jeudi 20 août 2009

Agadez environnement : un écosystème assez riche dans un environnement austère


Agadez environnement : un écosystème assez riche dans un environnement austère
Jeudi, 20 Août 2009 07
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Située dans la partie septentrionale de la République du Niger, entre les parallèles 15° et 23° Nord et les méridiens 4° et 16° Est, la région d'Agadez couvre une superficie de 667.500 Km², soit 52 % de la superficie du pays. Cette vaste région est limitée au Nord par le Mali, l'Algérie et la Libye et au Sud par les régions de Diffa, Zinder, Maradi, et Tahoua. Une zone qui présente des caractéristiques assez particulières.
La région d'Agadez compte plusieurs zones géographiques dont le massif de l'Aïr, l'Irhazer, le Tadress, l'étendue désertique de Talak et de Tamesna, le désert du Ténéré et le Kawar, les plateaux désertiques du Nord-Est (Djado, Manguéni et Tchigaï). Le climat est d'une aridité incomparable, et la température, ainsi que l'hydrologie, sont de type " espiègle ". Une végétation, une faune et, tenez- vous bien, quelques ressources halieutiques qui s'adaptent à ce milieu assez atypique, sont également à inscrire au tableau de la présentation de cette très vaste région qui a une population estimée, en 2009 à 442869 habitants, selon les chiffres de la direction Régionale de l’ INS.
Malgré les contraintes climatiques, la région d'Agadez est dotée d'un milieu constitué d'un écosystème assez riche. Mais la conservation de ce précieux patrimoine constitue aujourd'hui plus que jamais un véritable défi. On y trouve dans cette partie du Niger une végétation avec différentes espèces végétales, forestières, des oasis, (une sorte de paradis en plein désert), une faune assez riche composée de mammifères comme, l'Oryx, la gazelle dammah, la Gazelle dorcas, l'Addax, la gazelle dorma ou biche Robert, la Gazelle lecoptère, les caprimae avec un seul représentant : le mouflon à manchette, les primates, chez lesquels domine le babouin. Le guépard (acinonyx jubatus) était observé il y a plusieurs années dans la région. Mais maintenant indique le Lieutenant Colonel Abarchi Idi, le directeur régional de l'environnement et de la lutte contre la désertification, la présence de ce mammifère est douteuse. L'espèce ayant été peut être décimée par les braconniers, ou n'ayant pas tout simplement survécu à ce milieu aux conditions de plus en plus austères. Il faut ajouter également dans l'inventaire de la faune de la région d'Agadez, l'autruche et bien d’autres variétés d'oiseaux et des reptiles. Aussi, malgré les conditions climatiques et hydrologiques défavorables au développement de la pisciculture, deux mares existent dans le département de Bilma, une naturelle à Argui et la seconde, artificielle, due à l'écoulement permanent du forage de Bilma. C'est dans cette dernière que l'on rencontre le Tilapia nilotica, ce “poisson du désert”, condamné au nanisme suite à une prolifération importante des pro-géniteurs et également à l'insuffisance de nourriture. Une étude de faisabilité piscicole a été menée par un bureau d'étude sur cette mare d'une dimension de 160 mètres sur 63,6 mètres avec une profondeur de 1,15 mètres. L'analyse physico-chimique des propriétés de la mare a montré qu'elle convient aux exigences biologiques des poissons (température comprise entre 0°c et 40°C). Une fois cette mare aménagée, sa production qui est de l'ordre de 947 kg, pourrait atteindre 4947 kg. Un projet dont la réalisation pourrait beaucoup soulager la population de cette localité qui trouverait ainsi une source de protéine à sa portée.
De par sa particularité, la région d'Agadez qui abrite toutes ces espèces fauniques, avec un relief montagneux à certains endroits avec une altitude allant de 700 à 2310m dans l'Aïr, le Djado, les oasis du Kawar, des déserts dont le mystérieux Sahara, des vestiges archéologiques, fascine et aiguise la curiosité. C'est une destination qui attire les touristes de tous les coins du monde. Mais depuis le début de l'insécurité il y a un peu lus de deux ans, les touristes ont déserté le beau désert du Sahara. Aujourd'hui encore les populations de cette région attendent impatiemment la reprise du tourisme. Cette activité qui se retrouve au point mort, a des retombées très considérables sur l'économie.

