mercredi 15 juin 2011

L'équilibre du fleuve Niger menacé par les exploitants de sable au Mali

 
Romandie News Texte      

DAKAR - L'équilibre du fleuve Niger, troisième fleuve d'Afrique, est menacé par le prélèvement excessif de sable et de gravier pour l'extension urbaine, en particulier de Bamako, la capitale du Mali, selon les conclusions d'une étude publiées mardi par un institut français de recherche.


Ces travaux de recherche, qui ont été réalisés à partir de 2007 par des hydrologues de l'Intitut de recherche pour le développement (IRD) et des chercheurs partenaires au Mali, viennent de révéler que le lit amont du Niger se creuse, du moins sur sa partie malienne, indique l'IRD dans une fiche d'actualité reçue par l'AFP à Dakar.

Troisième fleuve d'Afrique après le Nil et le Congo, le Niger est long de 4.200 km, de sa source en Guinée à son embouchure au Nigeria. Il traverse le Mali sur 1.750 km et relie les zones humides du sud de ce pays enclavé aux régions désertiques du Nord.

Les médias, comme certaines organisations nationales ou régionales, dénoncent régulièrement le danger d'ensablement du fleuve Niger. Mais si, en aval de son delta intérieur, le fleuve s'ensable, le phénomène n'est pas avéré sur son cours supérieur où les observations des scientifiques mettent en lumière une baisse du niveau de sable dans son lit, explique l'IRD.

Cette baisse est liée au prélèvement excessif de sable et de gravier servant de matériaux de construction, notamment pour l'extension urbaine de Bamako, note l'institut, précisant que plus de 60 sites d'extraction et de stockage principaux sont aujourd'hui en activité le long du Niger sur 150 km à proximité de la capitale malienne.

Selon la même source, la filière emploie au moins 15.000 personnes: certains exploitants chargent le sable directement, par camions-bennes, mais il s'agit pour la plupart de pêcheurs de sable qui, toute l'année, vont prélever à la main les matériaux au fond du fleuve, en plongeant souvent en apnée et à des profondeurs pouvant atteindre trois mètres.

Différentes enquêtes ont montré qu'entre 15 et 20 millions de m3 de matériel auraient été extraits du fleuve de 2000 à 2006 entre Kangaba, localité à 95 km au sud-ouest de la capitale, et Koulikoro (60 km au nord-est de la capitale), en amont et en aval de l'agglomération de Bamako.

Cette exploitation massive et incontrôlée du sable et du gravier du fleuve a plusieurs conséquences pour l'écosystème, les hommes et les infrastructures, préviennent les chercheurs : elle réduit les terres arables, déstabilise les ponts, barrages, digues ou quais, rend difficile l'accès à l'eau, diminue la productivité de la pêche (en perturbant les peuplements de poissons). Autant de choses qui, selon eux, sont préoccupantes, en particulier dans un pays comme le Mali dont les ressources économiques sont faibles.


(©AFP / 14 juin 2011 23h47)

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