Dar es Salaam, Durban, Brazzaville, l’itinéraire du premier voyage officiel de Xi Jinping n’est pas innocent. Les Chinois veulent dire à l'Afrique qu’elle compte pour eux. Cela a été dit dès l’étape tanzanienne au cours de laquelle le président Xi Jinping a assuré que les relations entre son pays et l'Afrique allaient s'intensifier dans les années à venir.
Ce qui intéresse beaucoup les Chinois, ce sont les matières premières africaines, que ce soient le pétrole, le charbon, le gaz, les métaux. C’est le cas en Tanzanie, par exemple. « La Tanzanie a beaucoup de ressources naturelles à offrir à la Chine et a aussi des terres agricoles sous-utilisées, comme le souligne l'économiste tanzanien Ibrahim Lipumba, par ailleurs président du Civic United Front, un parti politique d'orientation libérale. Les Chinois souhaitent évidemment avoir accès à ces richesses. Par exemple, nous avons découvert du gaz naturel dans nos eaux de l'Océan Indien. Mais nous avons aussi beaucoup de terres agricoles susceptibles d'être exploitées pour produire du soja, des oléagineux, du manioc qui pourraient servir d'aliments pour le bétail chinois. »
200 milliards de dollars d’échange
La Chine a besoin de tout ce que l’Afrique peut lui offrir. Pétrole, gaz, charbon, métaux, la production des pays africains part de plus en plus vers la Chine. A tel point que ces dernières années, les relations économiques entre la Chine et l’Afrique n’ont fait qu’augmenter alors que, crise oblige, celles de l’Afrique avec les zones développées, Etats-Unis et Europe de l’Ouest, ont chuté.
En 2012, les relations entre la Chine et l'Afrique ont atteint les 200 milliards de dollars, presque le double des relations entre le continent et les Etats-Unis, comme le souligne Simon Freemantle, un analyste économique de la Standard Bank, à Johannesbourg.
La crainte d’une nouvelle colonisation
Pourtant, cet intérêt de la Chine pour les richesses africaines commence à susciter des inquiétudes chez certains dirigeants africains. Très récemment, une des grandes voix du monde économique continental s'est émue des déséquilibres dans les relations entre la Chine et ses partenaires africains : le gouverneur de la banque centrale du Nigeria, Sanusi Lamido, a constaté, dans une tribune publiée par le Financial Times, que l'Afrique vendait à la Chine ses matières premières et que la Chine vendait des produits transformés à l'Afrique.
Pour Sanusi Lamido, il est clair que c'est là une relation coloniale. Et il n'est pas le seul à faire ce constat. Par exemple, Arnaud Dabancourt, un chef d'entreprise franco-sud-africain qui sillonne en permanence la région, constate à longueur de voyages que partout où des chantiers de travaux publics sont confiés à des entreprises chinoises, la main d’œuvre est chinoise.
Lors de ses déplacements professionnels en Angola, Arnaud Dabancourt, fondateur et directeur de l’entreprise Tristan Export, constate même que les immigrants chinois, fidèles à leur légende de grands commerçants, ouvrent échoppes et restaurants, allant même jusqu’à investir le secteur traditionnel du commerce ambulant dans les rues de Luanda, la capitale angolaise. Et pour Arnaud Dabancourt, c’est une forme de colonialisme.
Entreprises chinoises, main d’œuvre chinoise
Au Congo, troisième et dernier pays visité par le président Xi Jinping à l’occasion de cette première tournée africaine, les entreprises chinoises participent aux appels d'offre que lance l'Etat. Elles y sont autorisées en vertu d’un accord stratégique entre les deux pays. Les investisseurs chinois sont membres des chambres de commerce et d’industrie locales. C’est en particulier le cas à Pointe-Noire, la capitale de l’off-shore pétrolier du Congo-Brazzaville.
Sur les routes, sur les chantiers d’infrastructures dont la responsabilité a été confiée à des entreprises chinoises, il y a aussi des ouvriers chinois. Mais aux yeux de Sylvestre Didier Mavouenzela, le président de la chambre de commerce et d’industrie de Pointe-Noire, tout de prudence et de diplomatie, le mélange entre travailleurs chinois et congolais se fait de belle manière.
Et si Sylvestre Didier Mavouenzela reconnait qu’il serait bon d’accélérer les transferts de compétence entre Chinois et Congolais, s’il reconnait que les entreprises chinoises devraient recourir plus qu’elles ne le font à des sous-traitants congolais, il résiste à l’emploi du mot « colonisation » que d’autres prononcent sans problème.
C’est que, malgré le déséquilibre actuel des relations entre Chine et Afrique, le continent noir ne serait globalement pas en train de décoller sur le plan économique si son wagon n'était pas accroché à la locomotive chinoise.
Ce qui intéresse beaucoup les Chinois, ce sont les matières premières africaines, que ce soient le pétrole, le charbon, le gaz, les métaux. C’est le cas en Tanzanie, par exemple. « La Tanzanie a beaucoup de ressources naturelles à offrir à la Chine et a aussi des terres agricoles sous-utilisées, comme le souligne l'économiste tanzanien Ibrahim Lipumba, par ailleurs président du Civic United Front, un parti politique d'orientation libérale. Les Chinois souhaitent évidemment avoir accès à ces richesses. Par exemple, nous avons découvert du gaz naturel dans nos eaux de l'Océan Indien. Mais nous avons aussi beaucoup de terres agricoles susceptibles d'être exploitées pour produire du soja, des oléagineux, du manioc qui pourraient servir d'aliments pour le bétail chinois. »
La Chine a besoin de tout ce que l’Afrique peut lui offrir. Pétrole, gaz, charbon, métaux, la production des pays africains part de plus en plus vers la Chine. A tel point que ces dernières années, les relations économiques entre la Chine et l’Afrique n’ont fait qu’augmenter alors que, crise oblige, celles de l’Afrique avec les zones développées, Etats-Unis et Europe de l’Ouest, ont chuté.
En 2012, les relations entre la Chine et l'Afrique ont atteint les 200 milliards de dollars, presque le double des relations entre le continent et les Etats-Unis, comme le souligne Simon Freemantle, un analyste économique de la Standard Bank, à Johannesbourg.
La crainte d’une nouvelle colonisation
Pourtant, cet intérêt de la Chine pour les richesses africaines commence à susciter des inquiétudes chez certains dirigeants africains. Très récemment, une des grandes voix du monde économique continental s'est émue des déséquilibres dans les relations entre la Chine et ses partenaires africains : le gouverneur de la banque centrale du Nigeria, Sanusi Lamido, a constaté, dans une tribune publiée par le Financial Times, que l'Afrique vendait à la Chine ses matières premières et que la Chine vendait des produits transformés à l'Afrique.
Pour Sanusi Lamido, il est clair que c'est là une relation coloniale. Et il n'est pas le seul à faire ce constat. Par exemple, Arnaud Dabancourt, un chef d'entreprise franco-sud-africain qui sillonne en permanence la région, constate à longueur de voyages que partout où des chantiers de travaux publics sont confiés à des entreprises chinoises, la main d’œuvre est chinoise.
Entreprises chinoises, main d’œuvre chinoise
Au Congo, troisième et dernier pays visité par le président Xi Jinping à l’occasion de cette première tournée africaine, les entreprises chinoises participent aux appels d'offre que lance l'Etat. Elles y sont autorisées en vertu d’un accord stratégique entre les deux pays. Les investisseurs chinois sont membres des chambres de commerce et d’industrie locales. C’est en particulier le cas à Pointe-Noire, la capitale de l’off-shore pétrolier du Congo-Brazzaville.
Sur les routes, sur les chantiers d’infrastructures dont la responsabilité a été confiée à des entreprises chinoises, il y a aussi des ouvriers chinois. Mais aux yeux de Sylvestre Didier Mavouenzela, le président de la chambre de commerce et d’industrie de Pointe-Noire, tout de prudence et de diplomatie, le mélange entre travailleurs chinois et congolais se fait de belle manière.
Et si Sylvestre Didier Mavouenzela reconnait qu’il serait bon d’accélérer les transferts de compétence entre Chinois et Congolais, s’il reconnait que les entreprises chinoises devraient recourir plus qu’elles ne le font à des sous-traitants congolais, il résiste à l’emploi du mot « colonisation » que d’autres prononcent sans problème.
C’est que, malgré le déséquilibre actuel des relations entre Chine et Afrique, le continent noir ne serait globalement pas en train de décoller sur le plan économique si son wagon n'était pas accroché à la locomotive chinoise.
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