dimanche 15 mars 2009

La frime et l’Afrique




La justice a-t-elle décidée de s’intéresser de près à la Françafrique ?
Le feuilleton ne fait que commencer, et pour l’instant, malgré sa colère, deux comptes d’Omar Bongo (4 millions d’euros) sont bloqués.

Le président gabonnais compte sur l’appui de son ami, Nicolas Sarkozy, qu’il se flatte d’avoir rencontré au moins 7 fois dans son hôtel particulier parisien. (source « la lettre du continent »)

Dans le nouvel observateur de février 2007 il déclarait : « avec Nicolas, il y a une différence parce qu’on est amis. Si demain il me renie parce qu’il est président, je lui dirai : ce n’est pas sérieux Nicolas…je crois que le fondement même de la Françafrique restera, quitte à l’améliorer ».

Bien malin serait celui qui devinerait l’épilogue du feuilleton qui commence, car chacun sait que Bongo à des dossiers et qu’il pourrait s’en servir.
L’épisode Bernard Kouchner en est peut être la preuve.
(A lire : « la Françafrique décomplexée de samuel Foutoyet, décembre 2008).
http://survie.org/Francafrique-le-reseau-Chirac-la.html

Et puis la Chine et les USA marquent un intérêt de plus en plus prononcé pour l’Afrique et ses richesses.

Mais le Gabon n’est pas le seul pays africain ou la France ait des intérêts : il y a le Congo Brazzaville où Sassou N’Guesso, qui avait perdu le pouvoir, a organisé un coup d’état financé par Elf, et dirige de nouveau le pays d’une main de fer depuis 1997, soutenu par la France.

Il faut savoir que dans ce pays et au Gabon, le pétrole à permis à TotalfinaElf un bénéfice de 12 milliards d’euros.

Au Tchad, Idriss Deby est un dictateur confirmé et son pétrole attire les convoitises, Des opposants au régime se sont fait connaître. Deby croit pouvoir compter sur le soutien militaire français, ce qu’il semble avoir obtenu, puisque la Croix du 7 février 2008 affirme que l’armée française est intervenue pour permettre au dictateur de garder sa place.
http://survie.org/TCHAD-La-France-reste-alignee.html

Au Niger, le pouvoir en place est menacé par les Touaregs.
(le colonel Maïnassara qui avait pris le pouvoir par un coup d’état en 1999 est assassiné, et c’est un autre militaire, Mamadou Tandja, leader de l’ex parti unique, qui a pris sa place)
Les Touaregs se plaignent de ne subir de l’exploitation nucléaire de leur territoire que les mauvaises conséquences.
Les Touaregs ont donc déclaré la guerre à l’uranium et alignent 3000 combattants.
Comme là aussi la France a des intérêts : l’uranium nigérien assure 70% de l’approvisionnement de nos centrales.
Nos militaires ont donc aussi les armes à la main.


Au Burkina Faso (pays des hommes intègres), Thomas Sankara est président en 1983, il roule en R5, impose à ses ministres un train de vie modeste, et il critique la politique africaine de la France.
Il est assassiné en 1987 lors d’un coup d’état qui porte Blaise Compaoré (soutenu par la France) à la tête de l’état.
Celui-ci est toujours au pouvoir, et dans un des pays les plus pauvres d’Afrique. Il possède un palais et un Boeing 747 personnel.

On peut aussi évoquer le Cameroun pays dans lequel le bois a rapporté, en 2004, 1 milliard de chiffre d’affaire à Bolloré.

Au Mali l’or est une manne pour la Sodamex (filiale de Bouygues), sans oublier les diamants de Centrafrique, le Gaz en Algérie, les phosphates du Togo et du Maroc, les produits agricoles (café, ananas, cacao, arachide, canne à sucre…) et bien sur les armes que nous leur avons vendues : commerce juteux qui a rapporté 30 milliards d’euros entre 1996 et 2003 à Dassault, Lagardère.

Le génocide rwandais a fait l’objet d’un rapport, le rapport Poncet, à la lumière duquel, à l’évicence on tente en haut lieu de cacher la triste réalité :
http://survie.org/La-France-et-le-genocide-au-Rwanda.html

Pourtant Nicolas Sarkozy avait évoqué la « rupture nécessaire » lors de sa campagne présidentielle en déclarant :
« Je souhaite tourner la page des complaisances, des secrets et des ambiguîtés … j’ai la volonté de me débarrasser des réseaux d’un autre temps … je souhaite cesser de traiter indistinctement avec des démocraties et des dictatures … il faut cesser de répéter que la France est présente en Afrique pour piller ses ressources, car, à tout bien peser, c’est vrai, nous n’avons pas économiquement besoin de l’Afrique- et je mets quiconque au défi de me démontrer le contraire ».

Nous verrons, avec l’épisode « Bongo » quel poids on peut apporter à cette déclaration.
D’autant que personne n’aura oublié l’accueil sompteux réservé au sulfureux Khadafi.

Car comme dit un vieil ami africain :
« Un grain de maïs aura toujours tort devant une poule ».

Source Agoravox
par olivier cabanel

samedi 14 mars 2009

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