Crise profonde au Mali : La rébellion touareg pour une scission du pays
NOTRE VOIE
vendredi 16 mars 2012
Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), a lancé le 17 janvier dernier, une offensive militaire pour la reconquête d’espaces dans le nord malien qu’il dit lui appartenir. Depuis cette date, ce mouvement fait face à une résistance des forces de défense et de sécurité maliennes. Comme il fallait s’y attendre, les populations des localités prises dans l’étau des combats fuient leurs terres natales pour se réfugier dans les pays voisins tels que la Mauritanie, l’Algérie et le Niger qui les accueillent par dizaines de milliers. S’agit-il d’une révolte contre le pouvoir de Toumani Touré ou contre le peuple malien ? Pour en savoir davantage nous sommes entrés en contact avec M. Moussa Ag Achtouramane, chargé des Droits humains au sein du mouvement rebelle. Notre objectif étant de comprendre ce qui se passe réellement dans le nord Mali. Selon ce dernier, les origines du conflit remontent à la période coloniale. « Pour comprendre ce qui se passe dans le nord du Mali, il faudra revenir un peu en arrière, notamment vers la naissance des Etats africains dans les années 1960. Les Azawadiens (nord Mali, ndlr) avaient exprimé leur souhait, dans une lettre adressée à la France en 1958, de rester libres et indépendants sur leurs terres. Et qu’ils ne souhaitaient pas faire partie du Mali. Cette missive est restée lettre morte. L’Azawad a été rattaché au Mali, malgré l’opposition du peuple azawadien. Deux ans après l’indépendance du Mali, la première révolte éclate dans la région de Kidal. Cette révolte a été réprimée dans le sang. Des femmes et des enfants ont été massacrés dans l’indifférence totale. Même le cheptel n’a pas échappé au massacre. En tout cas, rien n’a été épargné par le Mali. Une deuxième révolte est intervenue en 1990, une troisième en 2006 et une quatrième en 2008. Tout cela prouve largement le rejet par la population de cet Etat qui lui a été imposé et qui occupe ses terres depuis 51 ans. C’est ce qui a poussé les fils de l’Azawad a créer un nouveau mouvement le 16 octobre 2011, le MNLA. Entendez, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad. Son seul objectif est de sortir le peuple de l’Azawad de l’occupation malienne et d’arriver à l’indépendance tant attendue », rappelle-t-il, ajoutant qu’il s’agit plus d’une « révolution contre un Etat » qui « occupe illégalement ses terres ». « A aucun moment, nous ne sommes contre le peuple malien que nous respectons beaucoup. Notre lutte est dirigée contre une politique d’occupation ». M. Moussa précise aussi qu’il ne s’agit pas uniquement que des Touaregs qui sont engagés dans cette lutte pour l’indépendance. Ils ont avec eux, les Arabes, les Songhaï et les Peuhls qui forment le peuple de l’Azawad. Parlant de la situation humanitaire et militaire, le chargé des Droits humains du MNLA soutient qu’elle est plus que grave et que leurs hommes, sur le plan militaire, ont le dessus. « La situation est critique. Cela est compréhensif, vu les résultats des combats, entre l’armée d’occupation du Mali et l’armée révolutionnaire du MNLA. Nous avons déjà le contrôle des trois frontières entre l’Azawad et le Niger, et l’Algérie et la Mauritanie. Nous contrôlons une grande partie de notre territoire. Mais nous poursuivrons le délogement de l’armée d’occupation de nos terres jusqu’à ce que le droit à l’auto-détermination de l’Azawad soit une réalité » indique-t-il. Moussa Ag, faisant un bref bilan de derniers affrontements qui ont duré 12 heures, lundi dernier à Tessalit, a indiqué que le MNLA tient toujours ses positions et contrôle désormais le camp d’Amachach.
Ouattara Abdul-Mohamed
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