Embuscade meurtrière contre des militaires en Algérie
LE MONDE | 30.07.09
Alger, Correspondance
Quatorze militaires algériens ont été tués, mercredi 29 juillet, dans une embuscade tendue par des islamistes armés dans le département de Tipaza, à l'ouest d'Alger. L'information n'a pas été confirmée officiellement, mais certains journaux avancent des bilans encore plus lourds (entre 17 et 20 soldats tués). L'attaque serait le fait des "Protecteurs de la prédication salafiste", un groupe dissident d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).
Les militaires traversaient en convoi une région montagneuse et boisée. Suivant une technique rôdée, les assaillants ont fait exploser des bombes sur la route avant de les attaquer à l'arme automatique. L'embuscade, préparée avec minutie, touche une région très prisée par les estivants, et qui n'avait pas connu d'activisme armé depuis plusieurs années, celui-ci se concentrant principalement à l'est de la capitale.
Voilà plusieurs jours que l'armée algérienne mène des opérations en Kabylie, à l'est d'Alger. Selon les décomptes de la presse algérienne, une vingtaine d'islamistes ont ainsi été abattus.
L'embuscade la plus meurtrière de l'année s'était produite le 17 juin. Dix-huit gendarmes et deux civils avaient alors trouvé la mort dans une attaque perpétrée par AQMI, dans le département de Bordj Bou Arreridj, à 240 km à l'est d'Alger. Depuis le 20mai, pas moins de cinq attaques contre des militaires ont été enregistrées.
Pour le ministre de l'intérieur, Yazid Zerhouni, les attentats touchent des "zones d'accalmie pour semer la diversion". Selon lui, la pression "ne cesse de s'accentuer sur les terroristes encore en activité et qui se trouvent, aujourd'hui, en nombre très réduit", en raison de la lutte antiterroriste.
"AQMI est entré dans une logique du coup pour coup. Il riposte à chaque opération des forces de sécurité algériennes", explique Mathieu Guidère, professeur à l'université de Genève et spécialiste d'AQMI. Pour cet universitaire, auteur du livre Al-Qaida à la conquête du Maghreb (éd. du Rocher, 2007), les Protecteurs de la prédication salafiste ne sont pas une faction dissidente d'AQMI. "Quand on voit un nouveau nom apparaître, le réflexe est de penser qu'il s'agit d'un groupuscule autonome, mais je n'y crois pas", dit-il.
Le chef d'AQMI, Abdelmalek Droudkel, a procédé récemment à une vaste réorganisation du commandement du mouvement. "Les nouveaux chefs de région, plus jeunes et plus radicaux, entendent montrer par leurs communiqués personnalisés qu'ils sont actifs", analyse M. Guidère. Selon lui, la recrudescence actuelle des attaques d'AQMI est clairement "une réaction à la réélection du président Bouteflika".
Amir Akef (avec Florence Beaugé à Paris)
Article paru dans l'édition du 31.07.09.
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