mardi 3 juin 2014

fermer

REVUE DE PRESSE AFRIQUE

A la Une : le climat politique tendu au Niger

Frédéric Couteau
A la Une : le climat politique tendu au Niger
 
© AFP/Pius Utomi Ekpei

    Plusieurs opposants, arrêtés la semaine dernière, ont été libérés ce week-end à Niamey. Dans le même temps, la « marche pacifique » que l’opposition avait prévue hier dimanche contre le président Mahamadou Issoufou, a été interdite par les autorités. Le pouvoir nigérien souffle donc le chaud et le froid. Et à deux ans maintenant de l’élection présidentielle, le climat politique n’est pas apaisé, loin de là. C’est ce que relève l’hebdomadaire nigérien Le Monde d’Aujourd’hui dans sa dernière livraison. « Mon pays va mal » s’exclame-t-il. « Cette phrase du célèbre chanteur de reggae, l’ivoirien Tiken Jah Fakoly résume assez bien l’incertitude qui pèse sur notre Niger. La semaine écoulée a été très dure en évènements douloureux pour un peuple pacifique, habitué à la paix, à la quiétude. »
    Et l’hebdomadaire de pointer les manquement, selon lui, du pouvoir en place : « lorsqu’un régime voit en son opposition une rivale à combattre sans répit et sans aucune pitié ; lorsqu’un ministre de la République, de surcroît chargé de la sécurité de tous et de chacun, qualifie ceux qu’il est censé protéger d’'ennemis' ; lorsqu’un président de la République reste insensible aux périls qui planent sur la stabilité sociopolitique de son pays, préférant garder le silence comme si cela se passait sur une autre planète. (…) Lorsqu’un régime est si bien pénétré par la paranoïa au point qu’il voit en la moindre revendication syndicale ou associative, au moindre traitement et diffusion de l’information une 'perspective putschiste' ; lorsque dans un pays, c’est le gouvernement lui-même qui pose des actes, prononce des paroles de nature à offusquer ses concitoyens, à susciter la haine et le ras-le-bol. Il y a peu d’espoir de guérir, soupire Le Monde d’Aujourd’hui. Mon pays va mal. »
    Jeu dangereux
    En effet, constate le quotidien Le Pays au Burkina, on assiste en ce moment au Niger, à « un jeu dangereux au sommet de l’Etat. Plus rien ne va entre le président, Mahamadou Issoufou, et le président de l’Assemblée nationale, Hama Amadou. Depuis le départ du MODEM/LUMANA, parti de Hama Amadou, de la coalition présidentielle, le mercure politique n’est plus jamais retombé. Les deux hommes se vouent une haine morbide au point que la République elle-même s’en trouve affectée. Le climat sociopolitique est tendu avec en toile de fond des accusations mutuelles de préparations de coups tordus, de tentative de déstabilisation ou d’assassinat. (…) Devenus ennemis, les deux hommes semblent avoir pris en otage la République, constate encore Le Pays. Un jeu dangereux au sommet de l’Etat qui peut donner des arguments à l’armée pour revenir sur la scène politique. Ce qui constituerait un grand recul pour un pays qui avait commencé à imprimer sa marque en termes d’avancées démocratiques (…). Déjà, trop de mauvais signaux, soupire le quotidien burkinabé, ont été envoyés à la communauté internationale à travers les pressions tous azimuts exercées sur les médias, les arrestations d’opposants, les interdictions intempestives de manifester dans la capitale et en région, et on en oublie. »
    L’histoire va-t-elle se répéter ?
    Constat à peu près similaire pour L’Observateur Paalga , toujours au Burkina… « Décidément,relève-t-il, la danse du bord du précipice continue de plus belle au Niger avec, chaque jour, un pas supplémentaire de plus vers le gouffre, car, dans la perspective de la présidentielle de 2016, la rivalité politique entre le président en exercice et son dauphin constitutionnel tourne au psychodrame ponctué de violences. (…) Avec comme lame de fond, le choc des ambitions du président de la République, Mahamadou Issoufou, et de l’occupant du perchoir, Hama Amadou, présidentiable, des alliés d’hier, aujourd’hui engagés dans un duel à mort politiquement parlant. (…) Et on se demande, pointe L’Observateur Paalga, quel sera le dénouement, surtout que du nouveau est venu alourdir le climat, déjà délétère, puisqu’il est maintenant question aussi de tentative d’empoisonnement d’Hama Amadou moyennant la prime de 40 millions de nos francs (…). Vraie ou fausse, une telle allégation ajoute aux troubles, d’autant qu’il y avait encore dans les mémoires l’affaire de la vraie ou fausse attaque du domicile d’Hama Amadou en février dernier. »
    Bref, relève le quotidien burkinabé, « la politique au Niger est un long fleuve pas vraiment tranquille, dont les eaux semblent sans cesse refluer. Comme si une vague, suivant des cycles plus ou moins espacés dans le temps, remontait son cours et entraînait avec elle les mêmes eaux usées : une coalition fragile fondée sur des calculs d’apothicaire, des egos incapables de s’effacer, puis un clash et une recomposition des alliances… Et toujours les mêmes têtes qui émergent : Hama Amadou, Mahamadou Issoufou, Mahamane Ousmane, Seïni Oumarou. Etant donné l’issue militaire de 1996 au précédant blocage institutionnel, la Grande Muette, conclutL’Observateur Paalga, pourrait de nouveau arbitrer le jeu politique. Qui sait si ce n’est pas précisément ce que certains veulent. »

    RFI dernières éditions

    Commentaires

    Guest
    Suivre
    There are no comments yet.
     
    Les cookies assurent le bon fonctionnement de nos services.
    En utilisant ces derniers, vous acceptez l'utilisation des cookies. En savoir plus...
    Masquer

    Aucun commentaire: