vendredi 5 avril 2013

Numéro spécial : Mali, une guerre de cinquante ans


mardi 2 avril 2013

L'Afrique Réelle N°40 - Avril 2013

Sommaire :
 
Numéro spécial : Mali, une guerre de cinquante ans

- Une succession de guerres et d’insurrections
- La guerre de 2012-2013
- Les quatre phases de l’Opération Serval
- Pourquoi le Tchad est-il intervenu militairement au Mali ?

Actualité
Kivu : après un chef de milice tutsi, un autre chef de milice tutsi…

Editorial de Bernard Lugan

Au moment où le Président de la République française s’apprête à rendre des « arbitrages » concernant le budget de la Défense, il faut bien avoir à l’esprit que ce n’est pas le seul Mali, mais le Sahel dans son ensemble, que l’armée française devra tôt ou tard « sécuriser ».
L’intervention contre la Libye du colonel Kadhafi ayant eu pour résultat de déstabiliser toute la région sahélo-saharienne, il va en effet lui falloir protéger les régions stratégiques du Niger tout en garantissant l’environnement tchadien. Tant au Nord, vers la Libye, qu’au Sud vers la RCA, qu’à l’est vers le Darfour et que vers le Sud-est afin d’éviter la contagion du Nigeria.

L’Europe feint de ne pas voir ce qui se passe dans l’arc sahélien. De leur côté, les Etats-Unis observent la situation de loin. Le 18 janvier 2013, Léon Panetta secrétaire américain à la Défense a ainsi déclaré que : « les opérations de sécurité au Mali incombent aux puissances régionales » ; traduction : les Etats-Unis ne vont pas s’en mêler.
Quant aux pays africains, pourtant les premiers concernés, et à l’exception du Tchad, ils ne se bousculent pas. Et même s’ils le souhaitaient, ils n’ont pas les capacités de mener de véritables opérations militaires.

Qu’elle le veuille ou non, la France est donc en première ligne. Après les grandes envolées multilatéralistes, le temps du bilatéralisme traditionnel est ainsi revenu puisque, et nous le vérifions au Mali, les intérêts des Européens et ceux de la France ne sont pas les mêmes.

Ce n’est donc pas le moment de rogner sur les dépenses militaires car il est clair que sans une occupation du désert et de ses massifs montagneux, les bandes islamistes éparpillées dans les immensités sahariennes se reformeront tôt ou tard. Or, pour contrôler le désert, il faut le tenir, ce qui revient à dire qu’il faut le quadriller avec des postes permanents, une simple surveillance aérienne étant insuffisante.
Alors que la présidence Sarkozy avait programmé l’abandon de nos dernières bases, aujourd’hui, c’est de nouvelles implantations que l’on parle….

Le bilan militaire de l’Opération Serval n’est pas connu de source française. De source malienne, il serait de 63 militaires maliens et de 600 islamistes tués. Cinq soldats français et une trentaine de Tchadiens ont perdu la vie. Deux soldats togolais et un burkinabé ont trouvé la mort accidentellement.

La France a engagé directement et indirectement jusqu’à 4000 hommes et la MISMA (Mission internationale de soutien au Mali) composée de 6300 soldats d’Afrique occidentale et du Tchad est en cours de constitution. Parallèlement, l’ONU envisage de déployer une force de maintien de la paix composée de plus de 11000 hommes.
Sans une puissante colonne vertébrale française, ces milliers de soldats seront incapables d’aller déloger les jihadistes dans leurs repaires.

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