mercredi 27 mars 2013


Par : Valentin Mbougueng
Publié le : 26/03/13
Partout dans le monde, des djihadistes se font exploser en même temps que leurs ennemis pour servir, selon eux, la cause d’Allah. Si le sort des mécréants tués est connu (l’enfer sans aucun doute), celui des combattants semble diverger en fonction du lieu. À voir le fort engouement des candidats au martyre pour la Syrie et leur timidité dans le sable malien, j’en suis arrivé à l’hypothèse qu’un djihad à Damas permettrait d’aller plus vite au paradis qu’un djihad dans l’un des pays les plus pauvres du monde, le Mali, situé qui plus est en Afrique noire.
Les appels à rejoindre le front malien pour lutter contre la « croisade française contre l’islam » lancés par la cellule yéménite d’Al-Qaïda n’ont pas déclenché les grandes vocations espérées. Pourtant, l’un des groupes acculés au nord du Mali s’appelle Ansar Eddine (défenseurs de la Religion). Pourquoi les salafistes djihadistes ne volent-ils pas au secours de leurs frères ? Les considéreraient-ils comme des musulmans de seconde zone ? Auraient-ils peur de ne pas être sûrs d’atteindre le paradis à partir d’un coin aussi pauvre, aux allures d’enfer ? Pourquoi les « mécréants » français choisissent-ils, de faire la guerre aux salafistes d’Ansar Eddine, du Mujao et d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, mais une fois au Moyen-Orient, d’aider les groupes salafistes qui luttent pour un État wahhabite appliquant à la lettre la charia ?
L’intervention du député belge Laurent Louis, le 17 janvier dernier, devant le Parlement belge, est édifiante. En armant les rebelles fanatiques, comme les Occidentaux ont auparavant armé Oussama ben Laden, « les pays occidentaux en profitent pour implanter dans “les nouveaux pays”, comme on dit, des bases militaires, tout en favorisant leurs entreprises nationales. Tout est donc stratégique », soutient l’intrépide trentenaire. Poursuivant son argumentaire, Laurent Louis rappelle quelques vérités tues.« En Irak, nos alliés américains ont mis la main sur les richesses pétrolières du pays. En Afghanistan, ce fut sur l’opium et la drogue, toujours très utiles pour se faire beaucoup d’argent assez rapidement. En Libye, en Tunisie, en Égypte ou encore en Syrie, le but fut – et est encore actuellement – de renverser des pouvoirs modérés pour les remplacer par des pouvoirs islamistes, qui très rapidement deviendront gênants et que nous attaquerons sans vergogne sous prétexte de lutter – à ce moment-là encore – contre le terrorisme ou de protéger Israël.»
Et les salafistes ? Pourquoi accourent-ils vers la Syrie davantage que dans le désert malien ? Des tentatives d’explication collectées, celle-ci m’a paru digne d’intérêt. Accrochez-vous, car l’histoire va chercher bien loin du turban, pour sombrer dans des considérations sexuelles. Vous le savez sans doute, au paradis, chaque djihadiste martyr se voit offrir de belles et plantureuses vierges. Eh bien, les djihadistes qui passent leur examen de passage vers le paradis à partir de Damas ou d’Alep ont quelques longueurs d’avance sur les autres, parce qu’ils peuvent expérimenter ici-bas, ce qui les attend là-haut.
Tout a été rendu possible par une fatwa révolutionnaire intitulée « de la porte du djihad par le mariage en Syrie », émise par dignitaire religieux saoudien, le cheikh Mohammed al-Arifi. Le décret de ce cheikh tend à rendre légaux, d’un point de vue religieux, les rapports sexuels avec des filles syriennes pour les mercenaires djihadistes non mariés ou loin de leurs épouses. Grâce à cette fatwa, ils pourront contracter mariage, pour une durée ne dépassant pas quelques heures, avec celles non mariées, répudiées ou divorcées. Selon Algérie 1 qui donne l’info, « après avoir assouvi ses plus bas instincts, le “Moudjahid Fi Sabil Illah” se doit de prononcer trois fois la fameuse répudiation et le tour est joué. Dès que la répudiation est prononcée, un autre mercenaire prend la même pour “épouse” et ainsi de suite ».
Pour les auteurs de ce décret singulier, cette autorisation sert la cause supérieure du djihad, puisqu’elle a pour objectif « de permettre aux combattants d’exercer leur droit aux rapports sexuels, ce qui renforce leur courage et augmente leur capacité et leur moral dans le combat ».
Aussitôt dit aussitôt fait, poursuit notre confrère algérien. « Dans les régions syriennes sous contrôle des combattants islamistes, la propagande a commencé par inciter au “djihad par le mariage” les filles âgées de 14 ans et plus et celles qui ont été répudiées à appliquer cette fatwa considérée comme “le djihad des femmes contre Bachar al-Assad”. Pour attirer plus de candidates au “djihad par le mariage” le dignitaire à l’origine de cette fatwa précise que c’est “un djihad dans la voie d’Allah, pratiqué selon les modalités islamiques, et qui assurera à la personne qui l’entreprend l’entrée au paradis”. » Qui a dit que celle-ci était étroite ?

http://www.afrique-asie.fr/component/content/article/64-societe/5227-le-djihad-par-la-bombe-et-le-djihad-par-le-mariage.html

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