vendredi 1 juin 2012


Le Mali dément la découverte d'une cache d'armes par al-Qaida

2012-05-31
Les rapports contradictoires relatifs à la prise par les terroristes de nouvelles armes dans le nord du Mali alimentent l'instabilité permanente au Sahel.
Par Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott – 31/05/12
[Jemal Oumar] Des militants dans le nord du Mali auraient mis la main sur une importante cache d'armes.
[Jemal Oumar] Des militants dans le nord du Mali auraient mis la main sur une importante cache d'armes.
Les autorités maliennes et les rebelles touaregs démentent des rapports selon lesquels des combattants d'al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) se seraient emparé d'un important dépôt d'armes de l'armée à Gao.
Dans un communiqué diffusé le lundi 28 mai à la télévision d'Etat, le gouvernement malien a réfuté que l'un des dépôts d'armes de l'armée ait été saisi par des militants.
Le ministre malien de la Défense Yamoussa Camara a également réfuté les informations relatives à cette découverte d'armes par al-Qaida, l'imputant plutôt à des rebelles touaregs.
"Le Mouvement [national] pour la libération de l'Azaouad cherche, par cette invention et la diffusion de cette information, à cacher le fait qu'il reçoit une aide militaire de la part de certains de ses alliés", a déclaré le colonel Camara, niant l'existence de tout lien entre l'armée malienne et les armes prétendûment saisies par al-Qaida.
Pour leur part, les rebelles touaregs contestent également ce rapport. "En tant que leader du Mouvement national pour la libération de l'Azaouad (MNLA) et habitant de Gao, je vous affirme que cette information n'est absolument pas confirmée", a déclaré à Magharebia Moubarak Ag Mohamed, membre du bureau de presse de l'Etat islamique de l'Azaouad.
"Tout ce que je peux dire, c'est qu'en coopération avec des éléments d'Ansar al-Din, qui ont effectué des recherches dans certaines vieilles maisons de la ville, le MNLA a découvert un certain nombre d'armes légères en possession de partisans de l'armée malienne et de familles qui les cachaient chez eux", a-t-il expliqué.
"Ces personnes envisageaient de vendre ces armes", a-t-il ajouté, soulignant en même temps qu'elles n'avaient pas l'intention de les vendre à des éléments d'al-Qaida.
L'AFP avait signalé une découverte d'armes le 27 mai, s'appuyant sur une source anonyme proche de la sécurité qui affirmait qu'AQMI s'était emparé d'un important dépôt d'armes de l'armée malienne dans les faubourgs de Gao. Ce rapport original indiquait également que ce site de stockage enterré avait été construit pour résister à "une guerre longue et difficile" contre les Touaregs.
Ces armes et ces munitions "renforcent considérablement la puissance de feu d'al-Qaida", selon le rapport de l'AFP, qui cite également une source proche de la sécurité dans la région affirmant que le réseau terroriste a désormais en sa possession suffisamment d'armes pour le rendre "mieux armé que les armées combinées du Mali et du Burkina Faso".
Pour sa part, le responsable administratif et financier du Comité international de la Croix rouge (ICRC) à Gao a déclaré : "AQMI a découvert ses armes aux premiers jours de la chute de Gao aux mains de ses militants", ajoutant que "l'information n'a été diffusée que ces deux derniers jours, lorsque des fuites en ont fait état dans des stations de radio FM locales."
Si cette information s'avère exacte, les armes nouvellement acquises pourraient selon les analystes, contribuer à déstabiliser encore un peu plus la situation au Sahel, ce dernier ayant déjà subi un afflux important d'armes provenant du conflit en Libye en 2011 .
Le journaliste Mohamed Ag Ahmedu a expliqué à Magharebia que cette cache était "un véritable cadeau du ciel pour le groupe terroriste, qui a toujours tenté de prendre des otages pour les échanger contre de l'argent destiné à acheter des armes. Maintenant qu'il a pu mettre la main gratuitement sur ces armes, il ne fait aucun doute qu'elles constitueront pour lui une prise de grande valeur."
"Le fait que le gouvernement malien réfute l'existence de ce dépôt est normal, dans la mesure où une telle confirmation l'impliquerait directement et consoliderait les accusations que les Touaregs ont toujours portées contre lui, selon lesquelles le gouvernement avait délibérément laissé des armes en possession des extrémistes, et qu'il cherchait à les implanter au sein de la communauté touareg", a-t-il ajouté.
Pour l'analyste Abdul Hamid al-Ansari, spécialiste des groupes terroristes, la communauté mondiale ne s'attache pas à la saisie de ce dépôt d'armes par al-Qaida, mais plutôt à "la présence implicite du groupe dans le nouvel Etat de l'Azaouad, notamment par le biais d'Ansar al-Din, qui partage la même idéologie".
"C'est un fait avéré que les armes en possession d'Ansar al-Din pourraient également servir à al-Qaida au vu de la relation existant entre les deux groupes ; et cela ne fait qu'alimenter de nouvelles craintes", a-t-il déclaré.
Ce contenu a été réalisé sous requête de Magharebia.com.

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