Libye: un membre des Frères musulmans élu à la tête d'un nouveau parti
TRIPOLI — Des islamistes et indépendants libyens, réunis depuis trois jours à Tripoli, ont formé un nouveau parti politique, à la tête duquel ils ont élu samedi un représentant des Frères musulmans.
Mohammed Sawane, ancien prisonnier politique sous Mouammar Kadhafi qui avait interdit la création de partis politiques sous peine de poursuites pour trahison, a été élu à la tête du parti Justice et Construction par 51% des centaines de militants présents lors d'un vote à main levée.
Les participants ont aussi été invités à se prononcer de cette manière sur une série de questions concernant la nouvelle formation.
"J'ai vraiment des sentiments très partagés parce que j'ai été emprisonné sous Kadhafi pour avoir tenté à plusieurs reprises de créer un parti politique, et je suis reconnaissant que les gens ici m'aient accordé leur confiance", a déclaré M. Sawane à l'AFP.
Le programme du parti est encore en cours d'élaboration, mais les islamistes et indépendants réunis à Tripoli depuis trois jours avaient tous l'intention de créer "un parti national avec un cadre de référence islamique".
"Nous recherchons la diversité et un Etat de droit où les différences d'opinion sont respectées", a assuré M. Sawane.
Aucune loi ne régit pour l'instant la création des partis politiques dans la nouvelle Libye, mais les nouvelles formations se multiplient depuis la chute de Kadhafi, pour la plupart avec une forte référence à l'islam.
"Nous avons créé une nouvelle ère en Libye en élisant démocratiquement un chef de parti", a déclaré Khalil Sawalim, militant basé au Royaume-Uni, alors que certains militants émus ont versé quelques larmes discrètes pendant les votes.
Un nombre important des 1.360 membres du parti sont des anciens prisonniers politiques, dont Ali al-Kermi, un membre des Frères musulmans qui a passé trois décennies en prison.
"Nous voulons la suprématie de la loi et la tolérance, pas la vengeance", a dit à l'AFP M. Kermi, qui dirige une association d'anciens prisonniers politiques.
"Le parti rejettera toute pratique qui viole les droits de l'Homme" parce que beaucoup de ses membres ont vécu de telles violations, a-t-il continué.
"Tout, dans ce parti, est basé sur des principes démocratiques", a indiqué pour sa part Nizar Kawane, l'un des organisateurs de la conférence.
L'idée de former un tel parti est née en novembre lors d'une réunion des Frères musulmans à Tripoli, a expliqué à la presse Amine Belhaj, autre membre fondateur.
L'un des buts majeurs de la formation, selon M. Belhaj, était de réunir des représentants de toute la Libye et inclure tous les groupes ethniques, dont les Amazighs, Touareg et Toubou.
Depuis le début du Printemps arabe, les islamistes ont été les grands vainqueurs des élections, en particulier en Tunisie et en Egypte, les deux pays méditerranéens qui encadrent la Libye, où un résultat similaire est attendu en juin lors de l'élection d'une assemblée constituante.
"Nous sommes tous islamistes et nous voulons que la Libye soit au sommet des pays développés", a lancé Majda Fallah, militante du nouveau parti, à une foule en liesse, au sein de laquelle les femmes, même présentes par dizaines, restaient largement minoritaires.
M. Sawane a assuré que les femmes joueraient un rôle important dans le parti, en raison de leur rôle déjà fondamental dans la société civile et de leur implication dans la nouvelle formation. "Plus de 100 organisations de femmes" ont aidé à organiser la conférence, a-t-il expliqué.
"Nous pensons que les femmes peuvent être candidates et avoir tous leurs droits", a ajouté le chef du nouveau parti.
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