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Mahmoud Shammam, porte-parole du CNT, lors d'une conférence internationale portant sur l'avenir de la Libye, le 29 mars dernier à Londres. Crédits photo : © Toby Melville / Reuters/REUTERS
INTERVIEW - D'après Mahmoud Shammam, le porte-parole du Conseil national de transition (CNT), les rebelles libyens continuent de faire de l'abandon du pouvoir par le clan Kadhafi la condition préalable d'une solution négociée.
LE FIGARO. - Un émissaire russe a récemment affirmé que les autorités libyennes avaient entamé des négociations directes avec la rébellion. Y a-t-il, oui ou non, des discussions en cours, et à quel niveau ?
Mahmoud SHAMMAM. - Oui, des contacts sont en cours par le biais d'intermédiaires. Mais ces négociations ne sont jamais directes. Elles se déroulent parfois en Afrique du Sud, parfois à Paris, où Kadhafi a récemment envoyé un représentant pour nous parler. Nos conditions demeurent invariables : la participation de Kadhafi et des membres de sa famille à un futur gouvernement est totalement exclue. Nous évoquons avec eux les mécanismes du départ de Kadhafi. Nous considérons qu'il doit se résigner à partir, ou bien accepter une mise en retraite dans une zone reculée de la Libye. Nous ne voyons pas d'inconvénient à ce qu'il se retire dans une oasis libyenne, sous contrôle international. De plus, l'opposition est prête à négocier avec n'importe quel technocrate ou officiel libyen qui n'a pas de sang sur les mains, de façon à l'intégrer à un futur gouvernement intérimaire qui devra organiser des élections.
Et comment réagit Tripoli à ces propositions ?
Leurs réactions sont contradictoires. Parfois nous approchons du but, parfois nous nous en éloignons, ça dépend de l'humeur du moment de Kadhafi.
Comment préparez-vous l'après-Kadhafi, s'il finit par tomber ?
Notre objectif est d'assurer une transition la plus transparente et démocratique possible. Si Kadhafi quitte le pouvoir, les défis sont nombreux : l'organisation d'élections, l'élaboration d'une nouvelle Constitution. Ce processus ne devrait pas excéder huit mois. De plus, les 32 membres du CNT, moi y compris, se sont engagés à ne pas participer à la vie politique du pays durant les quatre années qui suivront la chute de Kadhafi, afin d'éviter les conflits d'intérêt.
Unie contre Kadhafi, la mosaïque des opposants ne risque-t-elle pas de se fissurer à sa chute ?
En quarante-deux ans de pouvoir, Kadhafi a tué l'opposition. Mais aujourd'hui, les Libyens sont soudés malgré leur diversité. Qu'ils soient arabes, berbères, membres de telle ou telle tribu, ils aspirent tous au changement. Il y a une vraie solidarité, un respect mutuel. Je suis optimiste pour l'avenir. Regardez comment la société civile s'organise à Benghazi. Le taux de criminalité n'a pas augmenté depuis le départ des forces de Kadhafi.
La société libyenne est musulmane, mais elle n'est pas fondamentaliste. On ne peut nier la présence d'éléments radicaux. Cependant, ils ne représentent qu'une portion infime, pas plus de 15 % des rebelles, et ne constituent pas, à nos yeux, une menace. Les membres du Groupe islamiste combattant libyen, libérés par Kadhafi avant la révolution, font partie de l'opposition. Nous considérons qu'il est de leur droit, comme les autres composantes de la dissidence, de participer à la politique de la future Libye. Mais s'ils ne jouent pas le jeu de la démocratie, je vous garantis que les Libyens leur réserveront le même sort qu'à Kadhafi.
La rébellion reçoit-elle des aides financières et militaires ?
Nous n'avons pas reçu un seul centime de la communauté internationale. En revanche, nous avons bénéficié d'aides en nature de différents pays : nourriture, médicaments, équipements. Nous avons également reçu de certains pays arabes des armes légères pour nous défendre.
Si l'Otan se retire, comment allez-vous vous défendre ?
Nous continuerons à nous battre jusqu'au bout. Nous n'avons pas d'autre choix.
Êtes-vous préparés à ce scénario ?
Bien sûr qu'on travaille là-dessus. Mais je ne peux pas en dire plus.
Mahmoud SHAMMAM. - Oui, des contacts sont en cours par le biais d'intermédiaires. Mais ces négociations ne sont jamais directes. Elles se déroulent parfois en Afrique du Sud, parfois à Paris, où Kadhafi a récemment envoyé un représentant pour nous parler. Nos conditions demeurent invariables : la participation de Kadhafi et des membres de sa famille à un futur gouvernement est totalement exclue. Nous évoquons avec eux les mécanismes du départ de Kadhafi. Nous considérons qu'il doit se résigner à partir, ou bien accepter une mise en retraite dans une zone reculée de la Libye. Nous ne voyons pas d'inconvénient à ce qu'il se retire dans une oasis libyenne, sous contrôle international. De plus, l'opposition est prête à négocier avec n'importe quel technocrate ou officiel libyen qui n'a pas de sang sur les mains, de façon à l'intégrer à un futur gouvernement intérimaire qui devra organiser des élections.
Et comment réagit Tripoli à ces propositions ?
Leurs réactions sont contradictoires. Parfois nous approchons du but, parfois nous nous en éloignons, ça dépend de l'humeur du moment de Kadhafi.
Comment préparez-vous l'après-Kadhafi, s'il finit par tomber ?
Notre objectif est d'assurer une transition la plus transparente et démocratique possible. Si Kadhafi quitte le pouvoir, les défis sont nombreux : l'organisation d'élections, l'élaboration d'une nouvelle Constitution. Ce processus ne devrait pas excéder huit mois. De plus, les 32 membres du CNT, moi y compris, se sont engagés à ne pas participer à la vie politique du pays durant les quatre années qui suivront la chute de Kadhafi, afin d'éviter les conflits d'intérêt.
Unie contre Kadhafi, la mosaïque des opposants ne risque-t-elle pas de se fissurer à sa chute ?
En quarante-deux ans de pouvoir, Kadhafi a tué l'opposition. Mais aujourd'hui, les Libyens sont soudés malgré leur diversité. Qu'ils soient arabes, berbères, membres de telle ou telle tribu, ils aspirent tous au changement. Il y a une vraie solidarité, un respect mutuel. Je suis optimiste pour l'avenir. Regardez comment la société civile s'organise à Benghazi. Le taux de criminalité n'a pas augmenté depuis le départ des forces de Kadhafi.
Éléments radicaux
Certains, en Occident, s'inquiètent d'une infiltration de la rébellion par al-Qaida. L'extrémisme est-il à craindre ?La société libyenne est musulmane, mais elle n'est pas fondamentaliste. On ne peut nier la présence d'éléments radicaux. Cependant, ils ne représentent qu'une portion infime, pas plus de 15 % des rebelles, et ne constituent pas, à nos yeux, une menace. Les membres du Groupe islamiste combattant libyen, libérés par Kadhafi avant la révolution, font partie de l'opposition. Nous considérons qu'il est de leur droit, comme les autres composantes de la dissidence, de participer à la politique de la future Libye. Mais s'ils ne jouent pas le jeu de la démocratie, je vous garantis que les Libyens leur réserveront le même sort qu'à Kadhafi.
La rébellion reçoit-elle des aides financières et militaires ?
Nous n'avons pas reçu un seul centime de la communauté internationale. En revanche, nous avons bénéficié d'aides en nature de différents pays : nourriture, médicaments, équipements. Nous avons également reçu de certains pays arabes des armes légères pour nous défendre.
Si l'Otan se retire, comment allez-vous vous défendre ?
Nous continuerons à nous battre jusqu'au bout. Nous n'avons pas d'autre choix.
Êtes-vous préparés à ce scénario ?
Bien sûr qu'on travaille là-dessus. Mais je ne peux pas en dire plus.
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