Certes, le dialogue intermalien a repris. Mais la puissance militaire et les intentions du Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad, proche d'Ansar Eddine, suscitent l'inquiétude.
Dans le dédale complexe des groupes armés qui sévissent dans le Nord, il en est un, et pas celui auquel on pourrait s'attendre, qui inquiète au plus haut point le gouvernement. "Le vrai problème ne vient pas du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), mais du Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA)", explique-t-on dans l'entourage de Moussa Mara, le Premier ministre.
En effet, comment négocier avec un mouvement armé dont les liens avec le groupe jihadiste Ansar Eddine sont étroits, mais qui compte en son sein deux députés (Mohamed Ag Intalla et Ahmada Ag Bibi) élus sous la bannière du parti présidentiel, le Rassemblement pour le Mali (RPM) ?
La question est d'autant plus sensible que, dans le cadre des négociations de paix qui ont débuté à Alger en juillet, Bamako envisage de proposer une décentralisation approfondie : les régions du Nord pourraient disposer d'un pouvoir législatif élu au suffrage universel, doté de larges prérogatives. Ce faisant, le gouvernement craint "d'offrir le pouvoir sur un plateau à des gens qui envisagent d'instaurer la charia".
Militairement et financièrement, le groupe le plus puissant dans la région de Kidal
Le HCUA est une émanation du Mouvement islamique de l'Azawad (MIA), qui avait vu le jour en mai 2013 après un désaccord entre Iyad Ag Ghaly, le leader d'Ansar Eddine, converti au fondamentalisme salafiste le plus dur, et certains de ses lieutenants, dont Alghabass Ag Intalla, le patron du HCUA. Selon plusieurs sources sécuritaires, il est militairement et financièrement le groupe le plus puissant dans la région de Kidal : ses combattants ont joué un rôle crucial dans la défaite de l'armée malienne le 21 mai, et ses dirigeants ont le soutien de l'amenokal, le chef spirituel des Ifoghas, Intallah Ag Attaher. "S'il y a des élections demain, ils les gagneront", affirme un ministre.
Or les intentions des leaders du HCUA restent floues. Veulent-ils toujours instaurer la charia ? Ont-ils définitivement coupé les liens avec Iyad Ag Ghaly ? À cette dernière question, plusieurs experts répondent par la négative. "Le HCUA sert encore à blanchir les hommes d'Ansar Eddine", indique une source sécuritaire, qui reconnaît cependant que la plupart des dirigeants du groupe ne cautionnent pas "la dérive islamiste" du chef salafiste.
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