous nous défendrons alors jusqu'à la mort".
Les hommes du MNLA s'étaient emparés du contrôle du Nord-Mali, baptisé "Azawad" (ou "terre de pâturage", en tamachek, la langue touarègue), lors du soulèvement d'avril 2012. Ils ont été rapidement évincés par des insurgés islamistes mieux armés, dont des éléments d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), faisant craindre que cette région ne devienne une base arrière pour des attaques contre l'Occident.
"C'EST LA FRANCE QUI DIRIGE LE MALI"
Le 11 janvier, la France est intervenue militairement au Mali, brisant en trois mois la domination des djihadistes retranchés jusque dans leurs derniers refuges des montagnes du Nord.
Paris a arrêté un début de programme de rapatriement progressif de son contingent "Serval" (soit 4.000 hommes aujourd'hui), qui devrait être remplacé d'ici juillet par une force de maintien de la paix des Nations unies.
Le président français François Hollande insiste pour des élections -présidentielle et législatives- se tiennent au Mali selon le calendrier initial et pour des sources diplomatiques françaises, le MNLA doit aujourd'hui désarmer et se transformer en un mouvement politique.
"La France connaît notre position. Nous n'accepterons pas de désarmer sans un consensus entre nous et le gouvernement malien", explique Maïga, venu à Paris pour y rencontrer des parlementaires français. "Il faut nous montrer ce que nous obtiendrons demain et avec quelles garanties".
Il a ajouté: "C'est la France qui dirige actuellement le pays. Elle doit exercer des pressions sur Bamako".
Pour certains analystes, des élections bâclées pourraient semer les graines d'un nouveau soulèvement et d'un conflit Nord-Sud dans ce vaste pays enclavé et déshérité de la région sahélo-saharienne.
Soulignant ces tensions, un haut responsable malien a fait part à Bamako de son peu de confiance à l'égard du MNLA. "S'il ne désarme pas d'ici les élections, il nous faudra y aller et régler le problème".
Les Touaregs, réputés pour leurs connaissances du Sahara et leurs talents de guerriers, ont mené une série de soulèvements au Mali depuis l'indépendance de cette ancienne colonie française en 1960. Ils reprochent au pouvoir central de Bamako de les marginaliser politiquement, économiquement et culturellement et de les traiter durement.
Jean-Loup Fiévet pour le service français
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire