C’est une alliance qui plonge encore un peu plus le Mali dans la crise. Dimanche 27 mai, suite à plusieurs semaines d’âpres négociations à Gao, les Touareg du MLNA (Mouvement de libération nationale de l'Azawad) et l’organisation islamiste Ansar Dine ont finalement accepté d’unir leurs forces. Dans un document rendu public ce week end, les deux mouvements ont annoncé leur dissolution respective, puis leur association pour fonder un "Conseil transitoire de l’État islamique".
Une alliance qui ressemble à un mariage de raison tant les différends entre Ansar Dine, allié d'Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique), et le MNLA, d’obédience laïque et indépendantiste, sont profonds. Pourtant, les deux mouvements sont parvenus à surmonter leurs divergences et faire des concessions. Si les islamistes ont annoncé qu’ils soutiendraient l’indépendance de la région de l’Azawad – revendication chère aux "hommes bleus" – le MNLA, quant à lui, a promis d’y imposer la loi coranique.
L’union fait la force
"Nous avons accepté que le coran et la sunna soient source de droit et ils ont accepté de réaffirmer l’indépendance de l’Azawad. Chacun a fait un pas", a déclaré samedi, Moussa Ag Assarid, porte-parole des Touareg, sur l’antenne de FRANCE 24.
Les "hommes bleus" et les islamistes ont compris qu’en s'alliant, ils réussiraient à tirer partie de l’instabilité politique du pays - après le putsch du 22 mars dernier – et à s’imposer comme des interlocuteurs incontournables dans les négociations avec Bamako. Ils contrôlent d’ailleurs trois grandes régions du nord du mali : Kidal, Gao et Tombouctou. Des localités où les drapeaux des deux entités flottent aujourd’hui sur les toits des maisons, et où la population – qui a toujours privilégié une lecture modérée de l’Islam - n’a eu d’autres choix que de se plier aux exigences de la loi coranique. Malgré les protestations des habitants, les femmes portent désormais le voile, et la charia régit la vie quotidienne. Cette domination militaire et politique est un coup dur pour Bamako forcé d'admettre que, sur le papier comme sur le terrain, les rebellions touareg et islamistes ont imposé leur domination sur ces terres du Nord.
Bamako refuse de transiger
Mais si l’union fait la force, ce rapprochement suffira-t-il à faire plier Bamako et accepter la sécession ? Pour Philippe Hugon, spécialiste de l’Afrique à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), le rapport de force est indéniablement en faveur des Touareg et des islamistes. "Bamako est dans une position extrêmement faible. Le président par intérim Diacounda Traoré a été agressé, le capitaine Sanogo [chef de l’ex-junte au pouvoir] n’a aucune légitimité. Le pays souffre aujourd’hui d’un vide politique", explique-t-il.
Malgré tout, nuance-t-il, "les autorités maliennes ne négocieront pas la scission du pays". Soucieux de préserver l'intégrité territoriale du pays, Bamako a, il est vrai, catégoriquement exclu de donner suite aux revendications de ce "Conseil transitoire". "Nous rejetons la création d'un État indépendant dans le Nord. Le Mali est une république laïque où toutes les religions sont acceptées", a répété Hamadoun Touré, le ministre malien de la communication, à l’antenne de FRANCE 24.
Et dans leurs efforts pour éviter la dislocation du pays, les dirigeants savent qu’ils peuvent compter sur la communauté internationale. C’est d’ailleurs là leur atout principal, explique Philippe Hugon. "Les pays occidentaux et les États africains ne toléreront pas qu’une partie du pays soit contrôlée par un mouvement proche d’Al-Qaïda." La communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) s’est d’ailleurs dite prête à soutenir militairement le Mali - même si le déploiement dépend d'une demande officielle des autorités maliennes. Et si cette aide ne s’avérait pas suffisante, "Bamako pourra toujours faire appel à l’Union africaine (UA) voire à l’ONU et aux Casques bleus pour contrecarrer ces velléités de scission. La communauté internationale sait que laisser faire les islamistes, c’est ouvrir une boîte de Pandore dans la région", insiste-t-il.
MNLA - Ansar Dine : Un mariage de raison voué au divorce ?
Autre atout de Bamako : l’espoir d’une discorde entre les islamistes et les Touareg. "Ce mariage de raison peut laisser perplexe", souligne Philippe Hugon. Les deux groupes armés, dont les objectifs diffèrent, ont, pour l’heure, préféré l’accord à la confrontation. Mais pour combien de temps ? Le MNLA est bien plus faible, "bien moins riche et organisé qu’Ansar Dine", ajoute le spécialiste de l’IRIS, "la fusion ne profite qu’aux islamistes."
Dans un futur proche, il n'est pas impossible que le MNLA se rebelle contre une alliance dont il ne tirera pas grand-chose en termes de lutte pour une amélioration des conditions de vie des habitants du Nord. "C’est une des nombreuses inconnues de la problématique malienne", conclut Philippe Hugon. "Aujourd’hui, la situation politique est tellement instable qu’on ne peut ni prédire la réaction du MNLA, et par ricochet, ni prévoir celle des islamistes. La situation est complètement bloquée et on n’en connaît pas l’issue."
