Morcellement de la région d’Agadez. Une bombe à retardement
D’après des sources dignes de foi, la région d’Agadez risque de se voir amputée de certaines de ses parties notamment au nord et au sud. Ainsi le département de Bilma deviendra la région du «Kaouar » et une partie de la commune d’Aderbissinat (région d’Agadez) au sud sera rattachée à une nouvelle région dénommée région de «Damergou »qui engloberait une partie de la commune de Gadbédji (région de Maradi), Tanout, et ses environs (région de Zinder). Toujours selon cette source, cette partition a son origine dans un projet de loi portant création des régions et fixant leur composition et le nom de leur chef-lieu couché sur écrits et soumis aux autorités de la transition en septembre 2010.
Des vives tensions ravivées
Cette information- quoique non encore confirmée-a jeté un grand émoi à Aderbissinat et même à Gadbédji. Elle a ravivé des rivalités féroces qui existaient entre d’abord les élus à la tête des communes, ensuite les autorités coutumières entre elles et enfin les populations. Cette information risque de jeter de l’huile sur le feu eu égard aux relations conflictuelles entre certaines communes.
Entre Aderbissinat et Belbedji
A plusieurs reprises, des différends fonciers entre les ressortissants de ces deux communes ont lieu. La commune de Belbedji prétend par exemple que ses limites avec la commune d’Aderbissinat iraient jusqu’au village de Egueff couvrant de ce fait tout le pourtour notamment des villages de Tchougass et même Tougbalanane. Nonobstant le tracé historique qui existe entre les deux communes, le problème persiste encore et est nourri par des sombres calculs politiques de deux côtés des frontières.
Entre la commune d’Aderbissinat et celle d’Ingall
Une polémique a pris de l’ampleur entre la commune d’Aderbissinat et celle d’Ingall à propos de quelques terroirs que réclame la mairie d’Ingall au détriment de celle d’Aderbissinat. Une réunion qui a réuni tout récemment des ressortissants d’Aderbissinat à ceux d’Ingall aurait trouvé un terrain d’entente.
Entre la commune de Belbedji et celle de Gadbédji
Idem entre la commune rurale de Belbedji (département de Belbedji- Région de Zinder) et celle de Gadbédji (département de Bermo –Région de Maradi), où de plus en plus l’on assiste à des sérieuses foires d’empoignes et joutes oratoires entre les ressortissants des deux communes à propos des permis de fonçage de puits à Gadambo, Oraga et Tadeyni qui auraient été autorisés sur des emprises qui ne relèveraient pas de la commune de Belbedji. Cette dernière prétend quant à elle le contraire et confirme qu’elle est bien sur ses terres.
Une aventure suicidaire
Nul ne comprend aujourd’hui l’attitude de l’Etat qui ferme les yeux sur ces « expansions » illégales et suicidaires. Des conflits intercommunautaires bouillonnent et risquent d’exploser à tout moment. « Quand cela va tourner au drame, l’Etat sera l’unique responsable. Responsable pour s’être laissé embobiné par des marchands d’illusions. Responsable pour avoir cru que la moisson des suffrages électoraux dans le sang est plus bénéfique pour lui que la cohésion de ses administrés », se désole Moctar Hima, étudiant à l’ESM de Niamey et originaire de la zone d’Aderbissinat.
Qui trompe l’Etat dans le cas précis d’Aderbissinat et Gadbédji ?
Pour le cas spécifique du rattachement d’une partie d’Aderbissinat et Gadbédji à la région dite de « Damergou », des voix confirment que ce serait un groupe de personnes qui n’ont jamais caché leur désir de faire de la décentralisation amorcée au Niger, un outil d’expansion et de renforcement de leur pouvoir féodal et attributs politiques, qui seraient à la base. D’après des sources dignes de foi, des personnalités de la septième République seraient à la base de ces manœuvres sournoises et dilatoires pour retracer certaines communes. C’est un groupe de personnes qui manœuvre pour que leur rêve devienne réalité sous le régime de Issoufou. D’après nos sources, des réunions nocturnes se passent actuellement à Niamey pour faire aboutir ce projet qui mettra à coup sûr en péril l’unité et la cohésion entre des communautés ayant toujours vécu en toute symbiose. Oui, ces personnes sont prêtes à tout pour retracer les franchises entre communes quitte à mentir et à travestir l’histoire, pourtant claire comme l’eau de roche.
Sauver la cohésion sociale à tout prix
L’une des missions urgentes que l’Etat doit effectuer dans ces zones est de prendre son courage à deux mains pour faire comprendre à ceux qui veulent imposer un nouveau tracé des frontières à leurs voisins que chaque redécoupage a une histoire au Niger. En 1947 par exemple, il y a eu un tracé dit “ tracé colonial”. Des cartes existent bel et bien. Celui de 1961 aussi, un an après les indépendances, le gouvernement du Niger a modifié le tracé de la limite des cultures en la repoussant plus au nord au profit des agriculteurs. C’est la loi N° 61-05 du 26 mai 1961 (Journal officiel spécial 3 du 15/07/61) qui l’a précisé. Et enfin la loi n°60 du 30 avril 2002 portant création des communes et fixant le nom de leurs chefs lieux qui a découpé le territoire de la République du Niger en 265 communes (urbaines et rurales). Ceux qui pensent qu’en coupant ce qui a déjà été coupé ou en détachant des terroirs de leur attache traditionnelle afin de les arrimer à d’autres historiquement et culturellement incompatibles risquent fort d’engendrer un drame.
Toutes les communes concernées par cette fameuse « région de Damergou » c'est-à-dire Aderbissinat, Tinhyya, Gadbédji ou Belbedji, prises individuellement ne pourra accepter de se dissoudre socio-culturellement et économiquement au profit d’une région dite de « Damergou » qui sera à coup sûr pilotée par un conseil régional appelé Conseil régional du Damergou. D’après nos sources, tout est fin prêt, et il ne reste que la tenue du conseil de validation avant transmission à l’Assemblée Nationale.
De l’avis de tous, s’il y a un pas que les techniciens du redécoupage administratif n’ont pas à franchir. Eh bien, c’est bien celui-là.
Ibrahim Manzo DIALLO
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