Début des négociations entre les Touaregs et le Mali
2012-03-07
Le statut des régions agitées du Mali et la lutte antiterroriste figurent en tête du menu des négociations entre les Touaregs et le gouvernement malien.
Par Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott – 07/03/12
Le Mouvement national pour la libération de l'Azaouad (MNLA), le Mali et la Mauritanie ont débuté, le dimanche 4 mars, les négociations pour tenter de mettre un terme à un conflit de plusieurs mois entre les rebelles touaregs et le gouvernement malien, a indiqué lundi Aray Almostenir.
Ces consultations tripartites visent à "trouver un mécanisme de cessez-le-feu et à permettre le retour des personnes déplacées", a indiqué ce site web mauritanien. L'objectif est de lancer "des négociations multilatérales dans le nord du Mali sous les auspices régionaux et internationaux concernant le programme d'auto-détermination de l'Azaouad".
"Les deux parties du conflit procèdent lentement à l'approfondissement des consultations", selonAray Almostenir.
Cette initiative intervient deux jours après que le MNLA se fut déclaré prêt à une solution pacifique à ce conflit. Dans un communiqué publié le 2 mars, la coalition des rebelles touaregs insistait sur le fait que cette solution devait être fondée sur "le choix des populations de l'Azaouad et répondre aux aspirations légitimes de leur droit à l'auto-détermination".
Le MNLA a demandé que la communauté internationale assume ses responsabilités morales, humanitaires et juridiques envers le peuple de l'Azaouad et travaille à mettre un terme à ce qu'il a qualifié de massacres contre des civils non armés.
Ce communiqué résulte "des principes stipulés par le MNLA depuis sa déclaration du 1er novembre 2010, adoptant la résolution pacifique et le dialogue politique comme moyens optima de résoudre le conflit existant entre l'Azaouad et le Mali depuis plus de cinquante ans", selon ce communiqué.
De plus, la coalition touareg a salué "les efforts régionaux et internationaux visant à trouver une solution définitive à ce problème".
Ces négociations ont été entamées "sous des pressions directes exercées sur les deux parties par le gouvernement français", selon Abou Bakr Sadiq Ogh Ham Hadi, professeur touareg à l'université de Bamako, qui a cherché refuge hors du Mali.
Ces entretiens sont "dans l'intérêt de toutes les parties, parce que le gouvernement malien cherche tous les moyens de mettre fin à ce conflit armé pour préparer les prochaines élections présidentielles", a-t-il ajouté. "Pour sa part, le gouvernement français s'est retrouvé dans l'obligation d'arrêter la guerre dans la région du nord du Mali, où des ressortissants français sont détenus par al-Qaida, et il souhaite par conséquent que le gouvernement malien exerce tous ses efforts pour obtenir la libération de ces otages."
Toutefois, le professeur n'a pas fait montre d'un grand optimisme sur l'issue de ces négociations, expliquant que "les précédents accords n'avaient pas été respectés".
"En réalité, des négociations secrètes ont lieu actuellement entre les deux parties au conflit, sous les auspices de la Mauritanie, de l'Algérie et du Burkina Faso, mais leur règlement devra favoriser l'octroi aux wilayas du nord du Mali, qui abritent des Touaregs et des Arabes, du statut d'auto-détermination plutôt que de la revendication d'indépendance", a expliqué Sidi Mohamed Ould Khalifa, journaliste spécialisé dans les afffaires de sécurité au Sahel.
"L'Algérie et le Niger ont rejeté l'indépendance de cette région par crainte de son influence, dans la mesure où le sud de l'Algérie et le nord du Niger sont également habités par des Touaregs qui pourraient vouloir faire sécession", a-t-il expliqué à Magharebia.
Les Touaregs accepteront leur autonomie sous souveraineté malienne sous certaines conditions, notamment le développement des régions du nord, a-t-il ajouté.
"L'Algérie leur a accordé une aide financière de dix milliards de dollars pour le développement des Etats de Kidal, Gao et Tobouctou, et les Touaregs se sont engagés à lutter contre al-Qaida dans la région", a-t-il par ailleurs précisé.
Il a conclu que les Touaregs étaient les mieux placés pour combattre les terroristes, parce qu'ils "connaissent parfaitement les méthodes d'al-Qaida, qui se fondent sur la guérilla, et connaissent les endroits où ils se trouvent et les puits auxquels ils viennent se ravitailler en eau, et sont donc en mesure de lutter efficacement contre eux".
Ce contenu a été réalisé sous requête de Magharebia.com.
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