La cause touarègue
Antoine Nouis-Réforme
Quelques réflexions sur l’intervention militaire au Mali.
▶ Une guerre ne se juge pas à partir des raisons qui l’ont déclenchée mais de la paix qui en résulte. Bien sûr qu’il fallait empêcher des radicaux islamistes de prendre le pouvoir au Mali mais une fois leur avance stoppée il est urgent de trouver une solution diplomatique.
▶ Au seizième siècle, Erasme écrivait déjà : « La guerre est une chose si pernicieuse dans sa nature même que, même sous la conduite du plus juste des princes et avec les motifs les plus justes, elle engendre généralement plus de maux que de bienfaits. » La guerre, c’est la mort, la violence, l’injustice ; elle nourrit les extrémismes, appelle la vengeance et cultive la haine de l’ennemi. Dans son essence, la guerre est antinomique avec la concorde et la modération qui sont les sources de la paix.
▶ Dans une guerre, ce sont aux plus forts qu’il revient de tendre la main à leurs adversaires pour bâtir la paix. Le Mali se doit d’entendre la cause des Touaregs. C’est un peuple qui a une identité et qui est une victime de l’Histoire car il a été privé de pays au moment où les frontières de l’Afrique ont été dessinées par les puissances coloniales.
▶ Les Touaregs ont souvent été des minorités méprisées, marginalisées. Ils ont été islamisés et certains sont devenus islamistes mais ils ne sont pas tous des djihadistes. Comme on ne peut tous les massacrer – ce qui serait une faute morale et politique –, il faut bien trouver une solution autre que celle de la violence. Il n’y a pas d’avenir pacifique à long terme dans la région sans une solution politique qui reconnaisse les droits de chacun.
▶ La France est intervenue militairement à l’appel du gouvernement malien et avec l’approbation des pays de la région. Elle se doit maintenant d’utiliser l’autorité qui est la sienne pour exiger de ces mêmes pays qu’ils laissent une vraie place à la minorité touarègue. Sinon l’intervention armée n’aura été qu’un mal ajouté à tous les maux qui ruinent cette région. Seule la paix à venir sera juge de la guerre actuelle.
▶ Même si les situations sont différentes, n’oublions pas les leçons de l’Afghanistan…
http://www.reforme.net/journal/01242013-3497/evenement/editorial/cause-touaregue
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