Encerclée par les rebelles, Kidal reste défendue par "des soldats livrés à eux-mêmes"
Capture de la vidéo de propagande du mouvement islamiste Ançar Dine, combattants rebelles du nord du Mali.
Alors que la crédibilité des mutins de Bamako est mise à mal, le sort de la ville Kidal, dans le nord du Mali, semble de plus en plus incertain. Deux groupes rebelles touaregs, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et Ançar Dine, d’obédience islamiste, menacent de faire tomber la ville. Les habitants, pris en étau, tentent de fuir.
Depuis le début de leur offensive contre l’armée régulière malienne, en janvier dernier, les rebelles touaregs du MNLA, qui revendiquent l’indépendance de la région de l’Azawad, dans le nord du pays, se sont emparés de plusieurs points stratégiques dont les villes-garnisons de Menaka, d’Aguelhoc et de Tessalit.
Le 11 mars, la diffusion d’une vidéo du mouvement Ançar Dine ("Défenseur de l’islam", en arabe) est venue confirmer les soupçons qui pesaient sur l’éventuelle participation de combattants islamistes à cette avancée. Les images montrent Iyad Ag Ghaly, fondateur du mouvement et ex-chef de fil des rebellions touarègues des années 1990, et ses hommes, parmi lesquels d’anciens combattants revenus de Libye, en plein combat lors de la prise d’Aguelhoc en janvier.
Quelques jours après cette apparition en public, le 18 mars, Iyad Ag Ghaly, qui ne cache pas ses liens avec le mouvement terroriste Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), lançait un appel à l’instauration de la charia (la loi islamique) dans les zones contrôlées par la rébellion. La rupture entre Ançar Dine et le MNLA est alors consommée et rendue publique. Ce dernier souhaite pour l’Azawad une république laïque et dit refuser tout autre projet que celui de se battre pour l’indépendance de la région.
Depuis le coup d’État, les deux mouvements rebelles semblent tirer côte à côte leur épingle du jeu, profitant de l’instabilité politique à Bamako pour progresser. Les anciens alliés revendiquent aujourd’hui tous deux le contrôle de la région nord. Et depuis quatre jours, les deux groupes affirment, l’un et l’autre, encercler la ville stratégique de Kidal et préparer un assaut imminent. L’armée régulière malienne, dont certains soldats auraient déserté dimanche, assure repousser leurs attaques et tenter de négocier avec les rebelles du MNLA.
CONTRIBUTEURS
"Les militaires ont réquisitionné les véhicules de la police, de la gendarmerie et mêmes ceux des ONG pour faire face à l’assaut"
Issouf est un jeune diplômé en ethno-sociologie et habite à Kidal.
Ce billet a été rédigé avec la collaboration de Peggy Bruguière, journaliste à FRANCE 24.
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