La République des dossiers
Écrit par A.I (Le Canard déchaîné N°388 du 3 aout 2009)
Depuis la fin du boom de l’uranium au début des années 80, le Niger est compté parmi les pays les plus pauvres du monde avec un revenu par habitant d’environ 200 . Il figure régulièrement parmi les cinq pays les plus pauvres selon l’Indice de Développement Humain (IDH). Il est aujourd’hui classé 174ème sur 177 pays. A l’instar d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, la pauvreté, aggravée par des crises et des conflits, est due à des circonstances structurelles telles que les variabilités et changements climatiques, le manque des ressources et les faibles niveaux de santé et d’éducation des populations.Les coups d’état de 1996 et 1999 ont en outre pesé sur la stabilité du Niger. Les conflits armés notamment dans le nord du pays ont certes été apaisés grâce aux accords de paix de 1995 et 1997, mais la situation reste toujours précaire. Le passage réussi d’un gouvernement militaire à un gouvernement civil au moyen d’élections reconnues libres et transparentes sur le plan international en 2000 avec une stabilité de 10 ans a permis au pays de progresser par une rapide reprise de la coopération au développement. Malheureusement, le budget reste tributaire des deux tiers des fonds accordés par la communauté internationale. A cela, il faut ajouter la gestion calamiteuse et le pillage systématique de nos ressources. C’est ainsi que des individus et groupes d’individus se sont enrichis en un temps record créant un intolérable déséquilibre dans la répartition des richesses nationales.
Des ministres, des cadres de l’administration, des commerçants, des députés et même des informels se sont tapés des villas de grand standing et brassent aujourd’hui des milliards de francs CFA. Une corruption généralisée s’est installée au sein de toutes les couches socioprofessionnelles du pays. Du dossier de l’affaire MEBA à celui des permis miniers en passant par les avantages et indemnités que les députés se sont octroyés par délibérations jugées illégales, les conséquences sur la vie économique du pays sont énormes. Pour tout dire, c’est un désastre! L’opération « mains propres » du Président Tandja qui avait suscité tant d’espoirs au départ s’est avérée comme une ignoble supercherie juste pour ramener à la surface du menu fretin.
Ce n’était ni plus ni moins que de la poudre aux yeux, un prétexte pour couvrir l’impunité et l’opacité. Les associations de la société civile et les médias n’ont eu de cesse de dénoncer la gabegie organisée avec preuves à l’appui mais rien n’y fit. Le Niger de 2009 se retrouve ainsi avec une montagne de sales dossiers que dix autres années auront du mal à dépoussiérer.
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