Maurice Freund : « Il est trop tard pour le Mali, il fallait agir il y a 20 ans ! » - Afrik.com : l'actualité de l'Afrique noire et du Maghreb - Le quotidien panafricain
Afrik.com : Vous semblez très pessimiste concernant l’avenir du Mali. Est-ce que la crise malienne est irréversible ?
Maurice Freund : Pour moi, c’est sans issue. Je ne crois pas que les négociations avec Bamako vont aboutir. On va rentrer dans une espèce "d’afghanisation". La guérilla va durer. Quand on me dit : « Ah ça va s’arranger. Tu vas pouvoir refaire des vols sur Gao ! » Pas de mon vivant en tous cas. Le tourisme n’est pas prêt de reprendre dans le Sahel. Tout ce que l’on fait actuellement pour résoudre le problème n’aboutira à rien. Il faudrait que Bamako donne une large autonomie aux habitants du nord, c’est la seule solution. On ne va pas frapper la monnaie non plus, mais il faut absolument que la région obtienne l’autonomie la plus large possible. Il faut aussi mettre en œuvre des politiques de développement social et créer des emplois.
Maurice Freund : Pour moi, c’est sans issue. Je ne crois pas que les négociations avec Bamako vont aboutir. On va rentrer dans une espèce "d’afghanisation". La guérilla va durer. Quand on me dit : « Ah ça va s’arranger. Tu vas pouvoir refaire des vols sur Gao ! » Pas de mon vivant en tous cas. Le tourisme n’est pas prêt de reprendre dans le Sahel. Tout ce que l’on fait actuellement pour résoudre le problème n’aboutira à rien. Il faudrait que Bamako donne une large autonomie aux habitants du nord, c’est la seule solution. On ne va pas frapper la monnaie non plus, mais il faut absolument que la région obtienne l’autonomie la plus large possible. Il faut aussi mettre en œuvre des politiques de développement social et créer des emplois.
Afrik.com : Mais selon le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Bamako a débloqué des fonds destinés au nord mais ils ont tous été détournés par les émissaires qui étaient chargés de mettre en place des politiques de développement. Où est passé cet argent ?
Maurice Freund : C’est vrai, il y a pas mal d’argent qui arrivait de Bamako mais aussi de Kadhafi. Mais la corruption était endémique. Ce n’est pas nouveau. Tout le monde touchait à cet argent destiné à la région, des responsables du nord comme du sud. Il n’y a rien dans le nord. C’est vide. C’est logique que le djihadisme se soit développé dans la région. Il n’y a même pas 100m de goudron à Gao. Les gouverneurs et sous-préfets du sud ont eu des comportements inadmissibles ! La haine entre les populations du nord et du sud, elle est réelle. Elle est profonde. Quand je discute avec des intellectuels du sud, au début, ils semblent modérés, mais peu à peu, on s’aperçoit qu’ils sont totalement contre les Touaregs. Les premiers à diffuser ces messages de haine sont les griots qui chantent la période où les oreilles rouges prenaient femmes et enfants. Il y a vraiment une culture séculaire de la haine entre les deux régions.
Maurice Freund : C’est vrai, il y a pas mal d’argent qui arrivait de Bamako mais aussi de Kadhafi. Mais la corruption était endémique. Ce n’est pas nouveau. Tout le monde touchait à cet argent destiné à la région, des responsables du nord comme du sud. Il n’y a rien dans le nord. C’est vide. C’est logique que le djihadisme se soit développé dans la région. Il n’y a même pas 100m de goudron à Gao. Les gouverneurs et sous-préfets du sud ont eu des comportements inadmissibles ! La haine entre les populations du nord et du sud, elle est réelle. Elle est profonde. Quand je discute avec des intellectuels du sud, au début, ils semblent modérés, mais peu à peu, on s’aperçoit qu’ils sont totalement contre les Touaregs. Les premiers à diffuser ces messages de haine sont les griots qui chantent la période où les oreilles rouges prenaient femmes et enfants. Il y a vraiment une culture séculaire de la haine entre les deux régions.
Afrik.com : Quelle est la solution pour mettre fin à cette fracture entre nord et sud ?
Maurice Freund : La solution c’est de résoudre d’urgence les problèmes sociaux, en se basant sur la société civile et non les militaires, ni les politiques. Ils ne doivent pas s’en mêler. Cette voie de sortie, les populations du nord sont prêtes à la soutenir. Je suis d’ailleurs persuadé qu’ils peuvent régler leurs différends. Seulement, Bamako ne doit pas s’en mêler, ni la France. Il faut les laisser faire, ils finiront par trouver eux-mêmes une entente. Une chose est sûre, si Bamako leur donne l’autonomie, ils feront le ménage contre les Islamistes. Je pense que pour l’instant, seuls les arabes et les Touaregs sont en mesure de mener ce projet à bien.
Maurice Freund : La solution c’est de résoudre d’urgence les problèmes sociaux, en se basant sur la société civile et non les militaires, ni les politiques. Ils ne doivent pas s’en mêler. Cette voie de sortie, les populations du nord sont prêtes à la soutenir. Je suis d’ailleurs persuadé qu’ils peuvent régler leurs différends. Seulement, Bamako ne doit pas s’en mêler, ni la France. Il faut les laisser faire, ils finiront par trouver eux-mêmes une entente. Une chose est sûre, si Bamako leur donne l’autonomie, ils feront le ménage contre les Islamistes. Je pense que pour l’instant, seuls les arabes et les Touaregs sont en mesure de mener ce projet à bien.
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