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Le 18 juillet dernier l’International Crisis Group a rendu public un rapport intitulé « Mali : éviter l’escalade »dans lequel est décrite la situation actuelle que traverse la région. Ce rapport recommande également un certain nombre de mesures à prendre afin d’éviter l’embrasement dans l’ensemble du territoire sahélien.
Si ce rapport, contrairement à d’autres, a le mérite de soulever des points pertinents dans la crise qui secoue cette région, il reste néanmoins superficiel et assez partial sur la problématique « touarègue ».
Si ce rapport, contrairement à d’autres, a le mérite de soulever des points pertinents dans la crise qui secoue cette région, il reste néanmoins superficiel et assez partial sur la problématique « touarègue ».
En effet, dans son rapport, cette organisation revient sur les raisons de la récurrence des rébellions dans ce qui était jusqu’au 6 avril 2012 le Nord du Mali, c’est-à-dire l’Azawad. On se demande d’ailleurs pourquoi cette organisation continue de considérer cette région comme faisant partie du Mali ? Si la déclaration d’indépendance de l’Azawad y est mentionnée, les rédacteurs feignent bien de l’ignorer tout au long de leur document. Or, comment prétendre objectivement contribuer à l’amélioration de la situation des populations de l’Azawad si on écarte d’emblée la possibilité d’instaurer un État de l’Azawad indépendant ? Et cela alors même que ce rapport ne manque pas de souligner que la première cause de la situation actuelle est « à rechercher du côté des autorités maliennes dans leur mode de gestion du Nord, qui n’a pas répondu aux attentes sécuritaires, économiques et sociales des populations. Ces aspirations insatisfaites sont profondément ancrées dans l’histoire et ont provoqué de multiples cycles de soulèvement armé et de répression au cours du 20ème siècle »(page 2 du rapport) … C’est-à-dire, depuis que la France, ancienne puissance coloniale, a mis ce territoire « sous la tutelle » d’un nouvel État colonial, le Mali.
Il apparait pourtant clair que, dans un tel contexte, seul un État indépendant, celui de l’Azawad, est en mesure d’assurer liberté et dignité aux populations de cette région du monde. C’est en tous cas la conviction profonde du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui demeure, malgré les tentatives de l’évincer ou d’amoindrir son rôle en mettant en avant les groupes islamistes, l’acteur central du conflit que vit l’Azawad aujourd’hui.
D’ailleurs, ce rapport ne participe-t-il pas lui-même à cette propagande médiatique occidentale, plus particulièrement française, visant à « couper l’herbe sous le pied » au MNLA ? En accordant un même statut au MNLA et à Ansar-Dine, mouvements radicalement opposés dans leurs objectifs et dans leurs pratiques, l’ICG, à travers sa mesure n°12 (voir le rapport, page iii), contribue immanquablement à brouiller les pistes et à occulter la revendication principale du MNLA : l’irrévocabilité de l’indépendance du territoire de l’Azawad.
Souscrivant au discours ambiant présentant le Mali comme « un des modèles de progrès démocratique en Afrique subsaharienne » (page 19), ou en tout cas considéré comme tel pendant plus de vingt ans, ce rapport se rend complice de la cécité qui frappe la communauté internationale face aux exactions, aux discriminations et à la marginalisation que subissent les Touaregs de la part de l’État malien depuis sa naissance.
En effet, alors même que le rapport signale :
l’existence ancienne de problèmes structurels dans ce qui était considéré comme la « société malienne » dus à de profondes divergences entre Nord et Sud de cet État ;
que les revendications politiques du Nord ont été sévèrement réprimées par le pouvoir de Bamako à différentes reprises dont « les crimes sont restés impunis, ni même officiellement reconnus du passé. »(page 2) ;
et enfin que « les récits de massacres, des empoisonnements de puits et de l’exil forcé de 1963 ou des règlements de compte sanglants perpétrés par les milices pro-gouvernementales contre les civiles touaregs dans les années 1990 sont transmis à chaque nouvelle génération de combattants et façonnent une mémoire collective ponctuées de violences subies et de souffrance » (page 2)
Il est frappant de constater que le rapport recommande néanmoins le soutien à une remise sur pied des institutions politiques au Mali (Sud donc) afin de « reconquérir le Nord » (Cf. entre autres les points 10 et 19 des recommandations). En somme, il faut, nous dit le rapport, aider l’État malien, coupable de ce qu’il convient de qualifier de crimes de guerre, à se remettre sur pied pour poursuivre sa politique d’exactions, de marginalisation et d’anéantissement du peuple touareg !
On marche vraiment sur la tête !!!
On marche d’autant plus sur la tête que, comme le rapport a le mérite de le souligner, les puissances occidentales, dont la France au premier rang, adoptent une position on ne peut plus ambigüe sur la question. Tout en en exprimant la volonté de s’attaquer au terrorisme islamiste, tout en criant au scandale, à travers les médias, lors d’accords avortés entre MNLA et Ansar Dine, la France continue d’ignorer le MNLA. Pis encore, alors qu’Alain Juppé, alors ministre des affaires étrangères, a appelé à une résolution politique de la crise, son remplaçant au Quai d’Orsay, Laurent Fabius, soutient, lui, une intervention militaire contre un peuple déjà meurtri depuis plusieurs décennies.
Pourtant le MNLA ne cesse de rappeler un de ses principes de base : la laïcité, et un de ses objectifs : construire l’État de l’Azawad qui, avec d’autres forces internationales, combattra AQMI et l’éradiquera de son territoire. La position de la France reste en effet incohérente et mérite un éclaircissement.
On se demande d’ailleurs pourquoi le présent rapport "omet" (se garde bien) de mentionner les nombreux évènements organisés dans l’Hexagone, et même au-delà, en faveur du MNLA et de l’Azawad [1] ? Si on pouvait compter sur les médias français pour ne pas faire de bruit autour de telles actions, les rédacteurs du rapport n’ont pas pu ignorer de tels évènements [2]. À moins qu’il y ait, là encore, une volonté d’occulter tout élément rappelant et appuyant la légitimité de la revendication du MNLA d’avoir libéré le territoire de l’Azawad et sa volonté d’y construire un État capable de répondre aux aspirations des populations vivant sur place à mener une existence libre, digne et sereine dans le respect de tous les droits humains.
Ainsi, pour ne pas continuer la politique du « deux poids, deux mesures » [3] concernant le peuple touareg, et pour une réelle stabilité, à long terme, dans cette région du monde, il serait plus judicieux de recommander d’aider les Azawadiens à se doter d’institutions étatiques solides afin d’entamer la construction d’un État dont les bases démocratiques et laïques n’ont jamais cessé d’être revendiquées par le mouvement ayant libéré ce territoire, le MNLA.
Tamilla At Ali
Télécharger le rapport de l’ICG en format PDF
Il apparait pourtant clair que, dans un tel contexte, seul un État indépendant, celui de l’Azawad, est en mesure d’assurer liberté et dignité aux populations de cette région du monde. C’est en tous cas la conviction profonde du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui demeure, malgré les tentatives de l’évincer ou d’amoindrir son rôle en mettant en avant les groupes islamistes, l’acteur central du conflit que vit l’Azawad aujourd’hui.
D’ailleurs, ce rapport ne participe-t-il pas lui-même à cette propagande médiatique occidentale, plus particulièrement française, visant à « couper l’herbe sous le pied » au MNLA ? En accordant un même statut au MNLA et à Ansar-Dine, mouvements radicalement opposés dans leurs objectifs et dans leurs pratiques, l’ICG, à travers sa mesure n°12 (voir le rapport, page iii), contribue immanquablement à brouiller les pistes et à occulter la revendication principale du MNLA : l’irrévocabilité de l’indépendance du territoire de l’Azawad.
Souscrivant au discours ambiant présentant le Mali comme « un des modèles de progrès démocratique en Afrique subsaharienne » (page 19), ou en tout cas considéré comme tel pendant plus de vingt ans, ce rapport se rend complice de la cécité qui frappe la communauté internationale face aux exactions, aux discriminations et à la marginalisation que subissent les Touaregs de la part de l’État malien depuis sa naissance.
En effet, alors même que le rapport signale :
l’existence ancienne de problèmes structurels dans ce qui était considéré comme la « société malienne » dus à de profondes divergences entre Nord et Sud de cet État ;
que les revendications politiques du Nord ont été sévèrement réprimées par le pouvoir de Bamako à différentes reprises dont « les crimes sont restés impunis, ni même officiellement reconnus du passé. »(page 2) ;
et enfin que « les récits de massacres, des empoisonnements de puits et de l’exil forcé de 1963 ou des règlements de compte sanglants perpétrés par les milices pro-gouvernementales contre les civiles touaregs dans les années 1990 sont transmis à chaque nouvelle génération de combattants et façonnent une mémoire collective ponctuées de violences subies et de souffrance » (page 2)
Il est frappant de constater que le rapport recommande néanmoins le soutien à une remise sur pied des institutions politiques au Mali (Sud donc) afin de « reconquérir le Nord » (Cf. entre autres les points 10 et 19 des recommandations). En somme, il faut, nous dit le rapport, aider l’État malien, coupable de ce qu’il convient de qualifier de crimes de guerre, à se remettre sur pied pour poursuivre sa politique d’exactions, de marginalisation et d’anéantissement du peuple touareg !
On marche vraiment sur la tête !!!
On marche d’autant plus sur la tête que, comme le rapport a le mérite de le souligner, les puissances occidentales, dont la France au premier rang, adoptent une position on ne peut plus ambigüe sur la question. Tout en en exprimant la volonté de s’attaquer au terrorisme islamiste, tout en criant au scandale, à travers les médias, lors d’accords avortés entre MNLA et Ansar Dine, la France continue d’ignorer le MNLA. Pis encore, alors qu’Alain Juppé, alors ministre des affaires étrangères, a appelé à une résolution politique de la crise, son remplaçant au Quai d’Orsay, Laurent Fabius, soutient, lui, une intervention militaire contre un peuple déjà meurtri depuis plusieurs décennies.
Pourtant le MNLA ne cesse de rappeler un de ses principes de base : la laïcité, et un de ses objectifs : construire l’État de l’Azawad qui, avec d’autres forces internationales, combattra AQMI et l’éradiquera de son territoire. La position de la France reste en effet incohérente et mérite un éclaircissement.
On se demande d’ailleurs pourquoi le présent rapport "omet" (se garde bien) de mentionner les nombreux évènements organisés dans l’Hexagone, et même au-delà, en faveur du MNLA et de l’Azawad [1] ? Si on pouvait compter sur les médias français pour ne pas faire de bruit autour de telles actions, les rédacteurs du rapport n’ont pas pu ignorer de tels évènements [2]. À moins qu’il y ait, là encore, une volonté d’occulter tout élément rappelant et appuyant la légitimité de la revendication du MNLA d’avoir libéré le territoire de l’Azawad et sa volonté d’y construire un État capable de répondre aux aspirations des populations vivant sur place à mener une existence libre, digne et sereine dans le respect de tous les droits humains.
Ainsi, pour ne pas continuer la politique du « deux poids, deux mesures » [3] concernant le peuple touareg, et pour une réelle stabilité, à long terme, dans cette région du monde, il serait plus judicieux de recommander d’aider les Azawadiens à se doter d’institutions étatiques solides afin d’entamer la construction d’un État dont les bases démocratiques et laïques n’ont jamais cessé d’être revendiquées par le mouvement ayant libéré ce territoire, le MNLA.
Tamilla At Ali
Résumé du rapport
Notes
[1] Voir sur www.tamazgha.fr les comptes rendus (avec vidéo) des rassemblements organisés par l’association Tamazgha à Paris, l’association Zari à Maseille, l’ACBB à Rennes, Coalition amazighe de soutien d’Amérique du Nord, etc.[2] Cf. p 12, notamment la note n°76.
[3] On remarquera que les rapports rédigés par les ONG internationales traitent souvent de manière partielle pour ne pas dire partiale la problématique touarègue : Cf. par exemple la recommandation n°12-c portant sur l’injonction au MNLA de collaborer à l’établissement des faits à propos des « exactions d’Aguelhoc et de toutes celles qui ont été perpétrées à l’occasion de la conquête militaire du Nord », alors même qu’aucune référence n’est faite aux exactions et aux pillages subis par la population touarègue vivant à Bamako et alentours à cette même période.
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