Menace sur un écosystème déjà fragile
Cependant, les précieuses ressources dont possède la région d'Agadez ne sont pas à l'abri de menaces. Qu'il s'agisse de la faune ou de la végétation, l'environnement de cette région, comme du reste celui des autres parties du Niger, est menacé. Mais le problème se pose encore ici avec plus d'acuité et la solution s'avère beaucoup plus difficile. En effet, il y a d'abord les contraintes climatiques caractérisées par l'insuffisance des précipitations et leur mauvaise répartition dans le temps et dans l'espace qui rendent très difficile les opérations de reboisement dans la région. La fréquence et la violence des vents compliquent d'avantage la situation. Et l'action de l'homme sur l'environnement est également de plus en plus destructrice. L'analyse du directeur régional de l'environnement et de la lutte contre la désertification d'Agadez, le Lieutenant-colonel Abarchi Idi, est à ce sujet assez alarmante. “L'accroissement démographique est proportionnel à la consommation du bois : 325 Kg/personne/an, pour le bois énergie, bois d'œuvre et de service. Ce qui accentue logiquement le problème d'approvisionnement en bois de ces populations. Cette situation explique largement le déséquilibre entre l'offre et la demande avec un taux de prélèvement de la ressource bois largement supérieur aux possibilités de production de nos écosystèmes forestiers qui en général sont très fragiles. Cette tendance entraîne une destruction continue du couvert végétal et par conséquent la dégradation progressive des terres. Par ailleurs, l'agriculture pratiquée sous forme de jardinage maraîcher occupe de plus en plus une place de choix dans la vie quotidienne des populations de la région. Cette pratique grignote progressivement le restant des terres fertiles et aussi les plus boisées, localisées généralement dans les vallées et les long des berges des Koris. L'élevage est de type extensif. A ce niveau le non respect des normes de prélèvement des ressources fourragères dans ce secteur entraîne également une dégradation rapide des écosystèmes. Les feux de brousse sont fréquents dans la région. Ce qui réduit considérablement le potentiel productif en terme de végétation- bétail -faune -sol- ressources en eau etc. En 2008, 7425 ha ont été brûlés". La conséquence poursuit-il est la raréfaction de jour en jour du bois de chauffe. Et c'est le bois vert qui est souvent coupé et séché avant d'être vendu dans les grands centres urbains. En dehors du bois, certaines espèces annuelles comme de pailles, subissent également une surexploitation due à une forte demande des emboucheurs et des confectionneurs de seko dans les villes. Même les domaines classés ne sont pas à l'abri. La seule forêt classée de Dabaga est fortement dégradée suite à l'extension des jardins et à la forte colonisation du Prosopis juliflora. Les domaines protégés subissent aussi une forte exploitation due aux pressions anthropiques et au surpâturage, tels que les peuplements de doumiers. Il y a aussi les conséquences découlant des activités industrielles de plus en plus développées dans la région qui restent une véritable source d'inquiétude pour la conservation de l'écosystème. Pour le cas des sociétés minières, aucune action concrète n'est entreprise pour la sauvegarde de l'environnement naturel note le responsable régional en charge de l'environnement. La faune aussi, n'est pas épargnée. “Malgré les efforts de conservation, la faune de la région continue à payer des lourds tribus du fait de braconnage et de la dégradation de leurs habitats. Des espèces comme l'autruche à cou rouge, l'addax, la gazelle dama ont disparu complètement”, déplore le Lieutenant-Colonel Abarchi Idi. Cependant se réjouit -il, “les effectifs de certaines espèces telles que la gazelle dorcas, le mouflon à manchettes et les rongeurs, ne font que croître progressivement malgré les menaces”. Autant dire que le défi environnemental dans la région se présente sous la forme d'un dilemme : Des besoins en bois toujours croissant, alors que la ressource de plus en plus rare est difficilement renouvelable. Si on ajoute à cela le manque de moyens suffisants pour gérer l'exploitation du bois, l'équation devient encore beaucoup plus compliquée.

Agir impérativement…
Pour le moment, les moyens dont disposent les agents des services de l'environnement de la région ne leur permettent pas de relever tous les défis auxquels ils sont confrontés. Pour la zone RRNAT d'une superficie de 77360 km², dont le directeur régional de l'environnement cite l'exemple, sur les quatre postes forestiers, l'unique poste d'Iférouane renferme un seul agent. En attendant l'adoption de la loi de programmation, sur laquelle ils fondent beaucoup espoir, les agents font du mieux qu'ils peuvent pour atténuer les menaces. En plus des actions dissuasives, qui consistent en de rares et timides missions sur le terrain, la voie de l'éducation environnementale est l'une des démarches privilégiée. Elle s'articule autour des actions de sensibilisation sur les problèmes environnementaux qui assaillent la région d'Agadez tels que: les coupes abusives, le braconnage, les feux de brousse, la pollution et ses nuisances. Aussi, il y a lieu d’impliquer les populations dans la recherche des solutions. Dans cette optique la participation depuis 2006 du projet de cogestion des ressources de l'Aïr et du Ténéré (Cogerat) aux côtés de la direction de l'environnement est d'un apport appréciable. Le champ d'actions est ici principalement la Réserve naturelle nationale de l'Aïr et du Ténéré (Rnnat), d'une superficie de 77. 360 km², classée réserve de la biosphère. La démarche consiste en une intervention à l'échelle de l'écosystème à travers des actions intégrées de restauration des terres dégradées, de gestion durable des ressources naturelles, de conservation de la biodiversité et de développement local. Le système de cogestion sur lequel se base cette démarche consiste en une collaboration entre les différents acteurs qui s'entendent pour ainsi gérer les précieuses et vulnérables ressources de la zone de façon durable. Les acteurs des communes de la zone de la Rnnat, qui ont saisi les enjeux liés à la question environnementale, intègrent la gestion des ressources naturelles dans leur planification de développement local et décident d'une vision partagée dans ce sens. Les communautés ont ainsi un impératif: malgré les contraintes notamment, l'aridité du climat, elles doivent s'entendre sur la nécessité de la conservation de la biodiversité et de l'utilisation des ressources naturelles. L'Etat, de son côté, à travers les services techniques appuie les communautés dans l'appropriation et la mise en œuvre de cette initiative. Les actions du programme spécial volet restauration de l'environnement du Président de la République, qui a démarré dans la région en 2006, ont également fortement contribué dans la lutte contre les menaces environnementales. Ce programme, comme l'explique le directeur régional de l'environnement, consiste, à travers des techniques simples et à faible coût, à engager des actions de grandes envergures de confection de banquettes en vue de favoriser le retour de la végétation herbacée et ligneuse et de réhabiliter les terres victimes de l'érosion et sécuriser ainsi les zones à haut potentiel productif. De 2006 à mai 2009, précise M. Abarchi Idi, deux mille cent vingt six (2126) ha de terres dégradées ont été récupérés, huit cent cinquante (850) Km de bandes pare feux réalisées. Ces bandes pare feux ont été ouvertes pour sécuriser le pâturage, les habitations et conserver la diversité biologique. Des actions dont les impacts sur le plan écologique, et aussi socio-économique, sont déjà perceptibles.

Moutari Souley Onep, Tahoua/Agadez
20 août 2009
Publié le 20 août 2009
Source : Le Sahel

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