Les hommes du Mujao : des trafiquants guidés par l’appât du gain ?
Le maire de Gao en convient : aujourd’hui, le problème ce n’est pas le Mujao mais tous ces jeunes recrutés et grassement payés par le mouvement islamiste. Ce sont eux qui terrorisent les populations civiles. Concrètement, cela passe par l’application de la charia. Les hommes du mouvement islamiste ont décidé d’appliquer la charia comme il l’avait promis. Un jeune homme accusé de vol a eu la main droite coupée à Ansongo, à 60 km de Gao.
Selon un journaliste local, en quelques semaines, des individus sans envergure, petits commerçants ou chômeurs sont devenus des hommes puissants qui font la loi sur la ville. C’est le cas du commissaire islamiste. C’est lui qui, au soir de dimanche 5 août, s’est rendu dans les locaux de radio Koïma pour arrêter le journaliste Abdul Malik. Ce dernier sera tabassé toute la nuit et laissé pour mort. Ses tortionnaires ? D’autres jeunes Maliens, arabes ou Songhaïs comme lui.
Pour un autre habitant, ces jeunes ne sont pas des islamistes mais des opportunistes qui vont là où l’argent se trouve. Et de l’argent il y en a beaucoup actuellement à Gao : l’argent des rançons après la libération des otages du Mujao, mais aussi l’argent de la cocaïne.
Pour ce bon connaisseur de la région, les hommes du Mujao sont avant tout des trafiquants : « La charia est une couverture », dit-il. Le Mujao cherche à réorganiser un trafic déjà existant qui a prospéré sous les années ATT. Travailler avec le Mujao, c’est donc la garantie de poursuivre le business, explique notre interlocuteur. Selon lui, sous couvert d’association de la société civile, de nombreux notables de la ville sont complices de ce système mafieux.
Pendant ce temps, des habitants courageux et déterminés ont décidé de réagir. Hier, contre l’indépendance, aujourd’hui contre la charia.
Des hommes du Mujao dans la région de Tombouctou.
RFI/Moussa Kaka
Amputation
Car c’est au nom de cette loi islamique qu’un voleur a eu la main coupée ce jeudi 9 août à Ansongo, à 60 km de Gao.
Malgré les manifestations récentes des jeunes de Gao, malgré la colère de la population qui s’élève contre la charia, malgré la visite de Djibril Bassolé, le médiateur de la Cédéao à Gao avant-hier, les « fous de Dieu », comme les appellent les habitants, ont en effet appliqué leur lugubre sentence à Ansongo.
Cette localité, située à 60 km au sud-est de Gao, est actuellement coupée du monde car les réseaux téléphoniques ne fonctionnent pas. Ce sont des habitants, des commerçants venus à Gao, qui ont transmis l’information.
La victime, un jeune homme d’une trentaine d’années est orginaire du village de Tin Hamma. Le Mujao l’accuse d’avoir volé du bétail. Un autre garçon, arrêté au même moment, est toujours détenu.
A Gao, la nouvelle de cette amputation à provoqué colère et consternation. Malgré leur colère, un des leaders du Mujao a affirmé : « Cette sentence est la loi de Dieu. Dans quelques jours, nous allons faire la même chose à Gao. Personne ne peut nous empêcher de faire ça. »
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