mardi 20 mars 2012


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Mahamed Ag Najim. Chef d’état-major militaire du Mouvement national pour la libération de l’Azawad


«Nous détenons 150 militaires que Bamako ne cherche pas à récupérer»

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le 20.03.12 | 10h00 Réagissez



Très optimiste, le chef d’état-major militaire du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), Mahamed Ag Najim, affirme que la situation humanitaire tragique dans laquelle se trouvent les populations du nord du Mali est la conséquence de la politique de Bamako vis-à-vis du Nord. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il dresse le bilan de son mouvement et nie toute négociation avec le gouvernement malien.

 

- Depuis sa proclamation de la rébellion, le 17 janvier dernier, le MNLA semble contrôler une bonne partie du nord du Mali. Où en est la situation sur le terrain ?
Effectivement, le mouvement contrôle plus de 70% du territoire de l’Azawad. Nos victoires se succèdent grâce à la volonté de la population composée de Touareg, mais également de Peuls, de Songhai et d’Arabes. Dieu merci, nos pertes ne sont pas importantes.

- Qu’en est-il de la présence militaire malienne ?
Dans leur majorité, les soldats maliens refusent de se battre. Ils préfèrent se replier vers le Sud, mais également vers les frontières du Nord, en direction de l’Algérie, par exemple. Certains camps militaires, comme celui de Achamach, à Tessalit, ont été carrément abandonnés par les militaires. Nous n’avions pas eu de difficultés à les contrôler. Dieu merci, nous n’avons pas enregistré de pertes importantes. Ce qui n’est pas le cas pour l’armée malienne. D’ailleurs, nous détenons 150 militaires, dont de nombreux officiers et personne ne cherche à les récupérer. Les autorités ne veulent même pas en entendre parler. Elles ont préféré les abandonner, après les avoir envoyés pour servir de chair à canon.

- Ne pensez-vous pas que vous mettez la barre très haut en revendiquant la libération de l’Azawad, surtout quand on sait que certains pays riverains refusent toute idée de partition ?
C’est le peuple qui a décidé de revendiquer son autonomie. Il a vu qu’il n’avait rien à partager avec Bamako. Il veut l’indépendance de son territoire. Toutes les nations aspirent à vivre en toute liberté et toute souveraineté, pourquoi pas le peuple de l’Azawad ? Les pays riverains comprennent parfaitement nos revendications et savent qu’elles sont légitimes. S’opposer au destin d’un peuple ne sert à rien. Un jour ou l’autre, l’autodétermination sera une réalité.

- Comment comptez-vous y arriver, sachant qu’il y a eu d’autres rébellions qui n’ont finalement pas eu les résultats escomptés ?
D’abord, nous tenons à préciser qu’il ne s’agit pas de rébellion, mais de révolution menée par le peuple de l’Azawad. Tout est différent : le contexte, l’objectif et la détermination. Nous sommes convaincus que nos revendications seront concrétisées. C’est une question de temps. Nous avançons doucement, mais sûrement.

- Votre mouvement agit sur le terrain où sévit AQMI, cette organisation terroriste qui, selon Bamako, renforce vos rangs. Qu’avez-vous à répondre ?
Bamako a dit pire que cela. On nous accuse d’être carrément des membres d’AQMI. Mais tout le monde sait que les terroristes ont pu trouver refuge au nord du Mali grâce aux autorités.  Personne ne peut croire aujourd’hui que le Mali n’est pas l’allié des terroristes. Il ne cesse de quémander l’aide militaire et financière pour  lutter contre les Al Qaîda, mais sur le terrain, rien n’a été fait. Les groupes terroristes sont aussi nombreux qu’avant.

- Ils activent sur le même terrain que celui sur lequel agit le MNLA…
A ce jour, nous n’avons jamais rencontré sur notre route les éléments d’AQMI. Ces derniers connaissent notre position à leur égard. Ils savent que nous combattons pour débarrasser notre territoire des militaires maliens et d’AQMI, nos seuls ennemis. Dire que le MNLA renforce ses rangs avec les troupes d’AQMI est une aberration. Bamako utilise tous les moyens pour discréditer notre mouvement et détourner l’attention sur ses alliances avec les terroristes ainsi que ses échecs militaires sur le terrain.

- Selon certaines ONG internationales, la rébellion a engendré une situation humanitaire catastrophique, avec plus de 70 000 personnes déplacées. Est-ce le cas ?
Cette situation est la conséquence de la politique de Bamako vis-à-vis des populations du Nord. La misère dans laquelle vivait celle-ci n’a jamais été une préoccupation pour les dirigeants du Mali. D’ailleurs, la population ne croit plus aux promesses du gouvernement ni à ses actions. Elle a été longtemps abandonnée à la sécheresse, aux     maladies, au sous-développement et à la paupérisation. Cela étant, l’exode est une étape conjoncturelle. De plus, les ONG sont sur le terrain. Leurs représentants travaillent en toute liberté. Nos combattants ont été chargés de les aider pour une meilleure prise en charge des populations et pour leur assurer la sécurité.

- Est-il vrai que des contacts ont eu lieu entre le mouvement et le gouvernement malien autour de vos revendications ?
Ce ne sont que des rumeurs. Ce ne sont même pas des contacts. Mais quelques tentatives. Mais rien d’officiel ou de sérieux. Mieux, à ce jour, Bamako continue de parler de l’option militaire.
Salima Tlemçani

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