lundi 25 juin 2012


Ansar al-Din s’efforce d’obtenir un soutien

Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott – 25/06/12
Le leader d’Ansar al-Din est menacé d’isolement après que les intellectuels de l’Azaouad eurent rejeté la sharia et le djihad lors d’une conférence organisée à Kidal.
[AFP] Le leader d'Ansar al-Din, Iyad Ag Ghaly, prie dans un lieu tenu secret, en janvier 2012.[AFP] Le leader d’Ansar al-Din, Iyad Ag Ghaly, prie dans un lieu tenu secret, en janvier 2012.
Les intellectuels islamiques de Kidal refusent de laisser Ansar al-Din imposer la sharia et brandir le djihad dans le nord du Mali.
Une centaine de leaders religieux maliens ont déclaré leur rejet de la stratégie du groupe touareg islamiste lors d’une conférence organisée du 18 au 20 juin à laquelle assistait le leader d’Ansar al-Din, Iyad Ag Ghaly.
Ce rassemblement n’a pas suivi la ligne tracée par Ag Ghaly. Tous les participants, qu’ils soient prêcheurs, intellectuels religieux ou dignitaires traditionnels, ont en effet rejeté ses appels, notamment sa volonté d’imposer la sharia islamique dans les villes de l’Azaouad, ainsi que son appel au djihad, a fait savoir RFI vendredi 22 juin.
Ce rejet de l’approche d’Ansar al-Din par ces intellectuels porte un coup sévère à la base de soutien dont bénéficiait ce groupe islamiste touareg affilié à al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).
Moussa Ag Mohamed, participant à cette conférence de Kidal, a expliqué à Magharebia que “la plupart des intellectuels ont par principe accepté verbalement la sharia islamique conformément à l’approche adoptée par l’Etat islamique de l’Azaouad déclaré le mois dernier par le Mouvement national pour la libération de l’Azaouad (MNLA), qui considère le Coran et la Sounna comme les seules marji’ya (références) religieuses.”
“Mais ils ont cependant refusé d’accepter l’application par Ansar al-Din de la sharia islamique, comme la flagellation et la torture, et ont catégoriquement rejeté l’appel au djihad lancé par Iyad Ag Ghaly”, a expliqué Ag Mohamed. “Les intellectuels religieux ont indiqué que de nombreux critères devaient être au préalable en place avant de pouvoir déclarer le djihad”, a-t-il ajouté.
Moubarak Ag Mohamed, membre de l’agence de presse du MNLA, a cité Yahya Ibrahim, intellectuel religieux de Tombouctou et participant à cette conférence, affirmant que les érudits “rejettent et condamnent clairement tous ceux qui suivent Ansar al-Din et ses alliés d’AQMI”.
“Lors de leurs différentes réunions, les érudits ont expliqué qu’aux termes de la sharia, l’autorité revient au Président de l’Etat islamique de l’Azaouad, Belal Ag Sharif, qui est le gardien des Musulmans”, a expliqué ce responsable des médias à Magharebia. “Iyad Ag Ghaly est donc contraint de le suivre ; sinon, il pourrait être considéré comme un kharijite.”
Il a ajouté que “ils ont abruptement déclaré à Iyad Ag Ghaly qu’ils le tiendraient pour responsable de toute goutte de sang versée dans l’Azaouad.”
“Mais la situation la plus difficile à laquelle Iyad Ag Ghaly a été confronté lors de cette conférence a été le soutien apporté par la population de Kidal au leader traditionnel et sheikh des tribus Adagh, Intala Ag Ataher, qui a également exprimé lors de cette conférence son rejet du djihad et de l’application de la sharia”, a conclu ce responsable du MNLA.
Répondant à cette information, le porte-parole officiel d’Ansar al-Din Senda Ould Bouamama a déclaré samedi 23 juin que les participants n’étaient “pas de vrais érudits”, ajoutant qu’ils n’étaient “rien”.
“Les intellectuels qui rejettent l’application de la sharia divine ne sont pas des intellectuels, mais des parasites de la science”, a-t-il ajouté. “Quelle que soit leur position, nous nous efforcerons de faire passer notre message, avec pour objectif affiché d’appliquer la sharia de Dieu comme mode de vie, sans nous soucier de ceux qui la rejettent.”
Abou Bakr al-Ansari, analyste et journaliste au Quotidienoriginaire du nord du Mali, a expliqué que cette conférence avait fait apparaître Ag Ghaly “seul et isolé, dans la mesure où la dernière chose à laquelle il s’attendait, c’était une telle position de la part des intellectuels religieux”.
“Iyad Ag Ghaly a tenté de s’imposer, d’abord auprès de la population par la brutalité, mais il a échoué”, a-t-il expliqué. “Il s’est alors efforcé de se draper dans des habits religieux, mais a encore été rejeté par le peuple. Je crois que pour lui, c’est le début de la fin.”
Osman Ag Mohamed Osman, journaliste à Gao, a pris l’exemple de l’imposition très stricte de la sharia par Ansar al-Din la semaine dernière, lorsque des membres de ce groupe islamiste et du Mouvement pour l’unité et le djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) ont fouetté des citoyens accusés d’adultère.
“Ansar al-Din a fouetté un couple de Tombouctou qui avait eu un enfant en-dehors du mariage, tandis que le MUJAO flagellait un homme célibataire de Gao après l’avoir accusé d’adultère, et se prépare à lapider à mort un homme marié pour les mêmes raisons”, a-t-il expliqué à Magharebia.
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