Tamanrasset : la capitale des Touaregs algériens en pleine métamorphose
Sur la route par melanimes
"Regardez toutes ces voitures ! Il y a quelques années, les embouteillages à Tam n’existaient pas !" Un chauffeur de taxi prend les passants à témoin. Il est 17h et un bouchon s’est formé au centre de Tamanrasset. En moins de quinze ans, la population de la ville a gagné plus de 90 000 habitants pour frôler les 120 000 aujourd’hui. "Et ça ne va pas s’arrêter là !, assure Ali, jeune chef d’entreprise dans le bâtiment. Le transfert d’eau potable depuis In Salah (à 700 km au nord) va décupler le potentiel de la ville…" Pour répondre aux réclamations des habitants qui reprochent à ce projet –une des plus ambitieuses réalisations de l’Algérie indépendante- la salinité de l’eau et les fuites importantes dans les canalisations, l’Etat a injecté début mai environ 50 millions d’euros dans la rénovation du réseau de distribution d’eau. Conséquence directe de l’arrivée de l’eau dans le désert : la multiplication des projets économiques. "Un énorme projet de zone industrielle est en cours d’étude à l’entrée nord de la ville, précise Rabah, fonctionnaire. Plus de 40 projets sont déjà retenus dont une vingtaine dans le secteur industriel : laiterie, briqueterie, usine de produits d’entretien, minoterie, fabrique d’articles scolaires…" Cette semaine, Daho Ould Kablia, le ministre de l’Intérieur, a promis pour fin 2012 le lancement d’un plan spécial pour le développement du Sud algérien avec la création de nouvelles villes. Malgré la désertion des touristes, l’Etat prévoit aussi de développer une zone d’expansion touristique sur la route de l’Assekrem (ermitage de Charles de Foucauld). Le projet comprend entre autres, quatre hôtels, quatre campings, une dizaine d’ateliers d’artisanat local… pour plus de 2800 emplois directs. "Mais autant de développement, décidé de si loin, peut nuire au fragile équilibre de la région, nuance un élu. Les Algériens du nord vont affluer sans réel désir de vivre au Sud ! Ils veulent juste la climatisation, des supérettes et des voitures. La caractère authentique de la ville et l'extraordinaire patrimoine de cette région risquent d'en prendre un coup."
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