Nord-Mali : l'opération Panthère se solde par une victoire dans l'AmetettaïFrançais et Tchadiens ont pris samedi le contrôle de ce bastion d'AQMI dans l'Adrar au terme de 3 semaines de combats.
La bataille de l'Ametettaï est terminée et c'est une défaite sans appel pour les combattants d'AQMI. Au terme de trois semaines de combats, Français et Tchadiens ont pris, samedi, le contrôle de cette vallée du massif des Ifoghas, dans le nord du Mali, dont les djihadistes avaient fait l'un de leurs bastions.
Dans le cadres des opérations Panthère, les Français y sont arrivés à la mi-février, avec des premières incursions des forces spéciales, le 13. Les djihadistes, qui espèraient "fixer" les Français plus au sud, ont été extrêment surpris de leur arrivée si rapide dans leur fief. Au départ, Français et Tchadiens (ceux-ci à l'Est) encerclent une zone de 30 sur 60 km, qui va être progressivement et méthodiquement reconquise sur trois axes. Au final, restait un carré de 5 sur 5. On ignore toujours le nombre exact de combattants ennemis qui s'y étaient retranchés, sans doute entre 100 et 200. Disposaient-ils d'une organisation "industrielle", comme l'a affirmé lundi le chef d'état-major des armées sur Europe 1 ? Il est clair en tout cas qu'ils étient organisés, avec ces points d'appui renforcés et des dépôts logistiques importants. Des véhicules avaient été "embossés", c'est à dire protégés dans des tranchées. Tout cela traduit un réel savoir-faire militaire. S'ils possédaient des armes lourdes - par exemple un obusier de 122 mm D-30, ils ne semblent pas en avoir fait usage lors des combats récents. Ceux-ci se sont déroulés à l'arme lourde d'infanterie (mitrailleuse de 12,7 mm et 14,5 mm ou mortiers). Selon les premières analyses, ces armes proviendraient pour l'essentiel de l'armée malienne et non des stocks de l'armée libyenne... Autre mythe qui s'effondre : aucun missile sol-air en état de fonctionner n'a été découvert. L'installation d'AQMI dans ce secteur remonte à plusieurs années, et s'est sans doute faite avec la complicité tacite de l'ancien gouvernement malien d'ATT... La stratégie française consistait à détruire la logistique d'AQMI, à savoir ses ressources en eau, nourritures, essences et armements. Ainsi, les puits étaient surveillés... Dès que des objectifs étaient repérés, ils étaient traités par des "feux" d'artillerie (mortier ou canon Caesar), hélicoptères de combat ou aviation. Un peu moins de 2000 hommes ont été engagés au sol dans cette affaire, à part quasiment égale entre Français et Tchadiens. En plus, les Français fournissaient l'appui hélicoptères. 2 GTIA (bataillons) français ont été engagés : le GTIA TAP, formé autour du 1er RCP et du 2ème REP et le GTIA 3 autour du 1er RIMa. Les combats se sont soldés par la mort de deux Français et de vingt-trois Tchadiens. Côté AQMI, le bilan est plus incertain, sans doute un peu moins de cent. Une partie des combattants ennemis ont sans doute pu s'exfiltrer à pied de ce secteur. Les combattants ennemis étaient particulièrement déterminés : ainsi, alors qu'un groupe de militaires français s'approchait de deux blessés, ceux-ci se sont fait exploser à la grenade dans une dernière tentative d'attentat suicide, qui a heureusement échouée... Les chefs djihadistes Abu Zeid et Mokhtar Belmokhtar ont-ils été tués, comme l'affirment les Tchadiens ? L'incertitude demeure. La mort du premier est jugée "probable" sur la base de trois éléments : des témoignages, des analyses anthropométriques et son arme personnelle. Mais probable ne veut pas dire certaine. En revanche, celle de Mokhtar Belmokhtar laisse les spécialistes français plus dubitatifs. Concernant les otages français détenus par AQMI, aucune trace n'a été trouvée et aucun élément nouveau n'est apparu. Que va-t-il se passer après la victoire de l'Amatettaï ? La guerre continue pour, selon les mots de l'amiral Guillaud, "leur casser les reins". Le secteur de l'Amatettaï sera fouillé alors que le filet va être jeté dans d'autres secteurs de l'Adrar des Ifoghas, dans l'espoir de tomber sur d'autres combattants ennemis. Avec l'arrivée de la saison des pluies, entre la mi-mars et la mi-avril, la météo risque de compliquer rapidement les opérations. La stratégie mise en oeuvre dans l'Adrar s'inspire des leçons de la guerre...navale. "Sur mer, il est très long d'obtenir le contact avec l'ennemi , mais quand on a le contact on ne le lâche plus". C'est exactement cela qu'il se passe au Mali, avec une guerre de mouvement : "On a fait des sauts, en refusant d'être fixés ou de reconquérir le terrain. On a été imprévisibles".
Mardi 5 Mars 2013
Jean-Dominique Merchet
http://www.marianne.net/blogsecretdefense/Nord-Mali-la-bataille-de-l-Ametettai-est-terminee_a972.html
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mardi 5 mars 2013
Nord-Mali : l'opération Panthère se solde par une victoire dans l'Ametettaï
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