lundi 26 mars 2012


Adhésion au MNLA de Balkissa Walet Mohamed Ali, fille de Mohamed Ali Ag Attaher

Balkissa Walet Mohamed AliAprès plus d'un demi-siècle de lutte pour l'indépendance de l'Azawad, son père déclarait "nous, les Touaregs, ne sommes prêts à rien d'autre qu'à la lutte, au combat jusqu'au jour de notre victoire". Sa fille déclare aujourd'hui qu'"aucune vie ni aucun avenir n'est plus possible avec le Mali, soit on retrouve notre pays qui nous a été arracher depuis la colonisation française, ou soit on luttera jusqu'à la mort pour l'avoir". Oui, son père est feu Mohamed Ali Ag Attaher, elle est Balkissa Walet Mohamed Ali et elle a entériné son adhésion au MNLA il y a près de deux semaines suite à un échange fort en émotion et en franchise avec Mossa Ag Attaher, Chargé de Communication du MNLA.

Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, sentant tous les dangers pour le peuple Tamasheq (Touareg) et pour l'Azawad en général que constituait l'accession à l'indépendance des anciennes colonies Françaises d'Afrique, feu Mohamed Ali Ag Attaher, l'un des plus grands leaders de notre histoire, décida dès 1920 d'accélérer la scolarisation des enfants Tamasheq (Touareg). Malgré l'opposition à la fois des familles Tamasheq (Touareg) et surtout du colonisateur Français, l'ancien Chef de la tribu des Kal Ansar avait la conviction inébranlable selon laquelle il voyait la scolarisation moderne comme seule stratégie de résistance à l'instar de Kaocene Ag Guedda mais l'apposé de la quasi-totalité des résistants Tamasheq à la pénétration et à la colonisation Française.
Il a entrepris une tournée à travers le monde à la recherche de soutiens politiques pour son projet indépendantiste en parcourant des pays aussi diverses que le Sénégal, la Cote d'Ivoire, le Niger, le Nigeria, l'Italie, l'Egypte, l'Arabie Saoudite, le Maroc, et la Libye. C'est en Libye, plus précisément à Al Beyda le 1er Juillet 1959 que naitra sa première fille la Princesse Balkissa Walet Mohamed Ali, titre qui lui sera donné par le roi Idriss 1er, un de ses proches amis.
Au cours de son échange avec Mossa Ag Attaher, Chargé de Communication du MNLA, avec des larmes, elle se rappellera qu'elle a failli être orpheline à l'âge de 3 ans lorsque le gouvernement Malien avait décidé d'exécuter son père considérer comme le leader de la rébellion de 1963. Cette exécution fut annuler grâce au concours du Président Egyptien d'alors Gamal Abdel Nasser qui avait menacé directement Modibo Keïta de mettre un terme à l'aide militaire Egyptienne que recevait le Mali. Faute de l'exécuter, Mohamed Ali Ag Attaher passera plus de 13 ans en prisons. En d'autres termes, à 3 ans, le statut de "Princesse" que lui avait conférer le Roi Idriss 1er et par ricochet la Libye a été transformer en statut de prisonnière par les autorités Maliennes de l'époque.
Mais il faut dire que son courage et sa clairvoyance lui ont permises de surmonter ces évènements difficiles et de s'impliquer avec encore plus de passion dans la gestation courante de la société Tamasheq. Après un voyage entrepris en 2006 au Mali et en Libye, elle décide de créer dans ces deux pays l'Association pour la Paix et le de Développement, organisation qui milite pour la reconnaissance des droits de la femme et de l'enfant Touareg. Tout comme son père, elle continuera le combat qu'elle s'était fixée malgré les nombreux bâtons dans les roues qui lui ont été mis notamment par le régime Kadhafi en Libye. Après tout, elle-même, «mon père, et le combat qu'il a toujours mené ont fait de moi une femme combattante».
Son militantisme l'a aussi conduit à vouloir continuer le combat de son père pour le bonheur des peuples de l'Azawad, mais cette fois-ci avec une autre arme: la politique républicaine au Mali. C'est ceci qui l'a conduit à s'engager notamment aux cotés de Soumaïla Cissé, candidat URD (Union pour la République et la Démocratie) à la présidentielle du Mali. En Soumaïla Cissé, elle voyait un leader qui avait un projet de société pour le Mali. C'est dans le cadre de sa campagne qu'elle s'est rendue au Mali en fin Janvier 2012. Mais les évènements qu'elle a vécu à Kati peu de temps après lui ont fait comprendre que rien n'a changé au Mali. Elle dira: "de retour chez moi au Mali mon désarroi fut total et j'ai découvert que ma plaie, celle de l'arrestation de mon père, ne s'est jamais cicatriser. J'ai voulu tourner la page en voulant participer à la vie politique de mon pays en m'engageant au près du candidat à la présidence Malienne Soumaïla Cissé, un Homme qui a des convictions politiques et des idées. Le système est toujours le même"
C'est alors qu'en marge de la Conférence Internationale Amazigh de Rabat organisé par le Conseil Mondial Amazigh (CMA) le 10 Mars, Balkissa Walet Mohamed Ali a rencontré son Excellence Hama Ag Mahmoud, ancien ministre Malien qui a rejoint le MNLA. Au bout de cet échange, elle lui fera part de son désir de savoir plus sur le MNLA avant de peut-être rejoindre le mouvement révolutionnaire. En toute franchise, son Excellence Hama Ag Mahmoud lui dira «la seule personne qui peut répondre à toutes questions sans langues de boit et comprendre toutes tes inquiétudes avant de rejoindre le MNLA s'appelle Mossa Ag Attaher, Chargé de Communication du dit mouvement.» La nature faisant bien les choses, Mossa Ag Attaher se trouvait au même moment à Rabat en tant que représentant du MNLA à la Conférence Internationale organisée par le CMA.
Rendez-vous fut alors pris entre les deux Azawadiens pour couvrir toutes les questions autours de l'Azawad aussi bien celles ayant trait à la vision et philosophie du mouvement que celles qui fâchent. Au terme d'un entretien rempli d'émotion ayant duré plus de 4 heures de temps, Balkissa Walet Mohamed Ali avouait non sans regrets qu'"au Maroc, personne ne m'a jamais dit que je ne suis pas chez moi, alors qu'au Mali dans mon propre pays, toutes les preuves m'ont été donnée pour me signifier que je ne suis pas chez moi". Il faut dire qu'elle se trouvait à Kati les 1er et 2 Février 2012 lors des casses dans cette ville-garnison et à Bamako la capitale.
Durant ces mêmes casses illustrant toute la haine et la xénophobie de certains Maliens envers les populations Tamasheq (Touareg), la maison, la pharmacie, et la clinique du Dr. Elmehdy Ag Hamahady seront complètement saccager et mis à feux faisant disparaitre de par la même occasion plus d'un milliard de FCFA d'investissement. La maison de son oncle dans laquelle Balkissa Walet Mohamed Ali se trouvait sera elle aussi pillée et pour fuir la vindicte populaire, elle prendra refuge pendant 5 jours dans le camp militaire dans lequel son père et elle avait jadis été emprisonné. «Les casses de Bamako et de Kati des 1er et 2 Février m'ont rappelé les 13 ans de prison que j'ai passé avec mon père de 1963 à 1976. Pour fuir la vindicte populaire, je me suis retrouver du 1er Février au 5 Février 2012 dans le même camp où m'ont père a été emprisonner, ce qui m'a ramener 40 ans en arrière».
Malgré son désir pourtant si chère de tout faire pour s'impliquer dans la vie politique malienne pour continuer l'œuvre de son père dans un cadre purement républicain, Balkissa Walet Mohamed Ali ne pouvait que donner raison au combat des dizaines de milliers de personnes comme son père Mohamed Ali Attaher pour qui l'indépendance d'une république démocratique et laïque de l'Azawad est la seule car selon lui, "un seul avenir, la résistance".
Ces moments terribles qu'a vécu Balkissa Walet Mohamed Ali à Kati et son adhésion aux idéaux du Mouvement National pour la Libération de l'Azawad nous rappelle tous que la lutte pour l'indépendance de l'Azawad continue depuis la pénétration du colonisateur Français avec la mission Flatters le 27 Mars 1880, en passant par les révolutions de Fihroune Ag Alenessate(1916), de Kaocene Ag Gueda (1917-1920) jusqu'au soulèvement du 23 Mai 2006 en passant par les rebellions de 1963, et 1990. En effet, depuis le jour où la liberté des Azawadiens fut bafouée d'abord par le colonisateur Français puis Malien, la résistance contre ces forces oppressives ne s'est jamais arrêtée. Elle a toujours continué variant d'intensité (plus ou moins violente) et de moyens d'actions (armés ou pacifique). C'est l'ensemble de ces luttes entamées depuis plus de 130 ans qui ont conduit au regroupement de l'ensemble des forces vives de l'Azawad pour donner naissance au Mouvement National pour la Libération de l'Azawad, héritier de tant de sacrifices des peuples Azawadiens.
Cette adhésion bénéficiaire au MNLA étant donné l'immense expérience de Balkissa Walet Mohamed Ali dans le domaine du Droit Public et surtout ô combien importante sur le plan symbolique et historique est là pour nous rappeler que le combat pour un Azawad libre et indépendant dans toute sa dimension laïque et culturelle est un combat qui nous dépasse tous et qui ne peut être pris en otage par un quelconque groupe aux intentions inavouées voulant bafoués le presqu'un siècle et demi fait de tant de sacrifices. A nos lecteurs Azawadiens, nous demandons d'utiliser cette adhésion comme le moment propice de se remémorer les luttes passées pour mieux aborder la révolution actuelle. Tout comme Mohamed Ali Ag Attaher, nous disons, "nageons, nageons jusqu'à atteindre notre jour et si nous périssons dans l'océan de la libération de notre nation, alors notre résistance sera une leçon pour les mondes qui adviendront."

Par Intahmadine Ag Atoubelle

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