mardi 27 mars 2012


Que peut le CNRDRE face aux rebelles du Nord ?

Par Mame Diarra DIOP - 27/03/2012

Kidal est encerclé, Goundam occupé et le MNLA, renforcé par les mouvements djihadistes, est sur le point de prendre la ville stratégique. La junte en appelle aux négociations…Lesquelles ?

«  Nous les exhortons déjà à cesser les hostilités et à rejoindre dans les plus brefs délais la table de négociation », a déclaré le capitaine Sanogo lundi soir lord d’un message radiotélévisé à la Nation malienne. Un message qui sonne bien creux face à l’avancée des rebelles dans la partie du nord du pays. Le MNLA avait, via son porte-parole déclaré que le coup d’état ne changeait rien dans leurs revendications. Mais le capitaine Sanogo en appelle aux discussions… D’après le chef des mutins, « tout est négociable, sauf l’intégrité territoriale et l’unité du pays » . Alors comment négocier avec ces rebelles qui ont déjà refusé de s’asseoir face à l’ancien régime et dont la seule revendication est l’indépendance de l’Azawad ?

On voit mal également la junte se rendre au Nord où la hiérarchie militaire est totalement bafouée. Le général Poudougou a lui quitté, la base de Gao, où sont positionnés quelques centaines d’hommes depuis longtemps et les troupes font face à la prise imminente de Kidal. Profitant du chaos de Bamako pour avancer dans leurs positions, les rebelles ont pris Anéfis, puis encerclé Kidal. Autant dire que la junte semble ignorer la gravité de la situation au Nord à coups de déclarations péremptoires.
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Quelle stratégie pour le CNRDRE ? 

Appel à négocier avec les rebelles ? Voilà la seule stratégie de communication de la junte qui reçoit journalistes et hommes politiques dans son QG de Kati et improvise chaque sortie médiatique. Lorsqu'on interroge le capitaine Sanogo sur le Nord, et les moyens à mettre en oeuvre pour combattre la rébellion, l'intéressé, se fend de réponses évasives. Mais le temps presse et pendant que la junte distille des communiqués insipides sur les écrans nationaux et à l’heure où le capitaine en appelle aussi à l’aide de la CEDEAO qui se réunit ce mardi à Abidjan, tout le nord, de Léré à Ménaka en passant par Tessalit et Kidal aujourd’hui est presque aux mains des rebelles et des groupes armés islamistes, plus ou moins alliés au MNLA, se sont positionnés sur le terrain face à l’armée malienne en déroute totale. La ville de Goundam serait même aux mains des rebelles depuis ce lundi soir.

D’après André Bourgeot, spécialiste du Sahel, dans une interview au site Slateafrique.com, « le coup d’Etat fomenté par la junte a plutôt bénéficié au mouvement de libération de l’Azawad, dans un contexte où l’on ne voit plus la cohérence et la cohésion de l’armée malienne. On ne voit plus comment s’exerce l’autorité». La rébellion du MNLA avait annoncé qu'elle continuerait ses attaques et elle tient parole. De violents combats se sont déroulés ces dernières heures autour de la ville de Kidal. Des tirs d'armes lourdes se font entendre depuis le lundi matin et selon plusieurs sources, les troupes touareg se trouvent à quelques centaines de mètres des portes de la ville, rapporte l’AFP.

Il est évident que le capitaine Sanogo qui réclamait à l'ancien ministre de la défense, Sadio Gassama, plus de moyens ce fatidique 21 Mars, ne serait pas plus avancé que ces nombreux soldats au nord et qui auraient fui devant l'ennemi par manque d'encadrement militaire. Quelle réponse donc donner au peupe malien face à la question du Nord ?

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