Crise malienne : Tant que le cas Sanogo ne sera pas réglé… |
Jeudi, 02 Août 2012 20:12 |
Décidément, on ne sait plus ce qu’il faut faire des militaires de Kati, ou plutôt du capitaine Amadou Sanogo et de ses hommes. En rentrant petitement quoique bruyamment à coups de fusils dans l’histoire malienne, le 22 mars 2012, le capitaine Sanogo avait, comme au début de tout changement, suscité un peu d’espoir, même si ce putsch était loin d’être la solution aux problèmes des populations de ce pays.
Très vite la désillusion survint, car le volubile chef des putschistes n’a rien résolu, au contraire, il a, avec le recul, tiré le Mali 20 ans en arrière.
Aujourd’hui, le capitaine Sanogo est devenu l’un des nœuds gordiens de la transition malienne. On se demande qui, quand et comment on le tranchera.
Officiellement, c’est Dioncounda Traoré le président intérimaire qui tient le gouvernail du bateau, un navire qui a dans ses câles des cargaisons de problèmes. En attendant la mise en place des nouvelles instances de transition annoncées le 30 juillet dernier par l’ex-pensionnaire de l’Hôtel Montparnasse, tout demeure volatile.
Et dans les faits, c’est le maître du camp de Kati qui regente le Mali en crise.
Habituellement, on recense deux gros problèmes dans ce pays : le drame du Nord et les ambiguités de Bamako.
Or certaines actions de l’ex-junte viennent en rajouter à cette chienlit.
La dernière en date est cette nouvelle chasse aux bérets rouges. Depuis la tentative du coup d’Etat raté du 30 avril 2012, les bérets rouges, du camp parachutiste de Djikoroni, sont devenus des «hors-la-loi» aux yeux de leurs frères d’armes, les bérets verts, fidèles au capitaine Sanogo. Ce 1er août 2012, ces bérets verts sont encore partis à la cueillette de ceux jugés proches de l’ex-président ATT.
Car, en vérité si le casus-belli date justement du jour du coup d’Etat «sanoguiste» ou ATT a été sauvé par son aide de camp, le colonel Guindo, un béret rouge du casernement Djikoroni, situé à quelques encablures du palais de Koulouba, Sanogo et Cie en veulent à ces parachutistes pour être restés fidèles à l’homme de mars-91 et pour leur avoir refusé allégence.
En tout cas, censé ne plus avoir de statut officiel, depuis que les chefs d’Etat de la CEDEAO, l’ont dépouillé de celui d’ancien président, Sanogo n’en demeure pas moins le vrai patron de Bamako. En fait, le tout n’est pas de décréter qu’il a été dépouillé de ce privilège, mais il reste à véritablement mettre sous éteignoir toutes les actions du célèbre capitaine malien qui continue à plomber la marche de la transition. Il doit s’y résoudre de bonne ou mauvaise grâce et seule la CEDEAO a ce pouvoir.
Que se raréfient par exemples des scènes telles sa présence incongrue à l’aéroport lors du retour de Dioncounda Traoré, un Diouncounda tabassé par des inconnus dont on soupçonne peu ou prou la proximité avec le putschiste. Même les journalistes gouttent aux délices de cette situation de ni pain, nie mie.
Amnesty international a également Sanogo dans sa lorgnette, car on n’est sans trace d’une vingtaine de militaires, enlevés de leurs cellules, où ils étaient embastillés arbitrairement.
Un Etat est toujours adossé à une force légale, et il est temps que le pays soit gouverné, même si c’est par un intérimaire. Cela passe forcément par une clarification du cas Sanogo.
Le capitaine Sanogo n’est d’ailleurs pas sans rappeler le précédant Dadis Camara à ses débuts, retranché au camp Alpha Yaya loquace, sincère, volontariste et naïf se livrant à ses«Dadis show» et qui au fil des jours avait commencé à déraper. Comparaison n’est pas raison, le Mali n’est pas la Guinée, et Sanogo a accepté en principe de partir. Qu’il parte réellement ! Hélas manifestement, il semble constituer un bouchon pour le retour du Mali à la normalité.
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
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