Mali Gao : un quartier où s’érigeaient de luxueuses villas a été surnommé “Cocaïne City”/à proximité de l'état major de l' armée et des corps para-militaires du Mali(NDLR)comme quoi...
L’argent est bien le nerf de la curieuse guerre d’AQMI au Sahara et, pour leur financement, les katiba dépendent également de trafics, notamment de cocaïne, percevant des “impôts de passage” quand elles ne donnent pas un coup de main pour l’acheminement de cargaisons à travers le Sahara. Si une poignée de combattants parviennent à tenir en échec les pouvoirs de la région et à organiser à cette échelle prises d’otages et trafics, sont-ils en mesure de créer un futur sanctuaire pour Al-Qaida au coeur de l’Afrique ? Aucun spécialiste ne le croit.
Les pertes subies par AQMI ne sont pas suffisantes pour stopper ses activités, notamment dans le nord du Mali. Et des responsables français s’exaspèrent de voir le gouvernement local, selon une bonne source, “au mieux passif, sinon complice” face à la présence des katiba dans une partie du pays. Des interceptions de communications ont montré que certains officiers maliens échangeaient par téléphone portable avec des interlocuteurs d’AQMI. Une manière d’éviter la confrontation, mais aussi, parfois, de fixer certains arrangements concernant la circulation de trafiquants sur des routes discrètes, qui montent vers le nord, en direction de l’Algérie et “où l’armée évite absolument de se trouver”, assure la même source.
Les pertes subies par AQMI ne sont pas suffisantes pour stopper ses activités, notamment dans le nord du Mali. Et des responsables français s’exaspèrent de voir le gouvernement local, selon une bonne source, “au mieux passif, sinon complice” face à la présence des katiba dans une partie du pays. Des interceptions de communications ont montré que certains officiers maliens échangeaient par téléphone portable avec des interlocuteurs d’AQMI. Une manière d’éviter la confrontation, mais aussi, parfois, de fixer certains arrangements concernant la circulation de trafiquants sur des routes discrètes, qui montent vers le nord, en direction de l’Algérie et “où l’armée évite absolument de se trouver”, assure la même source.
Ahmadou Ould Abdallah, ancien représentant des Nations unies en Somalie et actuel directeur du C4S (Centre pour les stratégies pour la sécurité Sahel Sahara), ose le rapprochement entre trafics et liberté d’action d’AQMI : “Il n’y aurait pas d’AQMI dans la région sans complicités avec les services de renseignement et de sécurité, et avec des responsables des douanes.” Ces complicités s’étendraient partout, notamment en Algérie, mais aussi au Mali. A Gao, dans le nord du pays, un quartier où s’érigeaient de luxueuses villas a été surnommé… “Cocaïne City”.
Mais la relative liberté de mouvement dont bénéficie AQMI dans le nord du Mali tient à un autre facteur. Le président malien, Ahmadou Toumani Touré (ATT), a toujours considéré que la “guerre” d’AQMI n’était pas la sienne. Pourquoi le Mali irait-il combattre les katiba ? Le pays, déjà en proie à de grandes difficultés, aggravées par le déclenchement de la rébellion touareg, ferait alors figure d’ennemi d’Al-Qaida, susceptible d’être frappé par des attentats.
Mais la relative liberté de mouvement dont bénéficie AQMI dans le nord du Mali tient à un autre facteur. Le président malien, Ahmadou Toumani Touré (ATT), a toujours considéré que la “guerre” d’AQMI n’était pas la sienne. Pourquoi le Mali irait-il combattre les katiba ? Le pays, déjà en proie à de grandes difficultés, aggravées par le déclenchement de la rébellion touareg, ferait alors figure d’ennemi d’Al-Qaida, susceptible d’être frappé par des attentats.
La bande sahélo-saharienne fait aussi l’objet d’un “grand jeu” qui se joue à l’échelle régionale, mais aussi internationale. Et où toutes les positions ont été transformées par les retombées de la crise libyenne et des révoltes arabes.
La première conséquence est d’avoir ramené au Mali des centaines de combattants touareg bien armés, qui forment à présent le gros des troupes du MNLA. Mais aussi d’avoir provoqué un électrochoc philosophique parmi les têtes pensantes d’AQMI. Des membres sont repartis dans leur pays où les pouvoirs tombaient, notamment en Tunisie, alors que, dans le Sahara, les katiba ne semblaient s’occuper que de trafics et de prises d’otages. Il a donc fallu opérer un “changement radical de stratégie”, selon Mathieu Guidère, qui a poussé “Droukdal à se recentrer sur un djihad local, en ciblant le seul pays “apostat” qui reste à ses yeux un agent de l’Occident, l’Algérie”.
Depuis 2011, en effet, les accrochages meurtriers et les attentats se sont multipliés sur le sol algérien. Dernier en date : l’attentat-suicide qui a visé, le 3 mars, la garnison des gendarmes de Tamanrasset, faisant 23 blessés. Une première dans cette ville du Sud algérien où a été précisément créé, en 2010, un comité d’état-major opérationnel conjoint à l’Algérie, au Mali, à la Mauritanie et au Niger.
Dans l’intervalle, des forces spéciales étrangères se déploient dans la région. En Mauritanie, à Atar, trois bâtiments, d’une capacité de 150 lits, accueillent des troupes françaises venues entraîner leurs homologues mauritaniens. Des “instructeurs” américains, reconnaît le président mauritanien, sont aussi présents dans la région. La première confrontation militaire connue de troupes françaises avec AQMI a eu lieu le 22 juillet 2010, lorsque des forces spéciales et un contingent mauritanien ont tenté de libérer l’otage Michel Germaneau. La katiba avait subi des pertes importantes, mais l’otage n’avait pas été libéré. Trois jours plus tard, AQMI annonçait l’avoir exécuté, comme le prévoient les consignes du groupe. “Malgré cet échec, le paradoxe de cette opération, c’est que cela a renforcé notre conviction que les troupes d’AQMI pouvaient être défaites”, conclut une source sécuritaire française.
Isabelle Mandraud et Jean-Philippe Rémy
Journal le Monde
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