Les itinéraires des trafiquants au Sahel dans le collimateur
Bakari Gueye et Jemal Oumar à Nouakchott pour Magharebia
La collaboration internationale en matière de sécurité dans la bande sahélo-saharienne permet de verrouiller les couloirs de transit empruntés par les terroristes.
Le 9 octobre, des unités de l’armée française ont détruit un convoi appartenant à al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) qui franchissait le nord du Niger.
« Ce convoi transportait des armes en provenance de Libye et à destination du Mali. Cette opération a permis de saisir une grande quantité d’armes et de neutraliser les convoyeurs, dont une partie a été capturée », ont indiqué les services de la présidence française dans un communiqué.
[AFP/Philippe Desmazes] Des soldats français en patrouille dans le désert entre Tombouctou et Gao, le 30 octobre 2013.
« Ce convoi, qui venait du sud libyen à destination du nord du Mali, était suivi depuis plusieurs jours grâce à des actions de renseignement conjointes des forces françaises et nigériennes », a précisé ce communiqué.
Un autre coup dur porté aux terroristes a été annoncé samedi 18 octobre, après une nuit d’opérations à Kidal, lors de laquelle l’armée française a arrêté un « groupe de commanditaires » présumés responsables de l’attaque contre la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA) onze jours plus tôt.
L’Algérie s’est engagée à « neutraliser toutes les tentatives de porter atteinte à l’intégrité du territoire national », a déclaré le ministère de la Défense le mois dernier.
Le Niger, en première ligne face aux répercussions de la crise au Mali et en Libye, renforce quant à lui ses efforts pour combattre le terrorisme au Sahel et sécuriser ses frontières.
Pour assurer une meilleure sécurité, le Niger travaille avec les pays partenaires pour mener des patrouilles conjointes et surveiller les itinéraires empruntés par les trafiquants au Sahara.
« Et cela est d’autant mieux que le territoire était si étroitement surveillé que les troupes n’ont pas été en mesure de s’y réfugier, préférant se retrancher dans les montagnes libyennes d’où elles venaient », a expliqué l’analyste nigérien Oumar Hamidou.
Le Niger a également accepté d’accueillir des forces et du matériel militaire des pays partenaires, qui permettront de suivre encore plus efficacement les déplacements des jihadistes au Sahel.
La récente frappe contre le convoi terroriste au Niger a été saluée au Sahel, où elle a été considérée comme une étape importante pour la sécurisation des frontières très agitées de cette région.
« Cette action nous réjouit parce qu’elle porte un coup sévère à ces groupes qui se livrent à des trafics d’armes constants dans tout le Sahel », a souligné Ismail Illitnibe, journaliste à Radio Agadez, dans le nord du Niger.
« Il ne fait aucun doute que cela affaiblira ces groupes », a-t-il expliqué à Magharebia. « Mais nous devons considérer cette action comme le début de la lutte contre des gangs qui travaillent depuis des années dans le domaine de la contrebande et connaissent de nombreux couloirs de transit et des points frontaliers cachés. Il est donc nécessaire que tous les pays de la région coordonnent leurs efforts pour lutter contre ces gangs. »
Et ce journaliste d’ajouter : « Les groupes jihadistes sont capables de s’adapter à de nouvelles situations, et ils chercheront donc des solutions plus sûres pour atteindre leurs objectifs dans la région, ce qui exige des pays du Sahel comme le Niger, le Mali, l’Algérie, la Mauritanie et la Libye de renforcer leurs efforts de surveillance et le partage de renseignements. »
Un point de vue partagé par Ataye Ag Abdullah, porte-parole de la Coalition populaire pour l’Azaouad (CPA), qui participe aux négociations de paix au Mali actuellement en cours à Alger.
« Le peuple de l’Azaouad est la première victime de l’activité des groupes terroristes », explique-t-il. « Nous sommes donc très satisfaits du rôle joué par les pays de la région, aux côtés des forces de l’Opération Barkhane, visant à contrôler et surveiller les mouvements des groupes terroristes, que ce soit le long de la frontière entre la Libye et le Niger, le Mali et l’Algérie, ou le Mali et la Mauritanie », a-t-il ajouté.
Comme le souligne Hamdi Abou Jahan, spécialiste mauritanien de la sécurité, « la crise libyenne a conduit à la détérioration des frontières des pays du Sahel, et permis aux groupes jihadistes d’intensifier leurs campagnes de contrebande du plus grand nombre d’armes possible. »
« Quant à la question de l’intensification des contrôles aux frontières, son efficacité est avérée, et elle a déjà commencé à donner des résultats tangibles », ajoute-t-il.
http://magharebia.com/fr/articles/awi/features/2014/10/22/feature-01
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