Mali : où sont passés les jihadistes ?
Après l'offensive éclair menée depuis le 11 janvier, le nettoyage forcené de l'Adrar des Ifoghas, les opérations se poursuivent au nord de Gao (photo AFP de soldats du 92e RI), sur la boucle du Niger et dans le nord-ouest désertique de la région de Taoudénit. Une question reste : que sont devenus les jihadistes ?
Des dizaines de jihadistes auraient fui le Mali dès le lancement de l'opération Serval. Ils auraient traversé le nord du Mali, puis le massif de l'Aïr dans le nord du Niger et le massif du Tibesti au nord du Tchad, avant de passer dans le sud libyen et même au Soudan et au Darfour pour certains.
Même phénomène à l'ouest où des combattants du MUJAO (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest) seraient retournés vers le Polisario et le Sahara occidental où ils sont en guerre avec le Maroc depuis les années 70 (lire la note sur la perméabilité entre AQMI, le Polisario et le Maroc). Des caches d'armes et des camps ont été trouvés par le passé.
Malgré le déploiement de l'armée algérienne au sud, on peut également estimer que des jihadistes ont pu s'infiltrer dans les 1 376 km de frontières désertiques.
Même Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l'ONU, a noté dans son rapport au Conseil de sécurité début avril que les gouvernements des pays voisins du Mali ont " soulevé de sérieuses inquiétudes quant au risque que les combats au Mali puissent avoir des retombées dans les pays voisins et contribuent à radicaliser les camps de réfugiés du Sahara occidental". " Une bombe à retardement ", pour le secrétaire général de l'ONU.
En fuite ou passés dans le camp touareg fréquentable
Au-delà d'un possible retour au Mali des jihadistes en fuite, on préfère rappeler que l'ennemi reste actif. Il est certes très affaibli avec des centaines d'hommes neutralisés par les armées française et tchadienne (ne les oublions pas ; ils ont lourdement payé en vies humaines leur engagement). Mais il survit dans le domaine du combat asymétrique, notamment par des attentats à Gao, Tombouctou et Kidal. C'est la menace principale au rétablissement de la paix et d'un processus de rétablissement politique au Mali.
On ajoutera que des combattants islamistes ont pu, devant l'offensive française, repasser in extremis dans le camp touareg " fréquentable ". C'est-à-dire le MNLA (mouvement national de libération de l'Azawad) ou le MIA (mouvement islamiste de l'Azawad), un groupe dissident à Ansar Eddine, officiellement plus apte à la négociation qu'au combat. Le pouvoir de Bamako observe ces deux groupes avec une certaine méfiance (euphémisme).
Dans ces conditions, les retraits programmés français et tchadien (annoncé par le président Idriss Deby Itno dimanche) sont accueillis avec quelque craintes au Mali.
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