Des forces de sécurité libyennes à Benghazi, le 25 juin 2014. © Abdellah Doma/AFP
En marge du 23è sommet de l’Union africaine, qui se clôture ce soir à Malabo, les pays voisins de la Libye ont constitué un "groupe des six" pour suivre de plus près l'évolution du turbulent pays. Mais aussi pour prendre le relais d’une diplomatie occidentale qui, pensent-ils, a montré ses limites.
Le 27 juin, l'Algérie, la
Tunisie, le Soudan, le Tchad, l'Égypte et le Niger ont ainsi officialisé des tractations informelles qui se tiennent depuis plusieurs mois pour trouver une solution à la déliquescence de l'État libyen. Sous l'égide de l'Algérien
Ramtane Lamamra, les six ministres des Affaires étrangères ont donc mis sur pied une commission qui se réunira régulièrement.
Dans un document transmis à l’UA, les chefs de la diplomatie tiennent à assumer "leur responsabilité collective" et soulignent la "nécessité d’aboutir à un consensus total autour d’une feuille de route menant à une réconciliation nationale". Pour ce faire, ils entendent bien "se montrer solidaire avec ses institutions exécutives, législatives et tribales".
Les voisins de la Libye sont déçus des initiatives entreprises par les différentes diplomaties occidentales en Libye. "La diplomatie occidentale a considérablement échoué en Libye. Les émissaires des institutions internationales ne comprennent pas la complexité de ce pays", tranche un diplomate maghrébin. Illustration avec le chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (MINUL), Tarek Mitri. Sur la sellette depuis qu’il s’est tourné unilatéralement en mars vers Rached Ghannouchi, le président du mouvement islamiste tunisien Ennahdah, pour amorcer une médiation en Libye, Mitri pourrait être remercié d’ici le mois d’août, selon un fonctionnaire onusien.
L'Algérie en tête et l'Égypte de retour sur la scène diplomatique
Ce nouveau groupe des Six s’est formé sur ce constat conjugué à une aggravation de la situation en Libye. Lors de la conférence de Rome qui s’est tenue le 6 mars, les ministres des Affaires étrangères de l’Algérie, du Niger et du Tchad avaient évoqué cette initiative régionale avec l’ancien Premier ministre libyen, Ali Zeidan. "Nous avons demandé à l’Algérie de prendre la direction de ce projet", explique Mohamed Bazoum, chef de la diplomatie nigérienne.
"Nous pensons qu’il faut que les patriotes libyens se parlent et nous sommes disposés à aider à créer les conditions d’un dialogue", explique le ministre algérien Lamamra.
À Malabo où le 23è sommet de l’UA a été marqué par le retour de l’Égypte au sein de l’organisation et la présence d’Abdel Fatah el Sissi, le ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri, s’est montré particulièrement volontaire pour s’impliquer lui aussi dans ce groupe. Ils ne seront pas de trop pour se mesurer aux problèmes colossaux de l'ancien pays de Kadhafi.