jeudi 17 janvier 2013

L’appui des Touareg aux forces françaises se négocie en coulisse

Alain Jourdan-La Tribune de Genève La signature d’un cessez-le-feu avec l’Etat malien pourrait marquer l’entrée des rebelles laïques du MNLA dans la bataille.
Image: AFP Alors que les soldats français s’employaient hier à chasser les islamistes concentrés à Diabaly, à 400 km au nord de Bamako, les rebelles touareg du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) renouvelaient leur offre de soutien. Selon le Français Robert Dulas, spécialiste des questions touareg, proche du MNLA, un accord est en cours de discussions. Le MNLA est-il vraiment en mesure d’apporter son aide? Ils ont les meilleurs combattants et ils ont une connaissance extraordinaire du terrain. Mais ils n’ont plus de munitions et plus de carburant. C’est la raison pour laquelle ils ne se sont pas battus quand Gao et Tombouctou ont été repris. Ils attendent de l’aide des Occidentaux. Leur positionnement est idéal. Ils représentent une force de 1100 à 1200 hommes. Ils pourraient prendre en tenaille les milices islamistes qui fuient vers le sud. L’ouverture de ce second front stopperait la dispersion de ces combattants au sein des no man’s land algériens, nigériens, nigérians et libyens. La France est-elle prête à s’appuyer sur cette force d’appoint? Quand les combats vont se déplacer dans la zone de l’Azawad, au-dessus de Gao et Tombouctou, leur aide sera indispensable. Il faut bien connaître la région pour s’y engager. C’est comme l’Afghanistan. Des contacts ont été pris avec la France, les choses sont en phase de finalisation. Mais ce n’est pas simple. Il y a des difficultés à aider un mouvement qui est toujours considéré comme un mouvement rebelle. Justement, comment peut-il s’associer à une démarche qui vise à réinstaurer l’intégrité territoriale du Mali? Les revendications du MNLA ont évolué. Aujourd’hui, il veut un accord pour une gestion plus équitable du Nord-Mali. Une réunion était prévue à Ouagadougou le 21 janvier entre toutes les parties prenantes au conflit malien. Elle n’a pas été annulée. Le MNLA pourrait se servir de cette date pour rencontrer les autorités maliennes et mettre en place un cessez-le-feu. Dès lors, plus rien n’empêcherait ses hommes d’entrer en guerre aux côtés des troupes françaises et de la Cedeao. Cela serait un tournant dans le conflit. Pourquoi ce préalable? Un cessez-le-feu entre Bamako et le MNLA ferait retomber les tensions politiques avec les groupes laïques et démocratiques. L’intégration du MNLA au sein des forces de coalition permettrait aux Touareg d’être aux côtés des populations de l’Azawad pour éviter les débordements des militaires maliens comme ce fut le cas dans le passé. Les populations touareg, songhaïs et arabes du Nord-Mali n’ont jamais été considérées comme maliennes à part entière par Bamako. Qui sont les combattants du MNLA? Ce sont des hommes du désert avec des principes et des valeurs, qui ont toujours dit qu’ils combattaient le terrorisme. Il y a trois ou quatre colonels qui sont rentrés de Libye avec leurs équipes après la chute de Kadhafi. Mais pour l’essentiel, ce sont des combattants qui étaient proches d’Ibrahim Ag Bahanga, le chef des rebelles touareg mort dans un accident de la route en août 2011. C’est Bilal Ag Acherif, le fils spirituel d’Ibrahim Ag Bahanga, qui est aujourd’hui à leur tête. Quel a été exactement votre rôle auprès du MNLA? J’ai aidé à la réalisation d’une tournée diplomatique pour leur ouvrir des portes en Europe et aux Etats-Unis. Il fallait que les gens et en particulier les politiques comprennent que les Touareg du MNLA étaient laïques et totalement contre l’application de la charia. En France, ils ont été reçus à l’Assemblée nationale, au Sénat, aux Affaires étrangères et dans différents ministères. Ils ont aussi pu nouer des contacts avec le Nigeria et l’Algérie. Par la suite, ils ont été perçus différemment. La Suisse aussi a noué des contacts avec eux et collaboré à la rédaction de textes de consensus. (TDG) http://www.tdg.ch/monde/afrique/L-appui-des-Touareg-aux-forces-francaises-se-negocie-en-coulisse/story/12416458 17 janvier 2013

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