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PAR JEMAL OUMAR POUR MAGHAREBIA À NOUAKCHOTT – 21/05/12
Les rebelles touaregs joignent leurs forces dans le nord du Mali
MAGHAREBIA
lundi 21 mai 2012
Les sécessionnistes laïcs du nord du Mali ont indiqué avoir établi des contacts avec leurs rivaux islamistes.
Le Mouvement national pour la libération de l’Azaouad (MNLA) et les rebelles touaregs islamistes d’Ansar al-Din seraient parvenus à un accord, dimanche 20 mai, visant à former un gouvernement intérimaire conjoint pour l’Etat auto-proclamé de l’Azaouad.
"Ansar al-Din et le MNLA sont convenus de désigner Belal Ag Sharif, président du bureau politique du MNLA, pour diriger le gouvernement par intérim, et Mohamed Ag Nejim, ancien officier dans l’armée malienne, au poste de coordinateur général de l’armée", a expliqué à Magharebia Nina Welet Ntalo, membre du bureau politique du MNLA.
Elle a ajouté que "les deux groupes ont mis en place un comité de quarante membres, dont la moitié représente Ansar al-Din et l’autre le MNLA, pour annoncer ce gouvernement dimanche 20 ou lundi 21 mai".
Cet accord lève un obstacle important pour les sécessionnistes qui souhaitent un Etat indépendant dans le nord du Mali, mais ne résoud pas la question de la présence continue de combattants d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et d’autres groupes terroristes.
Abou Bakr al-Ansari, analyste originaire de la tribu touareg de Kalnassar et spécialiste du conflit en cours dans le nord du Mali, a expliqué que cet accord intervient à un moment où l’on constate "un déclin de l’autorité du MNLA laïc ; cela porte atteinte à ses arguments sur sa capacité à convaincre le monde de venir en soutien à son Etat laïc".
"Etant donnée la situation, nous pouvons comprendre les efforts sans relâche que les responsables du MNLA font depuis des semaines pour convaincre le leader d’Ansar al-Din Iyad Ag Ghaly de les rejoindre et de renoncer à son alliance avec al-Qaida au Maghreb islamique", a ajouté al-Ansari. "Mais cela n’a pas encore été possible à ce jour, bien que des progrès aient été enregistrés lors des négociations."
Une partie essentielle de cet accord est l’inclusion de groupes ethniques multiples originaires du nord du Mali, selon le journaliste de Gao Mohamed Ag Ahmedu.
Outre le MNLA et Ansar al-Din, Ag Ahmedu indique que ce pacte inclut "le Front arabe pour la défense de l’identité, et des groupes proches du Mouvement pour l’unité et le djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), AQMI et les leaders de tribus arabes comme les Barabiche, les Kentah et les Amhar, et d’autres encore présentes dans le nord du Mali, visant à instaurer la République de l’Azaouad qui regrouperait des Touaregs et des Arabes aux côtés d’autres minorités ethniques qui partagent le sol, la religion, l’histoire et les aspirations".
Il a ajouté que "d’autres questions font encore l’objet de discussions entre Ansar al-Din et le MNLA, comme le renoncement à une alliance avec les éléments d’AQMI, qu’Iyad Ag Ghaly considère comme des immigrants qui ne peuvent être abandonnés."
Pour sa part, un haut responsable militaire du MNLA qui a souhaité conserver l’anonymat a déclaré à Magharebia que son groupe "était parvenu à un accord avec Iyad Ag Ghaly dimanche dans la soirée concernant le principe de l’indépendance de l’Etat de l’Azaouad".
"Quant à l’application de la charia islamique, nous sommes convenus qu’il appartiendra au peuple de l’Azaouad de choisir par le biais d’un référendum populaire s’il souhaite la charia islamique ou un système laïc", a expliqué ce commandant du MNLA. "Nous sommes également tombés d’accord sur le retrait du drapeau noir et son remplacement par le drapeau du MNLA."
"L’autre sujet encore en suspens est la position d’AQMI", a-t-il ajouté. "Iyad Ag Ghaly n’a pas souhaité l’abandonner et renoncer à son alliance, et il les considère encore comme des amis qui lui ont rendu des services militaires lors de sa guerre contre l’armée malienne."
Pour sa part, Adoum Ag El-Wali, militant du MNLA et habitant de Gao, a dit à Magharebia que "un comité composé d’autorités religieuses de l’Azaouad poursuit les discussions avec Iyad Ag Ghaly pour tentrer de le convaincre religieusement de renoncer à son alliance avec les éléments d’AQMI. Nous sommes optimistes quant au résultat de ces négociations dans les prochains jours."
Pour l’analyste al-Mokhtar al-Salem, la décision prise par les populations arabes de joindre leurs forces à celles des rebelles de l’Azaouad est une étape importante, qui pourrait conduire à "isoler partiellement et neutraliser AQMI".
Ce contenu a été réalisé sous requête de Magharebia.com.
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