Publiée le 21/03/2013
Armées : les politiques entrent en résistance
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Les menaces autour du budget de la Défense prennent une tournure politique. Le sénateur socialiste Jean-Louis Carrère monte au créneau. En cas de réorganisation, les forces armées lorraines pourraient être concernées.
Il est socialiste, ce qui confère encore plus de poids à ses propos vis-à-vis de la majorité gouvernementale.
DOSSIER
Le sénateur des Landes Jean-Louis Carrère, président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, ne mâche pas ses mots depuis que les différents scénarios – au mieux catastrophiques et au pire cataclysmiques – du futur budget de la Défense ont fuité (lire RL du 15 mars). En coulisses, une guerre oppose Bercy au ministère de la Défense. Le prochain épisode se jouera demain matin à l’Élysée, où François Hollande convoque un premier conseil de défense pour discuter de la question.
Jean-Louis Carrère y sera-t-il entendu ? Le sénateur réclame le maintien minimal du budget à 1,5 % du PIB (produit intérieur brut), contre 1,56 % aujourd’hui : « L a Défense doit être dans la même logique contributive que les autres budgets. Mais les crédits de dépenses ne doivent pas se situer en dessous de ce seuil. On perdrait alors déjà 1,2 milliard. C’est dans le domaine du supportable. Et cela constitue déjà un effort après ce qui a été vécu ces dernières années. »
Sauf qu’un scénario descend à 1,1 % du PIB, soit 50 000 suppressions de postes et autant dans l’industrie militaire : « La réponse est non. Ce scénario ne correspond pas à la définition des risques tels que nous les avons évalués. On ne pourrait pas rester un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu. On détruirait des pans entiers de notre Défense. Notre armée conventionnelle deviendrait déliquescente. On serait réduit à une dissuasion nucléaire et quelques forces spéciales. Et on aurait donc des trous capacitaires phénoménaux. »
Trois lacunes
Le sénateur pointe déjà trois lacunes de nos armées : les ravitailleurs en vol, les transports de troupes et les possibilités de reconnaissance et d’observation (drones). « Si on n’avait d’ailleurs pas l’appui des Américains pour les drones et des Antonov russes, on n’aurait pas pu entrer au Mali », insiste l’élu.
Second facteur aggravant pour le sénateur, l’aspect économique : « Au moment où on se bat pour la réindustrialisation du pays, sacrifier des pans entiers de nos industries de Défense serait dramatique. Elles produisent 5 milliards d’euros par an dans notre balance commerciale. Autant que l’agriculture. On a besoin de ces 400 000 emplois. Ce sont des lieux d’excellence en matière de recherche et de développement, dont bénéficie aussi la recherche civile. Comment imaginer qu’on ne puisse même pas acquérir l’A400 M, un des fleurons à l’export produit par EADS ? Ce serait dramatique. »
Un discours qui dépasse tous les clivages politiques au Sénat. Seul le groupe Ecologie-Les Verts n’a pas rejoint le combat. Le CRC (Communistes, républicains, citoyens) s’est abstenu positivement. Forts de cette mobilisation, les sénateurs menacent de recaler la loi de programmation militaire l’été prochain : « Depuis cinq ans, l’armée a subi des traumatismes incroyables. Sabre au clair, on a supprimé 54 000 postes avec une violence incroyable. Il faut laisser souffler les personnels et les territoires », conclut Jean-Louis Carrière.
Philippe MARQUE.
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