lundi 4 mars 2013

Les djihadistes au Mali ont-ils des "armes lourdes" ?

Le Point.fr - Publié le 

Dans les combats de l'Adrar des Ifoghas, ils n'utilisent que des armes d'infanterie. Ils n'en sont pas moins redoutables lors des affrontements.

Photo d'illustration
Photo d'illustration © Mohamed Sifaoui / Sipa
Par 
       
  •  
  •  
  •  

Depuis que les affrontements ont commencé dans l'Adrar des Ifoghas, voici bientôt deux semaines, les militaires français évoquent parfois la possession par les djihadistes d'armes "lourdes". Renseignement pris, ce n'est pas le cas. À tout le moins, celles dont la présence a été évoquée n'appartiennent pas à cette catégorie. Selon toute vraisemblance, et jusqu'à preuve du contraire, Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique) et le Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) ne possèdent que des armes légères. Lesquelles sont, selon la définition retenue par l'ONU, "toute arme meurtrière portable à dos d'homme qui propulse ou lance des plombs, une balle ou un projectile par l'action d'un explosif, ou qui est conçue pour ce faire ou peut être aisément transformée à cette fin, à l'exclusion des armes légères et de petit calibre anciennes ou de leurs répliques".
Plus précisément, et selon les termes définis par les organisations internationales et les organisations non gouvernementales Oxfam et Amnesty International qui ont publié le rapport baptisé "Vies brisées, plaidoyer pour un contrôle renforcé des ventes d'armes à l'échelon international" : "Les armes de petit calibre sont réservées à un usage personnel ; les armes de petit calibre sont utilisées par plusieurs personnes formant une équipe. Les armes de petit calibre incluent : les revolvers et les pistolets automatiques ; les fusils et les carabines ; les mitraillettes ; les fusils d'assaut et les mitrailleuses légères. Les armes légères incluent les mitrailleuses lourdes ; les lance-grenades, les missiles antiaériens et antichars portatifs ; les fusils sans recul ; les lanceurs portatifs de missiles antichars, les systèmes de roquettes et les systèmes de missiles antiaériens ; les mortiers d'un calibre inférieur à 100 mm ; les munitions, les obus et les missiles pour l'ensemble des systèmes précités ; les grenades ; les mines terrestres ; et les explosifs."

Les armes légères sont meurtrières

Selon les informations diffusées par l'état-major des armées à Paris, les armes les plus puissantes dont disposent les djihadistes sont des mitrailleuses lourdes russes de calibre 14,5 mm et peut-être des mortiers. Mais les Français n'ont jamais trouvé de missiles antiaériens et si les caches qu'ils ont découvertes sont bien garnies de munitions, d'explosifs et d'engins meurtriers de types variés, ce ne sont jamais des armes lourdes. Exception : quelques blindés volés à l'armée malienne, dont un vieux BRDM-2 récemment détruit dans les Ifoghas. Qui ne devaient pas être bien dangereux... Ce n'est pas le cas des kalachnikovs et autres fusils de tireurs d'élite Dragunov utilisés par les snipers d'Aqmi. Ces armes ont beau être des armes d'infanterie banales et diffusées dans le monde à des millions d'exemplaires, ce sont elles qui tuent les soldats français.
Qu'on ne s'y trompe pas : les armes légères sont extrêmement meurtrières et tuent 12 000 personnes par an sur le seul territoire américain où elles sont légales. En 2006, le ministère français des Affaires étrangères estimait que les armes légères avaient tué quatre millions de personnes sur la planète depuis 1990. Et le quai d'Orsay notait alors que ces armes "sont à l'intersection de quatre menaces majeures : le terrorisme, les conflits régionaux, la déliquescence des États et le crime organisé". Autant de définitions qui, cumulées, s'appliquent parfaitement au conflit malien !

Aucun commentaire: