Lutte Ouvrière n°2412 du 24 octobre 2014
Dans le monde
Les négociations entre les groupes armés touareg et le gouvernement malien se poursuivent à Alger depuis plus d'un mois. La phase finale censée déboucher sur un accord de paix devait débuter mardi 21 octobre, mais les représentants touareg ont imposé qu'elle soit reportée.
Ils protestent contre les déclarations du chef de la mission de l'ONU au Mali leur attribuant une responsabilité dans les attaques contre les casques bleus. La situation du pays est en effet loin d'être stabilisée et l'insécurité règne toujours dans le Nord. Quant au gouvernement d'Ibrahim Boubacar Keita, mis en place il a un an dans la foulée de l'intervention militaire française, il s'est vite avéré porteur des mêmes tares que les précédents.
Les attentats contre les soldats africains déployés sous l'uniforme de l'ONU se sont multipliés ces derniers mois. Le 3 octobre, neuf militaires nigériens sont morts dans une attaque à la roquette. Au début de septembre, dix soldats tchadiens avaient péri dans l'explosion de mines placées par des combattants djihadistes. Si les activités de la vie quotidienne ont repris dans les grandes villes du Nord, Gao et Tombouctou, les déplacements à l'extérieur sont toujours jugés dangereux.
Sous la pression du gouvernement français, Ibrahim Boubacar Keita a accepté de négocier avec les groupes armés touareg, lui qui affirmait sa volonté de ne pas céder « un seul centimètre du territoire national ». La France aimerait faire de ces groupes des alliés dans la défense de ses intérêts au Sahel. Elle a sommé le gouvernement malien de leur donner quelques satisfactions, au moins par des formules n'engageant à rien sur un statut particulier pour le nord du pays, et en accordant des avantages à leurs chefs. De tels accords ont été légion dans l'histoire du Mali, et ont tous abouti à de nouvelles rébellions, la population ne voyant jamais sa situation s'améliorer.
La corruption et le clientélisme ont repris de plus belle. Ibrahim Boubacar Keita a distribué des postes à sa famille, à ses amis et à ses partisans. 30 millions d'euros ont été dilapidés dans l'achat d'un avion présidentiel, et un contrat d'armement de 150 millions d'euros est plus que suspect.
Dans le numéro du 28 septembre de leur journal Le Pouvoir aux travailleurs, nos camarades de l'Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI-UCI) dénoncent ce régime allié de l'impérialisme français qui opprime les populations et concluent : « Les travailleurs les plus conscients savent que l'avenir est dans l'union de tous les travailleurs, par-delà les frontières, les ethnies ou la couleur de peau. » En France et en Afrique, les travailleurs ont les mêmes intérêts : en finir avec ce système impérialiste que les expéditions militaires de Hollande protègent et confortent.
Daniel Mescla
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