Une alliance qui ressemble à un mariage de raison tant les différends entre Ansar Dine, allié d'Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique), et le MNLA, d’obédience laïque et indépendantiste, sont profonds. Pourtant, les deux mouvements sont parvenus à surmonter leurs divergences et faire des concessions. Si les islamistes ont annoncé qu’ils soutiendraient l’indépendance de la région de l’Azawad – revendication chère aux "hommes bleus" – le MNLA, quant à lui, a promis d’y imposer la loi coranique.
"Nous avons accepté que le coran et la sunna soient source de droit et ils ont accepté de réaffirmer l’indépendance de l’Azawad. Chacun a fait un pas", a déclaré samedi, Moussa Ag Assarid, porte-parole des Touareg, sur l’antenne de FRANCE 24.
Les "hommes bleus" et les islamistes ont compris qu’en s'alliant, ils réussiraient à tirer partie de l’instabilité politique du pays - après le putsch du 22 mars dernier – et à s’imposer comme des interlocuteurs incontournables dans les négociations avec Bamako. Ils contrôlent d’ailleurs trois grandes régions du nord du mali : Kidal, Gao et Tombouctou. Des localités où les drapeaux des deux entités flottent aujourd’hui sur les toits des maisons, et où la population – qui a toujours privilégié une lecture modérée de l’Islam - n’a eu d’autres choix que de se plier aux exigences de la loi coranique. Malgré les protestations des habitants, les femmes portent désormais le voile, et la charia régit la vie quotidienne. Cette domination militaire et politique est un coup dur pour Bamako forcé d'admettre que, sur le papier comme sur le terrain, les rebellions touareg et islamistes ont imposé leur domination sur ces terres du Nord.
Bamako refuse de transiger
Mais si l’union fait la force, ce rapprochement suffira-t-il à faire plier Bamako et accepter la sécession ? Pour Philippe Hugon, spécialiste de l’Afrique à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), le rapport de force est indéniablement en faveur des Touareg et des islamistes. "Bamako est dans une position extrêmement faible. Le président par intérim Diacounda Traoré a été agressé, le capitaine Sanogo [chef de l’ex-junte au pouvoir] n’a aucune légitimité. Le pays souffre aujourd’hui d’un vide politique", explique-t-il.
Malgré tout, nuance-t-il, "les autorités maliennes ne négocieront pas la scission du pays". Soucieux de préserver l'intégrité territoriale du pays, Bamako a, il est vrai, catégoriquement exclu de donner suite aux revendications de ce "Conseil transitoire". "Nous rejetons la création d'un État indépendant dans le Nord. Le Mali est une république laïque où toutes les religions sont acceptées", a répété Hamadoun Touré, le ministre malien de la communication, à l’antenne de FRANCE 24.
Et dans leurs efforts pour éviter la dislocation du pays, les dirigeants savent qu’ils peuvent compter sur la communauté internationale. C’est d’ailleurs là leur atout principal, explique Philippe Hugon. "Les pays occidentaux et les États africains ne toléreront pas qu’une partie du pays soit contrôlée par un mouvement proche d’Al-Qaïda." La communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) s’est d’ailleurs dite prête à soutenir militairement le Mali - même si le déploiement dépend d'une demande officielle des autorités maliennes. Et si cette aide ne s’avérait pas suffisante, "Bamako pourra toujours faire appel à l’Union africaine (UA) voire à l’ONU et aux Casques bleus pour contrecarrer ces velléités de scission. La communauté internationale sait que laisser faire les islamistes, c’est ouvrir une boîte de Pandore dans la région", insiste-t-il.
MNLA - Ansar Dine : Un mariage de raison voué au divorce ?
Autre atout de Bamako : l’espoir d’une discorde entre les islamistes et les Touareg. "Ce mariage de raison peut laisser perplexe", souligne Philippe Hugon. Les deux groupes armés, dont les objectifs diffèrent, ont, pour l’heure, préféré l’accord à la confrontation. Mais pour combien de temps ? Le MNLA est bien plus faible, "bien moins riche et organisé qu’Ansar Dine", ajoute le spécialiste de l’IRIS, "la fusion ne profite qu’aux islamistes."
Dans un futur proche, il n'est pas impossible que le MNLA se rebelle contre une alliance dont il ne tirera pas grand-chose en termes de lutte pour une amélioration des conditions de vie des habitants du Nord. "C’est une des nombreuses inconnues de la problématique malienne", conclut Philippe Hugon. "Aujourd’hui, la situation politique est tellement instable qu’on ne peut ni prédire la réaction du MNLA, et par ricochet, ni prévoir celle des islamistes. La situation est complètement bloquée et on n’en connaît pas l’issue."
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