lundi 16 avril 2012





Mali : le MNLA confronté à des choix

En dépit de sa victoire rapide sur l’armée malienne et l’occupation de vastes territoires, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) est victime de profondes dissensions, qui fragilisent ses acquis récents et l’exposent à l’influence de courants islamistes radicaux, notam­ment Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Des courants qui tentent de profiter de la situation pour imposer leur loi, comme cela s’est passé lors de la prise de Tombouctou.
La direction politique du MNLA pousse le chef militaire du mouvement, le colonel Mohamed Ag Najem, à fédérer tous les courants du mouvement. Ag Najem a résidé en Libye durant des années, où il servait au sein des forces du colonel Kadhafi, et a quitté ce pays à la suite de la Révolution. Son passage au Mali, où il a rejoint le MNLA, à la tête d’environ 4 000 soldats, a contribué de façon décisive à changer l’équilibre des forces dans ce pays, au détriment de l’armée ma­lienne. A ce jour, il semble se refuser à entrer dans les querelles au sein du mouvement et s’efforce de mener des contacts avec les pays de la région, afin d’endiguer l’influence des groupes radicaux. Ag Najem soup­çonne les services de sécurité algériens de soutenir le mouvement isla­miste Ansar Dine, afin d’affaiblir la cohésion des Touaregs et de favoriser les divisions au sein du MLNA. Selon des sources locales, l’enlèvement du consul d’Algérie à Gao, avec un certain nombre d’employés du consu­lat, par le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) — issu de la scission d’AQMI — est destiné à faire pression sur Alger, pour qu’il s’abstienne de toute intervention directe militaire dans le conflit.
Du côté français, même si, officiellement, Paris ne soutient pas le mouvement touareg, la DGSE tente de l’aider à endiguer l’influence d’AQMI et des autres groupes islamistes dans le Sahel. En outre, la France compte sur ses bonnes relations avec la Mauritanie pour tenter d’influer sur la situation dans la région. Du côté des organisations djiha­distes, AQMI aurait été pris de court par les événements au Mali. Son intervention sur le terrain semble avoir été tardive et les combattants djihadistes arabes ne semblent avoir fait leur apparition dans la région qu’au cours des dernières semaines.
La participation d’Ansar Dine, commandé par Iyad Ag Ghali, un Touareg qui recrute localement au sein de son ethnie, a néanmoins été décisive pour la prise de Tombouctou. Iyad Ag Ghali a fait alliance avec le mouvement d’Abou Abdelkarim Targui, connu pour son implication dans le trafic de drogue et ses liens avec AQMI. Grâce à cette alliance, Ansar Dine a réussi à se renforcer, le nombre de ses combattants passant d’un peu plus d’une centaine en janvier dernier à plus d’un millier, composés pour la plupart de Touaregs, parfois enrôlés de force. Aujourd’hui, nul doute que la situation dans le nord du Mali est amenée à évoluer rapidement. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) donne la priorité à la normalisation et à la restauration de la légalité à Bamako, avant de s’occuper du nord du pays. Un certain nombre d’options restent ouvertes pour arriver à un accord régional et international, dont celle d’une intervention militaire des pays d’Afrique de l’Ouest, avec le soutien logistique de la communauté international. La deuxième option étant l’ouverture de négociations avec les Touaregs, en leur proposant un statut d’autonomie contre un engagement de leur part à participer à la lutte contre AQMI.

Aucun commentaire: