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L’Afrique et ses institutions moribondes : Après les stériles agitations de la CEDEAO, quelle position face à Tandja ?
mercredi 26 août 2009
En dépit de la levée de boucliers tant au plan externe qu’interne, tant au niveau des institutions du pays qu’à celui de la grande majorité des populations nigériennes, Mamadou Tandja, le jusqu’au-boutiste, l’un de ceux qui « jettent par terre le visage de l’Afrique », aura réussi à narguer tout le monde et maintenu sa position du début jusqu’à la fin (tenue effective le 4 août dernier du référendum) au grand dam de la communauté internationale, y compris sa propre Cedeao. Il y a un peu plus de soixante-douze heures, que Tandja a promulgué la nouvelle Constitution suite à la validation le 14 août du résultat du référendum par une Cour Constitutionnelle aux ordres.
On se rappelle que l’Organisation sous régionale (Cedeao) s’était agitée entre juin et juillet 2009 au sujet du projet de réforme constitutionnelle du président nigérien. Elle était allée jusqu’à brandir une menace de sanctions contre lui, conformément à l’infraction que constitue aux yeux de cette Organisation sous-régionale, l’audace de procéder à une réforme de la constitution à six mois de la prochaine élection, si le président nigérien ne revenait pas sur sa décision. Rappelons que la nouvelle constitution entre autres, renforce le pouvoir du chef de l’Etat : « Le président de la République est le détenteur exclusif du pouvoir exécutif ».
Cela fait bientôt trois semaines que le référendum s’est déroulé au Niger, initiative personnelle de Tandja qui a naturellement occasionné gratuitement des troubles dans son pays avec blessés et arrestations. Signalons que depuis huit jours, le jeune Marou Amadou, président du Front Uni pour la Sauvegarde des Acquis Démocratiques (FUSAD) croupit en prison ; on lui reproche de gérer une structure non déclarée. Depuis ses dernières sorties et la tenue du référendum, l’Organisation sous-régionale et ses responsables sont tous rentrés dans leur coquille, plus de nouvelles.
Au moins, il y a une dizaine de jours, l’Union Européenne a renouvelé le risque de sanction que court le Niger du fait de cette initiative solitaire qui constitue un recul de la démocratie. Un pays ne saurait être abandonné entre les mains d’un individu, sous prétexte d’avoir avec soi les forces armées ou d’être un produit de l’armée nationale. Les lois de la République sont faites pour être respectées par tout citoyen quel que soit le niveau où l’on se trouve. Lorsqu’en 2005 au Togo, tout comme aujourd’hui dans le cas de Tandja (à l’époque patron de l’institution), il y avait eu violation de la Constitution, il s’était passé quelque chose de similaire à ce que fait aujourd’hui la Cedeao au Niger. Une réelle volonté de valorisation de l’Organisation à travers une gestion rigoureuse et une application impersonnelle des textes était quasi absente.
Que ce soit Mamadou Tandja, président en exercice de la Cedeao en personne, ou ses collaborateurs, notamment Ibn Chambas, ou Aïchatou Mindaoudou, ou encore une certaine Adrienne Diop dans la crise togolaise, ils avaient tous administré aux Africains et au monde la leçon que, réellement, comme le dit un proverbe togolais « La belle coiffure ne s’improvise pas du jour au lendemain et qu’elle commence depuis le milieu d’où l’on vient ». En d’autres termes, nos sociétés sont en pleine dégradation, en pleine déconfiture et le minimum de vertus et de bonnes manières de nos jours, deviennent choses rares en Afrique. Un véritable drame pour l’avenir du Continent ! A dire vrai, l’Afrique est en pleine rétrogradation.
Tenez, comment peut-on comprendre que les mêmes « conneries », les mêmes « bêtises », les mêmes « tares » qui empoisonnent la vie politique au niveau de toute l’Afrique, puissent s’étendre aux milieux sportifs aujourd’hui ? Rappelons-nous le litige qui oppose actuellement l’ancien président de la FTF (Fédération togolaise de football), M. Tata Avlessi au président de la CAF (Confédération africaine de football), M. Issa Hayatou au sujet des dommages et intérêts que le Tribunal arbitral des sports (TAS) avait condamné la CAF à verser à M. Avlessi. Il s’agissait de quelques millions de francs CFA que par cynisme et manque de hauteur et d’élégance, M. Hayatou ne s’est pas encore décidé à payer à l’intéressé, continuant sans doute à faire le jeu des hommes des ténèbres. Avec pareil état d’esprit, comment l’Afrique pourra-t-elle évoluer, s’émanciper et convaincre le monde ?
Plus d’un an après le verdict du tribunal, M. Hayatou qui n’avait pas su se montrer élégant et se maintenir au-dessus de la mêlée en tant que président de cette institution sportive panafricaine dans la crise togolo-togolaise où des méthodes viles et antisportives avaient été utilisées pour salir un homme, ne s’est pas encore décidé à s’exécuter. Et il n’est pas inutile de dire que ce monsieur là aussi, tout comme nos chefs d’Etat, ne sait pas partir la tête haute et par la grande porte. L’Afrique n’a-t-elle donc pas de gros problèmes ?
Après les stériles agitations et les comédies insipides de ces plaisantins de la Cedeao qui accusaient Mamadou Tandja il y a quelques semaines encore, de violer les textes de l’institution communautaire, à quand la sanction contre celui-là qui, à 70 ans, aura littéralement craché sur l’Organisation dont il est membre, en passant outre les menaces proférées à son endroit en allant jusqu’au bout ? Au moins pour Faure Gnassingbé, il y a eu un semblant de respect de l’injonction en faisant marche arrière.
Aux instances de la Cedeao et au président en exercice, Tandja Mamadou pourrait répliquer sans doute que le Niger avait écouté leurs voix en 2005 et accompagné le Togo d’Eyadèma, le grand bienfaiteur de la sous-région dont l’avion servait de taxi gratuit pour certains homologues à l’occasion des conférences, et sans gros dégâts pour Faure Gnassingbé, « parce que sans son Papa il n’y aurait pas eu de Cedeao ». Pourquoi donc me sanctionnerez-vous ? Leur demandera-t-il probablement. Quant à la sanction, les Africains l’attendent tous de pieds fermes et sont avides d’en découvrir la forme, afin de savoir ce que vaut réellement la fameuse Cedeao.
Ce qui est plus déplorable dans le silence qui accompagne la forfaiture de Mamadou Tandja, c’est que ce sont les pauvres et vaillants Nigériens qui vont faire les frais du démocrate qui s’est subitement mué en dictateur à la fin de son mandat, à la grande surprise de tous. Les arrestations et emprisonnements vont se succéder et la police, voire l’armée ne manqueront pas de tirer sur les populations lors des manifestations qui s’annoncent et ce, sur ordre de Tandja Mamadou.
Une fermeté de la Cedeao et de l’Union africaine dès le début aurait pu amener à quelque chose. Malheureusement les deux institutions moribondes qui crient à la prévention des crises politiques et des conflits en Afrique sont plus promptes à parler qu’à agir efficacement. Le cas Tandja est trop grave dans la mesure où, non seulement il aura violé les textes en vigueur dans son propre pays, mais également les textes de la Cedeao.
Alain Simouba
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