jeudi 9 août 2012


Nord-Mali: s'opposer au Mujao, ça peut très mal finir

L'AUTEUR
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Alors qu’au Nord-Mali, les islamistes du Mujao (Mouvement pour l'unicité du Jihad en Afrique de l'Ouest) martyrisent, amputent et lapident la population, certains se rebellent contre la charia, qui leur est imposée.
Des contestataires qui paient cher leurs actes de bravoure isolés.
A l’image d’Abdul Malick Maiga, animateur de la radio locale d’Adaar Khoïma, à Gao. Héros ordinaire, ce dernier a empêché l’amputation de la main d’un homme, relate le site d’information RNW.
A peu de choses près, son geste aurait pu lui coûter la vie. Le Mujao (Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l’Ouest) l’a violemment passé à tabac.
Résultat, Abdul Malick Maiga est désormais à l’hôpital.
Il témoigne à RNW du calvaire des habitants de Gao etTombouctou:
«Tous ceux qui ne veulent pas collaborer avec le Mujao sont menacés soit par message, soit par téléphone, soit rentrent chez eux. Tout le monde est menacé ici.»
Lui, plus que les autres. Car Abdul Malick Maiga avait également commis l’affront de mobiliser la jeunesse de Gao pour protester contre les dérives de la charia.
Et indirectement, contre le Mujao. La manifestation avait, le 5 août, remporté un franc succès.
En tant que journaliste, Abdul Malick Maiga est d’autant plus surveillé par le Mujao. L’organisation islamiste n’hésite d’ailleurs pas à l’intimider sur son lieu de travail. Preuve, s’il en fallait une, de ladifficulté d’informer les populations:
«Le 5 août, j’étais en studio pour présenter mon journal. J’avais à peine commencé une interview en direct, que j’ai vu des islamistes entrer avec leurs armes. Sans poser de questions, le premier m’a frappé dans le dos avec son arme. Ils ont commencé à me frapper de la tête aux pieds en me disant: Tu continues à nous critiquer! C’est ton dernier jour. Tu ne parleras plus. C’est fini.»
Laissé pour mort au milieu d'une route, Abdul Malick Maiga parviendra par miracle à recevoir des soins.
Et malgré les pressions et les menaces, il souhaite continuer son métier de journaliste:
«Je le fais pour les sans-voix. J’ai reçu le soutien de l’ensemble de la population de la région. Les jeunes, les femmes, tout le monde.»
Le journaliste égratigne sérieusement la position du gouvernement malien, resté à Bamako:
«Depuis que Gao est tombé le 31 mars 2012, le gouvernement n’a même pas envoyé une délégation pour assister les pauvres populations. Les zones occupées sont carrément délaissées et ici on pense que c’est la faute du gouvernement.»
Lu sur RNW

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