vendredi 15 janvier 2010

Agadez/Niger:Les dollars de la discorde


Les dollars de la discorde
A peine quelques semaines que le dernier groupe de « bandits armés » devenus par la force des choses « nos frères de la rébellion », ait déposé les armes, que certaines dissensions voient le jour entre les anciens rebelles et leurs chefs, pour une histoire d’argent ! Oui, l’argent de la Libye, les dollars que Khadaffi a promis aux irrédentistes pour arrêter la bagarre. A en croire notre confrère Raliou Assaleh de Radio France-Internationale, la bagarre a commencé entre les jeunes démobilisés et leurs chefs. L’affaire était si dure qu’il a fallu l’intervention de la police pour éviter le lynchage et la mise à sac du domicile d’un lieutenant d’un des chefs de ce que l’on appelle, aujourd’hui, l’ex rébellion. Dans son reportage, Raliou a donné la parole aux jeunes « anciens combattants » de la rébellion et à un représentant de chefs de fronts. Ils ont parlé et chaque partie a fait son appréciation de la situation. Pour les jeunes « anciens combattants », des promesses auraient été faites. Selon « l’importance » du front et sa « durée » dans la rébellion, chaque élément devrait recevoir au moins 800 dollars américains en attendant la suite ! La suite veut dire la réinsertion. La réinsertion de 2007 sera-t-elle comme celle de leurs aînés des années 90 ? C’est à dire le recrutement des anciens combattants à la fonction publique, dans certains corps habillés, l’octroi des bourses d’études et l’accompagnement de certains jeunes dans les activités économiques en leur facilitant la création de petites unités pour qu’ils puissent s’en sortir. Il s’agit là du cas des anciens rebelles. Ceux là même qui se sont casés et qui avaient des chefs qui s’étaient casés.

On parle ainsi de Mohamed Anako, Issa Lamine, Mohamed Akotey… Pour la nouvelle rébellion, celle qui a pris fin par la volonté de notre voisin libyen que l’on désigne comme son parrain, le premier chef connu se nomme Aghali Alambo, d’Iférouane. Il sera rejoint par la suite par d’autres hommes, des vieux chevaux de retour comme Rhissa Ag Boula qui feront revivre leurs fronts alors même qu’ils avaient pris des engagements en face du Niger et de la communauté internationale, qu’ils en ont fini avec la rébellion. Pour avoir pris tous ces engagements, Rhissa Ag Boula est resté très longtemps ministre dans ce pays. Ces affaires prospéraient parce qu’il avait pratiquement le monopole du tourisme dans la région d’Agadez. Et puis, il y’a eu l’affaire de Tchirozerine où il y’a eu mort d’homme.

Rhissa séjournera en prison avant de bénéficier d’une mise en liberté provisoire. Entre temps, il sera reçu par le président de la république, Mamadou Tandja à maintes reprises. Cet homme à qui la république sous Tandja a tout donné, a préféré s’exiler, reprendre les armes et dire sur les medias internationaux, tout le mal qu’il pense du pouvoir de Niamey. En représailles, le pouvoir nigérien l’a condamné à mort et un mandat d’arrêt international lancé contre lui. Hier, c’était lui qui était le dernier chef de front à déposer les armes ! A quel prix? Une chose est au moins sûre, les dirigeants de ce pays se sont discrédités. Les bandits armés et trafiquants de drogue sont subitement devenus des citoyens normaux qui ont compris qu’il est temps de déposer les armes afin de « participer » à la construction nationale !!!

Du coup on a oublié tous les morts et autres dégâts causés. L’essentiel étant de laisser les firmes étrangères exploiter dans la quiétude, les périmètres qui leur avait été cédés dans la région d’Agadez, à des conditions scandaleuses. Les bisbilles qu’il y’a aujourd’hui entre les jeunes rebelles démobilisés et leurs chefs démontrent que le dossier de la rébellion a été mal géré. Cela prouve, comme pour bien d’autres choses l’essentiel était de faire en sorte que Mamadou Tandja réussisse son coup de force. Pour cela on pouvait tout donner, tout accepter et faire plaisir à tout le monde notamment à Khadaffi qui est venu ici à Niamey apporter son soutien à l’entreprise « Tazartché ». Comble de malheur, ce sont ses dollars qui créent problème.

Les jeunes n’ont plus confiance à leurs chefs qu’ils soupçonnent d’empocher le gros du magot lâché par Tripoli. Ainsi ils se considèrent comme les dindons de la farce. On attend la réaction du pouvoir qui visiblement semble être très embarrassé par ce qui se passe. En pouvait en être t-il autrement car le dossier de la rébellion a fait l’objet d’une gestion catastrophique par Mamadou Tandja. Au fait, qu’en pense Nouhou Arzika, lui qui était l’un des farouches opposants à des négociations avec les « bandits armés » ? C’est vrai qu’entre temps beaucoup d’eau a coulé dans les koris de la région d’Agadez et la refondation a fait son chemin.

Écrit par A.S.Y (L’ACTUALITE DU 13 JANVIER 2010)
Jeudi, 14 Janvier 2010 14:51

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