mardi 16 avril 2013


Niger : levée de boucliers des populations de Niamey face à la prolifération des stations d'essence (SYNTHESE)

( Xinhua )

16.04.2013 à 08h25

Par la faveur de la mise en vente de la production nationale d'hydrocarbures à la pompe depuis le 1er janvier 2012, avec pour conséquences la baisse du prix du litre et une montée fulgurante de l'activité, l'on assiste depuis un certain temps à la prolifération des stations d'essence dans les grandes villes du pays, particulièrement à Niamey.

En effet, à Niamey, ces stations poussent comme des champignons, de manière anarchique et dangereuse pour la santé des citoyens, notamment dans les zones résidentielles très concentrées.

Selon les statistiques officielles, le Niger compte actuellement 497 stations d'essence ouvertes, dont 117 nouvelles pour le cas spécifique de Niamey, avec un taux de progression de 25%.

Ce phénomène croissant participe certes de la dynamique d'une activité commerciale portée par l'entrée du pays dans le cercle des producteurs de pétrole, mais n'est pas sans effrayer les populations qui se sentent de plus en plus en insécurité. Cette situation suscite colère et inquiétude notamment chez les populations riveraines.

Pour l'acteur de la société civile nigérienne, M. Nassirou Seydou, président de l'association "la Voix des sans voix", "cette installation anarchique des stations d'essence à travers la ville de Niamey est inacceptable".

Selon Nassirou Seydou, "ces citoyens privilégiés achètent le plus souvent des maisons mitoyennes à des chambres à coucher des pauvres, en plein centre ville, qu'ils cassent pour transformer en station d'essence".

Il appelle l'Etat à réglementer le secteur, car il a "l'obligation d'assurer la sécurité des citoyens".

Quant à M. Issaka Hassane, directeur d'école, il propose tout simplement que ces stations d'essence soient construites hors des zones de danger. "Même quand on est pauvre, on a droit à la vie", affirme-t-il.

Cette situation était à la base de l'interpellation, pendant le week-end, devant l'Assemblée nationale, des ministres en charge de l'Intérieur et de la Sécurité publique, M. Abdou Labo, du Pétrole, Foumakoye Gado et du Commerce, M. Saley Seydou, sur le respect de la réglementation en vigueur ainsi des dispositions à prendre pour rationaliser cette activité, notamment dans les grandes agglomérations.

En effet, selon les députés nationaux, "l'une des principales causes d'inquiétude, et non des moindres, est la concentration relativement élevée des stations d'essence dans une même rue ; ce qui fait de Niamey un brasier potentiel, voire une bombe à retardement qui ne dit pas son nom".

"De toute évidence, au-delà des risques d'incendie, d'explosion ou de pollution d'air et des sols qu'elle génère, la forte concentration spatiale des stations-service, expose malheureusement les populations urbaines à des risques sanitaires chroniques liés à la pollution de l'air et aux flux des carburants", ont-ils fait savoir.

De même, pour les élus du peuple, "il est déplorable de voir des stations d'essence collées à des maisons d'habitation, ou situées dans le voisinage d'établissements d'enseignement et de bâtiments administratifs. Cela constitue un réel danger pour les enfants car l'on peut aisément imaginer la peur panique de ces enfants, voire les drames éventuels, suite à l'explosion d'une station située en face de leur école".

Le ministre en charge du pétrole, M. Foumakoye Gado, a assuré que la réglementation actuellement en vigueur, "est appliquée à la lettre" et que des dispositions complémentaires ont été prises pour rationaliser l'activité en matière d'ouverture et de gestion des stations d'essence.

Du reste, a-t-il ajouté, "la levée de boucliers des populations vient de la méconnaissance des textes de loi insuffisamment vulgarisés et diffusés par l'administration".

Toutefois, a-t-il reconnu, "cette activité connaît actuellement une montée fulgurante et un engouement" pour, entre autres raisons, la libéralisation aujourd'hui de cette activité qui était jadis exclusivement une affaire des groupements des professionnels pétroliers.

Ainsi, sous réserve d'une autorisation délivrée par le ministère de l'Energie et du Pétrole après approbation de la Commission nationale, possibilité est donnée aux nigériens d'entreprendre cette activité économique dont les retombées sont nombreuses notamment la création de beaucoup d'emplois.

En outre, devait ajouter le ministre Foumakoye, "la ville de Niamey s'agrandit et le parc automobile s'agrandit aussi. Pour une population d'environ deux millions d'habitants, la moyenne du nombre de stations est de 200000/200 ou 900000/200, soit environ 1 station pour 1000 véhicules ou en référence au nombre d'habitant un ratio de 01 station pour 6000 habitants".

"Avant le démarrage des activités de raffinage, nous importions les produits raffinés, aujourd'hui, nous avons la disponibilité du produit d'où la facilité relative de l'avoir sans trop de difficulté et de le commercialiser à travers tous les artifices existants", a-t-il conclu.

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