TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
vendredi 15 janvier 2010
Crise politique: Le dialogue inter-nigérien s’est éteint
Le Républicain
Le médiateur désigné par la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao)retraite Abdul Salami Abubakar, est pratiquement au terme de sa mission. Le dialogue inter-nigérien qu’il doit arbitrer est au bout du souffle. Il n’entrevoit plus d’issue, d’autant que le chef de l’Etat Mamadou Tandja n’est prêt à aucune concession sur la 6è République. Il ne demande ni plus ni moins que la reddition des adversaires à la prolongation du mandat de trois ans qu’il s’est octroyée à travers le référendum constitutionnel du 4 août dernier. Selon la position officielle, il n’y a pas de discussions possibles sur la légitimité et la légalité de la 6è République. Selon nos informations, la seule ouverture que le chef de l’Etat serait prêt à faire, c’est d’ouvrir l’actuelle Assemblée nationale aux opposants, mais sans la casser. Comment cela est-il possible? Allez-y le savoir. C’est dire que la feuille de route proposée par le général Abubakar, à savoir convenir d’une transition politique dont la durée et les institutions qui vont la régir seront discutées au cours du dialogue, ne vaut pas plus qu’une serpillière.
Il ne restait plus au médiateur d’en prendre acte et de rendre compte au sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Cedeao prévu se tenir le 18 janvier prochain, à Abuja, siège de l’organisation. Il devrait élaborer son rapport final, et éventuellement rendre publique une déclaration pour annoncer la mortdu dialogue inter-nigérien sur lequel les Nigériens, toutes sensibilités politiques, ont porté beaucoup d’espoir. Déjà, ils sont nombreux à en souffrir dans leur chair.
Combien sont-ils au chômage avec la suspension des financements extérieurs, du fait de la crise politique actuelle? Comment le programme spécial du président de la République ou les grands chantiers, qui ont servi de prétexte à la prolongation du mandat, peuvent-ils être financés dans un contexte où les robinets se ferment unà un? Avec l’échec annoncé du dialogue inter-nigérien, nul doute que des institutions comme l’Union européenne (UE), l’organisation internationale de la francophonie (OIF) et la Cedeao vont adopter de nouvelles sanctions économiques, financières et diplomatiques contre le Niger. On se rappelle que lors des consultations avec l’UE, le 9 décembre dernier, un « ultimatum » de quatre mois a été donné au gouvernement nigérien pour trouver une solution juste à la crise politique dans le pays.
Une cinquantaine de milliards FCFA d’aide budgétaire a été déjà suspendue. Point de solution, donc des sanctions graduelles risquent d’être prises contre le Niger. Les 16 et 17 décembre dernier, l’OIF a tenu une réunion ministérielle à Paris. C’est d’extrême justesse que le Niger a échappé à une sanction. C’est pourquoi, deux mois ont été accordés au gouvernement pour revenir à la normalité démocratique. Pour sa part, la Cedeao, qui n’a pas reconnu le référendum et les institutions qui en sont issues, pourrait radicaliser sa position contre notre pays qui, depuis bientôt trois mois, n’est plus autorisé, en même temps que la Guinée, à prendre part aux instances de cette organisation.
Les Etats-Unis, qui ont déjà pris des sanctions relatives au financement du développement (formation de plusieurs milliers de jeunes Nigériens, appui aux communes rurales et urbaines, appuis divers, suspension d’exportation des produits nigériens aux USA…) viennent de décider du gel de l’importation des armes par le Niger.
C’est conscient de ce que les jours à venir seront durs, la diète sera au rendez-vous, que les principaux promoteurs de la refondation dont le chef de l’Etat lui-même ont appelé les Nigériens au sacrifice, à se serrer la ceinture.
En vérité, ils constituent l’écrasante majorité des Nigériens à ne pas disposer de ceinture, pour leur demander de la serrer. On s’y attendait…L’échec annoncé du dialogue inter-nigérien est une demi-surprise même pour le Nigérien lambda. Ce d’autant que ces derniers jours, les zélateurs du régime n’ont raté aucune occasion pour attaquer les partis politiques qui prennent part au dialogue, vilipender la coordination des forces pour la démocratie et la République (CFDR-opposition) et la CEDEAO.
Un autre événement qui a dû retenir l’attention, ce sont les reportages de la télévision nationale, le week-end dernier, sur les premiers coups de pioche pour la construction du pipe-line de la raffinerie, du mur de clôture du port sec de Dosso, et les études de faisabilité de l’exploitation du charbon de Salkadamna, dans la région de Tahoua.
Le troisième événement, c’est le discours du chef de l’Etat en réponse aux vœux du nouvel an des présidents des institutions de la République, le 12 janvier dernier. Tandja n’a pas fait mystère de son intention de ne pas céder aux exigences de ses adversaires. Il a annoncé la mise en place prochaine du sénat, du conseil économique, social et culturel (Cesoc), du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT), du Conseil national de la chefferie traditionnelle et de celui de la jeunesse (une invention de la Constitution de la 6è République) pour fixer définitivement « tous les piliers de la 6èRépublique ». Son discours ne reconnaissait que cette Constitution, et rien d’autre. « Il serait en effet illusoire de croire que le combat pour la refondation de la République est gagné du seul fait de l’adoption d’une nouvelle Constitution et de la mise en place des institutions qu’elle prévoit. En réalité, le combat ne fait que commencer et il nous impose forcément beaucoup de sacrifice, de courage et de détermination pour affronter les nombreux défis qui nous interpellent. Il nous impose de prendre véritablement notre destin en main, de compter sur nous-mêmes, et de nous convaincre, à l’inverse de ceux qui parcourent le monde en quête de soutien que le Niger, prospère et respecté, ne se fera que par nous-mêmes », a t-il prévenu.
Il annonce en même temps la collusion entre ses adversaires et la communauté internationale qu’il a tenue à dénoncer, lors de la présentation des vœux du corps diplomatique, le 13 janvier. Car pour lui, il n y a pas de crise politique au Niger, il n y a qu’un débat interne qui a été exporté par les opposants qui ont développé une « stratégie du discrédit » contre leur pays. Il invite les pays étrangers à se garder de toute « ingérence » dans les affaires internes du Niger.
Pour Tandja, la crise est virtuelle. C’est pourquoi, il a fait cette annonce : « J’ai l’insigne responsabilité de mener à bien ce processus de refondation de la République. Je mettrai un point d’honneur à concrétiser avec vous le noble projet dont est porteur la 6è République ». Les appels au dialogue des pays amis, des institutions internationales de coopération, de la Commission nationale des droits de l’Homme et des libertés fondamentales (CNDHLF), du médiateur de la République, et des Nigériens n’y font rien.
En définitive, on peut témoigner que Abdul Salami a tenté d’accorder les positions pour un retour rapide de la sérénité au Niger. Il n’a pas que le Niger comme dossier. D’autres situations de conflit ouvert ou latent où il est médiateur l’attendent.
Oumarou Keïta
http://www.medianiger.info/2010/01/crise-politique-le-dialogue-inter-nigerien-sest-eteint/
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire