Niger : violences et arrestations au référendum voulu par Tandja
AFP
Les bureaux de vote au Niger ont fermé mardi soir à l'issue du référendum controversé sur une nouvelle Constitution au cours duquel quelques heurts ont éclaté suivis d'arrestations.
Le référendum sur une nouvelle Constitution a peu mobilisé, consultation convoquée par le président Mamadou Tandja déterminé à rester au pouvoir malgré des critiques et un boycottage de l'opposition.
Les bureaux de vote ont fermé comme prévu à 19H00 (18H00 GMT).
Dans le bureau de vote 52 du quartier Lazaret 1, à Niamey, "sur 492 inscrits, 115 électeurs ont voté", a indiqué à l'AFP la présidente du bureau qui a requis l'anonymat.
Plusieurs sources policières et d'opposition ont fait état d'affrontements dans plusieurs villes de l'ouest entre opposants au scrutin et forces de l'ordre.
Selon un policier interrogé par l'AFP, la police a dispersé au gaz lacrymogène des manifestants dans la région de Tahoua (ouest) qui tentaient d'empêcher l'accès à deux bureaux de vote.
Des incidents similaires ont eu lieu dans deux autres localités proches, selon un membre de la principale formation d'opposition, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS).
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lire la suite Le ministre de l'Intérieur Albadé Abouba a également affirmé à la radio que des individus avaient été arrêtés près de Dosso, à Birni N'Gaouré, "pour avoir violé les lois".
A Niamey, les rues étaient quasiment vides et aucune file d'attente devant les urnes n'était visible.
D'après la radio privée Anfani, la mobilisation était également "faible" à Zinder (sud-est), deuxième ville du pays, où quelques pneus avaient été brûlés tôt mardi matin.
Quelque six millions de Nigériens devaient adopter ou non le nouveau texte permettant à Tandja -censé se retirer en décembre après deux quinquennats consécutifs- de rester au pouvoir jusqu'en 2012, puis de se représenter autant de fois qu'il le souhaite.
L'opposition dénonce un "coup d'Etat" du président que la communauté internationale a tenté, en vain, de dissuader.
Pour arriver à ses fins, Tandja a dissous le parlement le 26 mai, puis fin juin la Cour constitutionnelle qui jugeait ce référendum illégal. Il gouverne seul par décrets et ordonnances grâce aux "pouvoirs exceptionnels" qu'il s'est arrogés.
Les opérations électorales, qui ont démarré avec retard à Niamey, étaient prévues entre 08H00 et 19H00 (07H00 et 18H00 GMT).
Alors qu'une coalition de partis d'opposition et de centrales syndicales lançait dimanche un ultime "appel à la mobilisation pour faire échec" au référendum, Abouba avait averti que toute tentative de compromettre le vote serait réprimé "sévèrement".
De nombreux observateurs estiment qu'en voulant s'implanter au pouvoir, Tandja a "raté sa sortie" après dix ans de stabilité et un redressement économique dont il peut se flatter.
La France, ancienne puissance coloniale du Niger qui est le troisième producteur mondial d'uranium, a dénoncé mi-juillet les "atteintes répétées à la démocratie" de Tandja. Mardi, Paris a rappelé la menace de l'Union européenne d'interrompre les aides financières au Niger.
"Les événements politiques récents au Niger sont en contradiction avec les principes essentiels de l?Accord de Cotonou et font donc nécessairement courir le risque de la suspension de la coopération communautaire (...)", a indiqué le Quai d'Orsay.
Tandja, apparemment indifférent, a récemment déclaré : "allons-nous mourir s'ils ne nous donnent pas leur argent ? Les pays occidentaux organisent régulièrement des référendums, est-ce parce qu'ils nous donnent à manger qu'ils veulent nous priver du droit d'en organiser chez nous ?".
L'ONU, l'Union africaine et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont aussi exprimé leur inquiétude.
La commission électorale devrait proclamer le résultat dans les cinq jours.
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