samedi 23 janvier 2010

Nigeria : Jos, la ville fantôme panse ses plaies et enterre ses morts


Après les violences ...
samedi 23 janvier 2010
par Ayida MAÏGA, © AfriSCOOP


Nigeria : Jos, la ville fantôme panse ses plaies et enterre ses morts
Nigeria : après les violences interreligieuses

(AfriSCOOP) — Maisons complètement détruites ou aux portes éventrées, rues désertes mais jonchées de cadavres ramassés par des secours sous le regard de la forte présence militaire, la ville de Jos au Nigeria n’est que l’ombre d’elle-même. Et pour cause, la capitale de l’Etat central du Plateau et ses environs sortent à peine de quatre jours de violences inouïes entre musulmans et chrétiens.



Les habitants de Jos n’en finissent pas de compter et de pleurer leurs morts. Pris d’une subite folie meurtrière, chrétiens et musulmans se sont lancés dans quatre jours d’affrontements aveugles. Au nom de Dieu ou Allah (selon la croyance religieuse).

Dans la ville d’un demi-million d’âmes, le désastre est vivace. La désolation et la mort sont touchables. Plusieurs cadavres jonchent les rues en attendant d’être ramassés par les secours volontaires. Une femme sanglote dans le coin d’une maison. Inconsolable ! La cinquantaine dépassée, elle vient de perdre Issa, son fils unique dans ces violences.

« Il sonnait environ 15 heures, le mardi quand des jeunes armés de fusils, de gourdins et de machettes ont attaqué notre maison. Ils ont commencé par tout casser. Nous étions seuls et mon fils est sorti pour les calmer. L’un d’eux lui a alors tiré dessus avant qu’il n’ouvre la bouche. Les autres se sont jetés sur lui et ont commencé par frapper son corps déjà inerte », raconte-t-elle.

De ces genres de récits, les habitants de Jos en ont plusieurs. Les uns plus macabres que les autres. Selon le comité international de la Croix rouge, au moins 160 ont péri dans ces violences aux origines encore indéterminées. « Au cours des violents affrontements et dans les heures qui ont suivi, les équipes de la Croix-Rouge nigériane ont prodigué les premiers soins à plus de 250 personnes blessées à la machette ou par arme à feu, souffrant d’hématomes ou de fractures, et a évacué 150 victimes vers les hôpitaux », a déclaré Umar Mairiga, un responsable de la Croix-Rouge nigériane.

Mais, des sources religieuse et paramédicale estiment qu’elles ont fait près de 300 morts alors que le gouvernement n’a donné aucun chiffre officiel. Samedi, les confrères de l’Afp ont annoncé la découverte de puits bourrés de cadavres dans le village Kuru Karama, situé à 30 km de Jos. Des milliers de militaires patrouillent dans cette ville et dans ses environs. A la faveur de l’allègement du couvre-feu ramené désormais de 17H00 à 10H00 du matin, certains habitants sortent pour s’approvisionner.

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