Ce qui n’était au départ qu’un projet de fin d’étude est en train de secouer la société belge, et même au-delà. Victime chaque jour de propos déplacés, d’insultes et d’avances sexuelles lorsqu’elle se déplace dans son quartier, Sofie Peeters, étudiante flamande en cinéma, a décidé d’en faire le sujet d’un documentaire en utilisant une caméra cachée. Un procédé qui permet de revivre le harcèlement « ordinaire » dont de nombreuses femmes sont les cibles au quotidien.
« Est-ce que c'est moi ? Quelque chose que j'ai fait ? »
Dans le reportage que la RTBF lui a consacré (et qui a en quelques jours atteint la barre des 600 000 vues sur YouTube), la jeune réalisatrice explique qu’elle se sentait au départ responsable de ces invectives, remettant en cause ses tenues, son comportement. « C'est la question que les filles se posent en premier : ' Est-ce que c'est moi ? Mes vêtements ? Quelque chose que j'ai fait ? ' » Mais après avoir rencontré d’autres femmes en proie elles aussi au machisme ordinaire, Sofie Peeters a compris qu’elle tenait là un sujet de société tabou. Notamment à cause des risques de récupération raciste d’un tel problème : Annessens, le quartier où a été tournée la vidéo, est principalement habité par la communauté maghrébine de Bruxelles.
Un film raciste ?
« C'était l'une de mes grandes craintes, comment traiter cette thématique sans tourner un film raciste ? », s’est interrogée la réalisatrice sur la chaîne de télévision flamande VRT. « Je ne le dis pas volontiers, mais il s'agit de personnes allochtones [d’origine étrangère] dans 95% des cas. […] Il y a une méconnaissance de nos cultures respectives. Les musulmans ont un comportement assez insistant par rapport à la sexualité : porter une jupe pour une femme, c'est déjà risqué ». Un raccourci dangereux pour Taoufik Amzile, responsable de l'association belge des professionnels musulmans : « Ce type de comportement dépend de beaucoup trop de facteurs pour simplement le réduire à une question d'origine. Je ne pense pas qu'il existe de déterminisme à ce niveau-là. »
A ces critiques, Sophie Peeters, qui a depuis quitté le quartier pour s’installer dans une ville « plus calme », répond par une analyse sociologique du problème : « Mon constat porte plus sur la condition sociale des individus que sur leur origine ethnique : s'il y a une forte proportion d'étrangers parmi les garçons qui me font des remarques, c'est parce qu'il y a aussi une forte proportion d'étrangers parmi les populations fragilisées. »
Des initiatives similaires dans les pays arabes et une loi en Belgique
Dans le Maghreb et au Moyen-Orient, des femmes prennent elles aussi position sur le sujet. La banalité du harcèlement sexuel en Egypte a été récemment décrite dans le film Les Femmes du bus 678, sorti en France fin mai 2012. Au Liban, le quotidien L’Orient, Le Jour rapporte l’initiative originale d’une militante féministe qui sillonne les rues avec un camion publicitaire dont le haut-parleur invective les hommes avec les mêmes phrases clichés généralement adressés aux femmes.
Suite aux débats provoqués par la projection du film Femme de la rue de Sofie Peeters dans un cinéma de la capitale, Philippe Close, échevin à la commune de Bruxelles, a annoncé la mise en place d’amendes administratives pour sanctionner ces comportements grâce à une loi qui entrera en vigueur au 1er septembre. Un geste symbolique, tant il sera difficile de verbaliser un tel délit, mais qui a pour vocation de « rappeler la norme et les règles du vivre ensemble », selon l’élu bruxellois.
Sur Twitter, le hashtag #harcelementderue est rapidement devenu un des plus populaires en début de journée, permettant à de nombreuses utilisatrices du réseau social d’apporter leurs témoignages.
« Est-ce que c'est moi ? Quelque chose que j'ai fait ? »
Dans le reportage que la RTBF lui a consacré (et qui a en quelques jours atteint la barre des 600 000 vues sur YouTube), la jeune réalisatrice explique qu’elle se sentait au départ responsable de ces invectives, remettant en cause ses tenues, son comportement. « C'est la question que les filles se posent en premier : ' Est-ce que c'est moi ? Mes vêtements ? Quelque chose que j'ai fait ? ' » Mais après avoir rencontré d’autres femmes en proie elles aussi au machisme ordinaire, Sofie Peeters a compris qu’elle tenait là un sujet de société tabou. Notamment à cause des risques de récupération raciste d’un tel problème : Annessens, le quartier où a été tournée la vidéo, est principalement habité par la communauté maghrébine de Bruxelles.
Un film raciste ?
« C'était l'une de mes grandes craintes, comment traiter cette thématique sans tourner un film raciste ? », s’est interrogée la réalisatrice sur la chaîne de télévision flamande VRT. « Je ne le dis pas volontiers, mais il s'agit de personnes allochtones [d’origine étrangère] dans 95% des cas. […] Il y a une méconnaissance de nos cultures respectives. Les musulmans ont un comportement assez insistant par rapport à la sexualité : porter une jupe pour une femme, c'est déjà risqué ». Un raccourci dangereux pour Taoufik Amzile, responsable de l'association belge des professionnels musulmans : « Ce type de comportement dépend de beaucoup trop de facteurs pour simplement le réduire à une question d'origine. Je ne pense pas qu'il existe de déterminisme à ce niveau-là. »
A ces critiques, Sophie Peeters, qui a depuis quitté le quartier pour s’installer dans une ville « plus calme », répond par une analyse sociologique du problème : « Mon constat porte plus sur la condition sociale des individus que sur leur origine ethnique : s'il y a une forte proportion d'étrangers parmi les garçons qui me font des remarques, c'est parce qu'il y a aussi une forte proportion d'étrangers parmi les populations fragilisées. »
Des initiatives similaires dans les pays arabes et une loi en Belgique
Dans le Maghreb et au Moyen-Orient, des femmes prennent elles aussi position sur le sujet. La banalité du harcèlement sexuel en Egypte a été récemment décrite dans le film Les Femmes du bus 678, sorti en France fin mai 2012. Au Liban, le quotidien L’Orient, Le Jour rapporte l’initiative originale d’une militante féministe qui sillonne les rues avec un camion publicitaire dont le haut-parleur invective les hommes avec les mêmes phrases clichés généralement adressés aux femmes.
Suite aux débats provoqués par la projection du film Femme de la rue de Sofie Peeters dans un cinéma de la capitale, Philippe Close, échevin à la commune de Bruxelles, a annoncé la mise en place d’amendes administratives pour sanctionner ces comportements grâce à une loi qui entrera en vigueur au 1er septembre. Un geste symbolique, tant il sera difficile de verbaliser un tel délit, mais qui a pour vocation de « rappeler la norme et les règles du vivre ensemble », selon l’élu bruxellois.
Sur Twitter, le hashtag #harcelementderue est rapidement devenu un des plus populaires en début de journée, permettant à de nombreuses utilisatrices du réseau social d’apporter leurs témoignages.
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